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Soudan du Sud: le président Kiir dit avoir déjoué un coup d'Etat de son rival

Soudan du Sud: le président Kiir dit avoir déjoué un coup d'Etat de son rival

Le président du Soudan du Sud Salva Kiir a annoncé lundi avoir déjoué une tentative de coup d'Etat après d'intenses combats à Juba, et a attribué ce coup de force à l'ancien vice-président Riek Machar, limogé en juillet.

Il n'y a pas eu de bilan officiel des combats, mais Radio-Miraya, pilotée par l'ONU au Soudan du Sud, a fait état d'au moins sept morts et plus de 100 blessés.

"Il y a une tentative coup d'Etat, mais ils (les auteurs) ont échoué et nous avons le contrôle" de la situation, a déclaré le président Kiir, qui avait troqué ses habituels costume et chapeau de cow-boy pour une tenue militaire couleur camouflage.

"Les assaillants ont fui et nous sommes à leur poursuite", a-t-il ajouté, mettant en cause "un groupe de soldats fidèles à l'ancien vice-président Riek Machar", son rival qu'il avait limogé en juillet. "Nous avons procédé à des arrestations" et le gouvernement "fera en sorte que les coupables répondent de leurs crimes", a poursuivi M. Kiir.

Le sort de M. Machar, personnalité controversée au Soudan du Sud pour ses renversements d'alliance durant la guerre civile entre la rébellion sudiste --désormais au pouvoir à Juba-- et Khartoum (1983-2005), était inconnu.

Plusieurs personnalités, dont quatre ministres congédiés en juillet avec l'ensemble du gouvernement, ont été arrêtés, a rapporté la station indépendante Radio-Tamazuj.

Un couvre-feu entre 18H00 et 06H00 (15H00 et 03h00 GMT) a été instauré "jusqu'à nouvel ordre" dans la capitale, théâtre de combats durant la nuit et la matinée autour de bâtiments militaires. Les réseaux de téléphonie mobile semblaient coupés lundi soir.

Les forces de sécurité ont quadrillé la ville, où les tirs ont cessé depuis 06H00 GMT.

"Les tirs ont commencé vers 22H00-22H30 (...) et ont duré jusqu'à environ 02H00 du matin. Il y a ensuite eu une accalmie et ils ont repris vers 06H00 dans un autre quartier militaire", a expliqué un diplomate, précisant que les combats avaient été circonscrits à deux endroits de la ville. Il y a eu usage de mitrailleuses lourdes et de mortiers, selon une source dans les services de sécurité.

Selon un porte-parole de la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss), Joseph Contreras, "plus de 800 civils, surtout des femmes et des enfants" se sont réfugiés dans un complexe de l'ONU adjacent à l'aéroport, lui-même fermé jusqu'à nouvel ordre. Mais la Minuss a démenti "héberger toute personnalité politique ou militaire".

Selon le président Kiir, les combats ont commencé dimanche soir avec "l'attaque du QG de la SPLA" --l'ex-rébellion sud-soudanaise devenue armée nationale à l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011-- "par un groupe de soldats alliés à l'ancien vice-président Riek Machar et son camp".

"Ce prophète de malheur persiste à poursuivre ses actions du passé", a ajouté M. Kiir à propos de M. Machar.

"Mon gouvernement ne permettra pas que se répètent les évènements de 1991", a-t-il martelé, en référence à la scission provoquée à l'époque au sein de la rébellion sudiste par la défection de Riek Machar. Celui-ci avait créé un mouvement rival et s'était un temps allié à Khartoum, avant de réintégrer ses troupes dans la SPLA au début des années 2000.

Le jeune et pauvre Soudan du Sud est en proie à de graves tensions politiques depuis que M. Machar --qui avait annoncé son intention de se présenter contre Salva Kiir à la présidentielle de 2015-- a été limogé en juillet avec le gouvernement.

Cela laissait craindre un retour des clivages de la guerre civile, entre les partisans de M. Kiir, pour beaucoup issus de l'ethnie Dinka, et la communauté des Nuer de M. Machar.

Début décembre, l'ex-vice-président avait étalé les dissensions au sein du régime en dénonçant, avec d'autres figures politiques, les "tendances dictatoriales" de M. Kiir à la tête du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), l'ex-branche politique de la rébellion sudiste, désormais parti au pouvoir.

Celles-ci "sont susceptibles de créer de l'instabilité au sein du parti et dans le pays", avait averti M. Machar, vice-président du SPLM.

Au Soudan frontalier, le président Omar el-Béchir a appelé son homologue sud-soudanais et les vice-présidents des deux pays se sont également parlés: les dirigeants de Khartoum ont été "rassurés" par ceux de Juba, selon les médias officiels soudanais.

Quant aux Etats-Unis, plus forts soutiens à l'indépendance de Juba, ils ont appelé "toutes les parties à régler leurs différends par des moyens démocratiques et pacifiques, pas par le recours à la violence".

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