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Soudan du Sud: 73 morts dans les affrontements à Juba, craintes de violences ethniques

Soudan du Sud: 73 morts dans les affrontements à Juba, craintes de violences ethniques

Près de 10.000 habitants de Juba ont trouvé refuge auprès de l'ONU qui craint des violences ethniques dans la capitale sud-soudanaise où des combats, qui ont déjà fait 73 morts, se sont poursuivis mardi, au lendemain de l'annonce d'un coup d'Etat manqué.

Des tirs et des détonations, qui avaient repris dans la nuit de lundi à mardi malgré le couvre-feu, ont été entendus par intermittence jusqu'à environ 14H30 (11H30 GMT) mardi dans divers quartiers de la ville où la population se terrait, selon un journaliste de l'AFP.

Mardi soir, près de trois heures après le début du couvre-feu (18H00 locales, 15H00 GMT) on entendait encore des détonations sporadiques d'armes légères, semblant démentir les affirmations du ministre de l'Information à l'AFP, selon lesquelles les autorités avaient "le contrôle total" de la situation.

Selon le ministre Michael Makuei, "le nombre de tués (...) est désormais de 73, tous des soldats". Dans la matinée le secrétaire d'Etat à la Santé avait lui évoqué des décès de civils dans les combats, sans en préciser le nombre, précisant que 140 personnes étaient également hospitalisées.

Le gouvernement a annoncé mardi l'arrestation de dix personnalités politiques "en rapport avec le coup d'Etat déjoué" dimanche, que le président Salva Kiir a accusé son rival politique, l'ancien vice-président Riek Machar, limogé en juillet, d'avoir fomenté avec des soldats lui étant loyaux.

Sur les dix personnes arrêtées figurent huit anciens ministres du gouvernement limogé en juillet, dont plusieurs personnalités sud-soudanaises, mais pas M. Machar, qui selon le gouvernement est "en fuite" et recherché, ainsi que quatre autres importantes figures politiques sud-soudanaises.

Le sort exact de M. Machar, personnalité controversée pour s'être un temps allié à Khartoum durant la guerre civile, reste inconnu, ni lui ni ses proches n'étant joignables depuis dimanche soir.

M. Makuei a démenti que l'armée ait détruit ou bombardé la maison de l'ex-vice-président.

"La situation à Juba est désormais totalement sous contrôle et il n'y plus de raison d'avoir peur", a-t-il assuré à l'AFP, annonçant la prochaine réouverture de l'aéroport et appelant habitants et commerçants à reprendre dès mercredi une activité normale. La population est terré chez elle et les magasins fermés depuis dimanche soir.

Selon la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss), environ 10.000 civils terrorisés ont trouvé refuge dans ses deux bases de Juba. Et Washington a annoncé l'évacuation de ses diplomates non essentiels.

Certains observateurs redoutent désormais que les affrontements se muent en tueries entre les communautés Dinka du président Kiir et Nuer de M. Machar, qu'opposent des ressentiments remontant à la guerre civile. Des sources humanitaires ont fait état de violences de militaires ciblant d'ores et déjà la communauté Nuer à Juba.

"Il est crucial que la violence actuelle ne prenne pas des dimensions ethniques", a averti mardi la Minuss, exhortant "citoyens et dirigeants à se garder de tout acte incendiaire ou violence contre des communautés en particulier".

Des observateurs ont émis mardi des doutes sur la réalité de la tentative de coup d'Etat alléguée par le président Kiir, y voyant un possible prétexte pour se débarrasser de M. Machar, rival de longue date qui avait ouvertement fait part de son intention de se présenter contre le chef de l'Etat à la présidentielle de 2015.

En juillet, le président Kiir avait limogé M. Machar et l'ensemble du gouvernement, sur fond d'inimitié entre les deux hommes et de dissensions au sein du régime, issu de l'ex-rébellion sudiste. Celle-ci est au pouvoir depuis un accord de paix avec Khartoum en 2005, qui a mis fin à des décennies de guerre civile et débouché sur l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.

L'envoyé spécial des Etats-Unis au Soudan et au Soudan du Sud, Donald Booth, a déclaré mardi matin à la BBC que "la situation à Juba reste clairement tendue et incertaine".

"Nous continuons d'assembler les différents éléments et morceaux d'information, il est donc un peu prématuré de dire exactement ce qui a déclenché les violences", a-t-il ajouté, rappelant les "tensions croissantes" au sein du parti au pouvoir dont M. Kiir est président et M. Machar officiellement toujours vice-président.

Selon des sources concordantes, Riek Machar et ses partisans ont claqué la porte samedi d'une réunion de l'exécutif du parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), profondément divisé depuis plusieurs mois.

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