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Clonage: Bruxelles renonce à la traçabilité pour ne pas fâcher Washington

Clonage: Bruxelles renonce à la traçabilité pour ne pas fâcher Washington

La Commission européenne a proposé mercredi d'interdire le clonage animal à but alimentaire dans l'UE, mais a renoncé à bannir la vente de viande ou de lait des descendants des animaux clonés pour ne pas indisposer ses partenaires commerciaux, notamment américains.

"La Commission propose d'interdire la technique du clonage pour les animaux d'élevage et d'interdire l'importation d'animaux clonés vers l'UE", a annoncé le commissaire européen chargé de la Santé, Tonio Borg, au cours d'une conférence de presse.

"Mais nous ne faisons pas de proposition sur l'étiquetage" pour la viande fraiche de bovins descendants d'animaux clonés, a-t-il ajouté.

"Cela ne veut pas dire que nous n'en avons pas parlé pendant la réunion" de la Commission. "Nous avons discuté de toutes les possibilités, y compris de l'étiquetage de la viande fraiche de bovins descendants d'animaux clones, et jugé qu'il fallait procéder à une analyse approfondie", a dit M. Borg.

"Il appartient maintenant au Conseil (des Etats) et au Parlement européen de discuter et de lancer les débats", a conclu M. Borg.

"Le Parlement européen va nous sauter à la gorge", prévoyait-on déjà à la Commission, tandis que la France et l'Allemagne, partisans déclarés de la traçabilité des produits du clonage devraient aussi passer à la contre-offensive.

"Cette proposition est une insulte au Parlement européen et aux citoyens qu'il représente", s'est insurgée dans un communiqué l'eurodéputée écologiste française Sandrine Belier (Verts)

"L'empressement des négociateurs américains et européens de voir aboutir le nouvel accord transatlantique de libre-échange (TAFTA/TTIP) remet sur la table une proposition que le Parlement européen avait clairement rejetée. Les négociations commerciales ne doivent pas faire figure de cheval de Troie pour des mesures non-démocratiques et contraires aux valeurs de l'Union européenne", a-t-elle dénoncé.

"Nos assiettes ne doivent pas devenir des déchetteries! N'ouvrons pas la boîte de Pandore de la manipulation du vivant animal", a pour sa part averti l'eurodéputé vert français José Bové. Le groupe des Verts au Parlement européen est décidé à batailler au Parlement européen contre cette proposition.

Au sein de l'Union européenne, le clonage animal à but alimentaire ne se pratique qu'au Danemark.

La viande de clones ne se mange pas en raison du prix très élevé de ces spécimens. Mais leurs embryons et semences sont commercialisés et exportés, et leurs descendants sont élevés en particulier aux Etats-Unis, en Argentine, au Brésil et en Uruguay.

L'UE importe chaque année entre 300.000 et 500.000 tonnes de viande bovine des Etats-Unis et d'Argentine, pays qui ont autorisé le clonage à des fins commerciales, mais n'ont aucun système de traçabilité.

La Commission, le Parlement européen et les gouvernements avaient échoué une première fois en 2011 à s'entendre sur un encadrement, après trois ans de négociations infructueuses, les Etats jugeant exagérées les exigences de traçabilité des eurodéputés.

Le Parlement exigeait une traçabilité très poussée pour informer les consommateurs de toute trace de viande issue de bête clonée en remontant à plusieurs générations.

Cela aurait imposé aux Etats-Unis et à l'Argentine de mener des contrôles qu'ils ne veulent pas réaliser, et l'Union européenne aurait été obligée de bloquer les importations, au risque d'une nouvelle guerre commerciale similaire à celle provoquée jadis par l'interdiction du boeuf aux hormones américain.

L'UE négocie avec les Etats-Unis un accord de libre échange qui porte notamment sur les normes.

csg/aje/via

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