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Irak: à Mossoul les médias pris pour cible, déplorent l'inaction des autorités

Irak: à Mossoul les médias pris pour cible, déplorent l'inaction des autorités

La ville de Mossoul dans le nord de l'Irak est devenue un cauchemar pour les journalistes: depuis octobre cinq d'entre eux y ont été tués, les violences croissantes poussant certains à fuir la région, voire le pays.

Dernière victime en date, Nawras al-Nuaimi, une présentatrice de la chaîne locale Al-Mosuliyah qui était âgée de 19 ans, a été abattue par des hommes armés près de chez elle à Mossoul, chef lieu de la province de Ninive, un des endroits les plus dangereux en Irak.

En moins de trois mois six journalistes ont été tués dans le pays, dont cinq à Mossoul. Dans cette ville à majorité sunnite, des insurgés mènent régulièrement des attaques et sont accusés d'extorquer de l'argent aux commerçants.

Dans un communiqué publié au lendemain de sa mort, Reporters sans frontières (RSF) s'est dit "consternée(...) par l'attentisme des autorités locales et nationales face à la campagne sanglante dont sont victimes les acteurs de l'information en Irak".

"Il y a une rumeur à Mossoul qui dit que des groupes armés ont établi une liste de 40 journalistes qu'ils ont l'intention d'éliminer", assure Salim Fadhel, un jeune professionnel âgé de 30 ans.

Le pays fait l'objet de critiques récurrentes sur ses lacunes en matière de liberté de la presse et sur l'impunité dont bénéficient les assassins de journalistes.

"J'ai dû changer d'adresse et rester cloîtré chez moi après les attaques qui ont coûté la vie à plusieurs de mes collègues", ajoute M. Fadhel.

"Mes collègues ont quitté Mossoul pour se réfugier dans le Kurdistan avec leurs familles ou même en dehors de l'Irak", rapporte ce journaliste, en référence à la région autonome du Kurdistan irakien, relativement épargnée par les attentats.

Le pays est en proie à une recrudescence des violences et plus de 6.500 personnes ont déjà été tuées depuis le début de l'année, selon un bilan compilé par l'AFP à partir de sources de sécurité et de santé.

Le 24 octobre, un caméraman d'Al-Mosuliyah, Bashar Abdulqader Najm, avait été abattu par des hommes devant sa maison à Mossoul.

Deux confrères de la chaîne de télévision Sharqiya, Mohammed Karim al-Badrani et Mohammed Ghanem, y avaient été assassinés le 5 octobre.

Leurs reportages sur les forces de l'ordre et des responsables de Mossoul leur avaient valu des menaces de morts de la part de groupes opposés au gouvernement, selon un journaliste de Sharqiya qui a requis l'anonymat.

Le mois suivant, Alaa Edwar, un journaliste chrétien employé par la chaîne Ninive Al Ghad était à son tour assassiné à Mossoul.

Un autre journaliste, Kawa Ahmed Germyani a été abattu devant sa mère à son domicile de la ville de Kalar, au Kurdistan.

"Le lot quotidien de nombreux journalistes irakiens est constitué de menaces, de tentatives de meurtre, d'agressions, de difficultés pour obtenir des autorisations, d'interdictions d'accès, de confiscations du matériel, etc.", avait dénoncé RSF plus tôt dans l'année.

Ban al-Obaidi, représentante à Mossoul d'un groupe de défense des droits des médias irakiens, explique qu'elle doit se contenter de condamner les attaques, déplorant que "les services gouvernementaux ne s'intéressent que très peu" à ces problèmes.

"Cinquante journalistes ou employés des médias ont été tués dans la province de Ninive depuis 2003", affirme-t-elle, ajoutant qu'aucun des auteurs n'a été identifié.

"Nous sommes stupéfaits par la faiblesse des forces de sécurité et des autorités locales (...) face aux attaques de journalistes qui se produisent sans qu'ils ne bougent le petit doigt pour les protéger", s'insurge Salim Fadhel.

Les autorités devraient "au moins arrêter certains des auteurs pour savoir qui est derrière eux", ajoute-t-il.

Adhawi al-Souaib, membre du comité en charge des médias au sein du conseil provincial, admet qu'il n'est pas en mesure d'assurer la protection des journalistes.

"Nous reconnaissons notre incapacité à faire le nécessaire pour assurer la protection des journalistes à Mossoul", explique-t-il à l'AFP.

"Nous ne sommes même pas capables de nous protéger nous-mêmes."

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