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La BCE perd un élément clé de sa communication avec le départ d'Asmussen

La BCE perd un élément clé de sa communication avec le départ d'Asmussen

La décision de Jörg Asmussen de quitter le directoire de la Banque centrale européenne (BCE) pour rejoindre le gouvernement allemand prive le patron de l'institution monétaire, Mario Draghi, d'un allié précieux pour défendre sa politique en Allemagne.

"Ce départ surprise (...) constitue une perte stratégique pour la BCE", estime Christian Schulz, de la banque Berenberg.

L'économiste rappelle que c'est en effet M. Asmussen qui a plaidé en juin en faveur d'une des mesures phares adoptées par la BCE -le programme OMT de rachat de dette publique- devant la Cour constitutionnelle de son pays, face aux attaques d'eurosceptiques et de la banque centrale allemande, la Bundesbank (Buba), héraut de l'orthodoxie monétaire

A l'inverse de la Buba, qui estime que la BCE outrepasse avec ce programme l'interdiction qui lui est faite de financer directement les Etats, pour M. Asmussen, "en vrai homme politique, très pragmatique, la doctrine ne compte plus" face à une crise qui menace l'existence même de la zone euro, souligne Sylvain Broyer, de Natixis.

Avant d'entrer à la BCE il y a deux ans, M. Asmussen avait occupé le poste de secrétaire d'Etat allemand aux Finances. Il va désormais rejoindre le ministère du Travail, en tant que secrétaire d'Etat de nouveau.

"Mario Draghi aurait sans aucun doute préféré qu'il reste", estime Chris Weston, stratégiste d'IG, tandis que Frédérik Ducrozet, économiste de CA-CIB, juge que "si l'on ne peut pas le qualifier de colombe, son remplacement va sans doute entraîner un certain rééquilibrage au sein du conseil des gouverneurs de la BCE", vers moins de souplesse en matière de politique monétaire.

Interrogé à Bruxelles sur ce départ, M. Draghi l'a qualifié de "perte énorme pour le directoire et moi personnellement", au cours de son audition trimestrielle devant la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen lundi après-midi. Avant de rejeter l'argument selon lequel la BCE perdra de son audience auprès des Allemands en rappelant que "la politique monétaire de la BCE s'adresse à la zone euro dans son ensemble". Et qu'il ne s'agit donc pas d'un tête-à-tête avec la première économie de la région.

"La seule chose que je puisse dire à présent, c'est que son successeur doit être nommé aussi vite que possible (...) Ce n'est pas une période où nous pouvons nous permettre de fonctionner avec un membre en moins dans notre directoire", a-t-il ajouté.

Son successeur sera sans nul doute allemand car si aucune règle ne dit que l'Allemagne a un droit intangible à un poste au sein du directoire de la BCE, personne ne voit Berlin y renoncer. Et a priori ce sera plutôt une femme.

Trois noms circulent, dont celui de Sabine Lautenschläger, vice-présidente de la Buba, qui semble avoir les faveurs du ministre des Finances, Wolfgang Schäuble. Il a estimé que lui confier la succession de M. Asmussen serait "certainement une bonne idée", lundi matin sur la radio Deutschlandfunk.

D'autant qu'elle a "une très grande expérience" dans le domaine de la supervision bancaire, a-t-il souligné. Ce qui tombe bien : la BCE va prendre en charge à partir de novembre 2014 le rôle de superviseur de quelque 130 banques de la zone euro.

Une fois que le gouvernement allemand aura proposé un nom, la question sera tranchée par le Conseil européen, après consultation du Parlement européen.

Le processus pourrait prendre plusieurs mois, laissant vacant un poste important pour la BCE puisque M. Asmussen est chargé de ses relations internationales. C'est lui qui la représente entre autres aux réunions européennes ou au sein de la Troïka des créanciers des pays sous assistance financière.

C'est le troisième départ avant terme d'un Allemand de la BCE depuis 2011. Mais point positif, selon un banquier, M. Asmussen n'est pas parti en claquant la porte comme l'ancien chef économiste, Jürgen Stark, et l'ex-patron de la Buba, Axel Weber. Il a invoqué des raisons personnelles -sa femme et ses deux jeunes enfants vivent à Berlin, loin de Francfort.

Membre du Parti social-démocrate allemand, ses ambitions politiques étaient également connues. Certains le voyaient toutefois, étant donné son parcours, plutôt convoiter un poste de ministre que de secrétaire d'Etat.

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