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La Turquie et l'UE signent un accord sur l'immigration clandestine

La Turquie et l'UE signent un accord sur l'immigration clandestine

Le lent réchauffement entre la Turquie et l'Union européenne a connu une nouvelle étape lundi avec la signature par Ankara d'un accord sur l'immigration clandestine qui doit permettre, à l'horizon 2017, la libre circulation des Turcs sur le territoire européen.

Deux mois après avoir relancé ses discussions d'adhésion avec Bruxelles, engluées depuis trois ans, Ankara s'est engagé à accepter le retour sur son territoire des migrants clandestins partis de Turquie expulsés par les Européens.

En échange, l'UE a accepté de garantir dans un délai de trois ans et demi la libre entrée des ressortissants turcs dans ses Etats membres.

"La porte de l'Europe sans visa va désormais être ouverte", s'est félicité le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan lors de la signature, assurant que "la Turquie remplira sans faille tous les engagements qui lui incombent à propos de l'accord de réadmission".

Le gouvernement islamo-conservateur turc avait paraphé cet accord de réadmission dès 2012 mais il avait suspendu sa signature formelle à un engagement de l'UE à étendre la libre circulation sur son territoire aux citoyens turcs.

Cette signature était attendue avec impatience à Bruxelles. La Turquie est l'un des principaux couloirs empruntés par les migrants clandestins originaires d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie qui souhaitent se rendre en Europe.

Elle accueille en outre plus de 600.000 réfugiés syriens qui ont fuit la guerre civile dans leur pays, en cours depuis le printemps 2011.

De son côté, le gouvernement turc était lui aussi pressé de conclure cet accord. Associée à l'Europe depuis 1963, membre de l'union douanière depuis 1995, candidate à l'UE depuis 1999, la Turquie considère comme un droit légitime la libre circulation de ses citoyens.

Pour rassurer les Européens, M. Erdogan a jugé lundi sans fondement la "crainte" de voir des cohortes de Turcs se presser aux portes de l'Union. "Grâce aux réformes que nous avons accomplies, la Turquie n'est plus un pays que l'on quitte mais un pays que l'on rejoint", a-t-il assuré.

Selon une source turque, cet accord devrait surtout profiter aux investisseurs et aux hommes d'affaires turcs.

Le chef du gouvernement a également plaidé lundi pour un raccourcissement du délai fixé pour la levée des visas, fixé à 2017, qu'il a estimé "beaucoup trop long".

Avant lui, le ministre turc des Affaires européennes Egemen Bagis a insisté la semaine dernière sur la nécessité d'un "délai raisonnable", précisant que son pays conservait le droit de renoncer à l'accord de réadmission.

Signé par le ministre turc de l'Intérieur Muammer Güler et la commissaire européenne aux Affaires intérieures Cecilia Malmström, cet accord doit encore être validé par les parlements turc et européen, ainsi que par les Etats membres de l'Union.

Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu l'a dès lundi jugé "historique". Et Mme Malmström a salué "une nouvelle étape de la coopération" euro-turque.

Après des années de blocages et de tensions, ce pas en avant vient confirmer l'amélioration des relations entre Ankara et Bruxelles, malgré les remontrances adressées par les Européens à M. Erdogan lors de la répression de la fronde antigouvernementale qui a agité son pays en juin.

Jusque-là très réservés sur l'entrée d'un pays à très forte majorité musulmane dans l'UE, Paris et Berlin ont finalement levé cette année leur veto à l'ouverture d'un nouveau chapitre de discussion, formellement engagé en octobre.

Signe de ce réchauffement, M. Erdogan a annoncé lundi rencontrerait le 21 janvier les responsables européens à Bruxelles et qu'il recevrait une semaine plus tard, les 27 et 28, le président français François Hollande.

Les relations entre Paris et Ankara ont connu de nombreuses difficultés ces dernières années, aussi bien en raison de l'opposition de l'ex-président français Nicolas Sarkozy à l'entrée de la Turquie dans l'UE et au vote, annulé depuis, par le Parlement français d'une loi condamnant la négation du génocide arménien.

"Ces visites donneront un nouvel élan, un nouvel enthousiasme aux rapports entre la Turquie et l'UE", a estimé le Premier ministre turc.

BA/pa/ros

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