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Merkel/Gabriel, duel en vue pour orienter le gouvernement de coalition

Merkel/Gabriel, duel en vue pour orienter le gouvernement de coalition

Le nouveau gouvernement allemand de "grande coalition" laisse présager une rude bataille entre la chancelière Angela Merkel et son rival social-démocrate Sigmar Gabriel, adversaires d'hier qui pourraient se retrouver face-à-face aux prochaines législatives.

A la veille de l'élection de Mme Merkel pour un troisième mandat de quatre ans, et de la prestation de serment des ministres, dont M. Gabriel, une caricature du quotidien berlinois Tagesspiegel résumait lundi la situation : les mariés Angela et Sigmar, respectivement en robe blanche et en frac, promettent de s'aimer et de s'honorer "dans les bons comme dans les mauvais jours (...) jusqu'à ce que la mort nous sépare". Il porte un pistolet à la ceinture, elle est armée d'un poignard. "La coalition cherche son maître", écrivait le journal de centre gauche.

Au lendemain des législatives, forte des 41,5% des voix obtenues par les conservateurs, Mme Merkel était la grande gagnante d'un scrutin qui lui ouvrait grand les portes d'un troisième mandat à la tête de l'Allemagne.

Aujourd'hui, après l'annonce de la composition du gouvernement, à l'issue de longues négociations (84 jours - un record) avec le Parti social-démocrate (SPD), c'est son chef, Sigmar Gabriel, qui est encensé. La défaite du 22 septembre (25,7% des voix, 2e plus mauvais score de son histoire) semble oubliée et la presse loue les qualités de tacticien et l'intelligence de ce leader qui, ces dernières semaines, a éclipsé la toute-puissante chancelière.

Mme Merkel et M. Gabriel se sont retrouvés lundi, tout sourire. Ils ont trinqué à l'avenir de l'Allemagne en se remerciant mutuellement pour la qualité des négociations ayant abouti au contrat de coalition qu'ils ont officiellement paraphé à la mi-journée dans l'un des bâtiments du Parlement allemand.

Mais si le chef du SPD a aujourd'hui le vent en poupe, "Merkel ne serait pas Merkel si elle n'abordait pas ce troisième mandat (...) avec quelques armes", expliquait le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).

"Pour elle, le vrai match, celui qu'elle joue avec plaisir et dans lequel elle excelle, commence. Elle l'aborde avec la décontraction d'une veuve noire qui sait comment les choses se terminent, même si le fiancé se montre remuant", poursuit le journal.

Si l'accord de coalition porte la marque sociale-démocrate, avec par exemple l'introduction d'un salaire minimum, la double nationalité accordée aux enfants d'étrangers nés sur le sol allemand, ou encore un départ anticipé à la retraite pour les salariés ayant cotisé 45 annuités, les modalités de sa mise en oeuvre restent la grande inconnue, soumise aux rapports de forces au sein du gouvernement.

Mme Merkel s'est battue pour conserver son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, vétéran de poids de la vie politique allemande qui gère depuis des années, main dans la main avec Mme Merkel, la politique européenne de son pays.

La chancelière a également créé la surprise en nommant une femme, Ursula von der Leyen, ex-ministre de l'Emploi et des Affaires sociales, au ministère de la Défense, une première en Allemagne. Ce choix était analysé comme une manoeuvre politique réussie de Mme Merkel, un coup de pouce à la carrière de Mme von der Leyen qui pourrait vouloir affronter M. Gabriel en 2017.

Pour ce dernier, aujourd'hui salué de toutes parts, le parcours risque d'être ardu. Vice-chancelier, un poste honorifique, mais surtout ministre de l'Economie et de l'Energie, M. Gabriel est chargé du délicat dossier de la transition énergétique, l'un des plus gros chantiers de l'Allemagne pour les années à venir.

"Il a visiblement le goût du risque", analysait pour l'AFP Ulrich von Alemann, politologue de l'Université Heinrich-Heine de Düsseldorf.

Ce dernier se montrait cependant optimiste pour cette "grande coalition". "Bien sûr, il y aura des conflits au cours de la législature", mais les deux personnalités "se connaissent depuis des années et ont formé un cabinet intéressant", un gage de succès pour ce gouvernement, selon lui.

elr/fjb/bds

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