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France : trafic de viande de cheval impropre à la consommation

France : trafic de viande de cheval impropre à la consommation

Un trafic présumé de viande de cheval impropre à la consommation, mais pas nécessairement dangereuse pour la santé, a été révélé lundi dans le sud de la France à l'issue d'une enquête touchant également l'Espagne.

Vingt-et-une personnes ont été interpellées en France.

L'enquête porte sur la commercialisation depuis mai 2011 de viande de chevaux qui auraient auparavant servi à la recherche d'entreprises pharmaceutiques ou de laboratoires, ou étaient utilisés dans des centres équestres.

Quelque 200 chevaux, dont 60 ayant été auparavant utilisés par le géant pharmaceutique Sanofi, ont été vendus à bas prix pour la consommation après falsification ou escamotage de leurs documents vétérinaires.

Le procureur de la République à Marseille Brice Robin, chargé de l'enquête, a déclaré n'avoir "absolument pas la preuve à travers des analyses toxicologiques que ces animaux étaient nuisibles à la santé humaine".

"Ce n'est pas parce qu'ils sont impropres à la consommation qu'ils sont nuisibles à la santé de l'homme", a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse. Il s'agit d'"une fraude aux normes sanitaires, pas d'une fraude sanitaire".

Le réseau, basé à Narbonne, et dont le chef est âgé de 59 ans, "a fait disparaître la traçabilité de ces animaux, en fournissant par exemple de vieux carnets d'identification, pour rendre aptes à la consommation des chevaux qui avaient été déclarés impropres".

Parmi les personnes interpellées, figurent "des rabatteurs, 13 maquignons placés en garde à vue dans 11 départements du Sud-Est de la France", et "un faussaire, un informaticien domicilé dans les Alpes-de-Haute-Provence qui a réalisé de faux carnets de santé".

Quatre vétérinaires, soupçonnés d'avoir "réalisé et permis le défaut de traçabilité en allant jusqu'à établir des certificats de complaisance sans même parfois avoir vu l'animal", ont également été interpellés. Dans leur cas, "on peut se poser la question d'une éventuelle corruption", a indiqué le procureur.

Le trafic s'étendrait à plusieurs pays européens, en particulier l'Espagne où l'abattoir de Gérone a été perquisitionné. "50% étaient destinés à la consommation en France et 50% à l'exportation", a précisé M. Robin.

Sanofi Pasteur va se porter partie civile car "il s'estime victime et je partage leur analyse", a indiqué le procurueur.

Le laboratoire a indiqué lundi avoir collaboré à l'enquête. Il a précisé avoir revendu "autour de 200 chevaux" depuis trois ans, en général à des écoles vétérinaires, des particuliers et des professionnels.

Ces équidés, "identifiés avec des puces électroniques, pour la traçabilité", ne présentent pas de danger pour la consommation humaine, a assuré un porte-parole de Sanofi Pasteur. Il est précisé dans leur certificat de vente "que ces animaux ne doivent pas intégrer la filière alimentaire, non pas parce qu'il y a un danger mais par mesure de précaution", a-t-il dit.

Ces chevaux n'étaient pas utilisés par Sanofi Pasteur pour des tests de laboratoire mais pour fabriquer des médicaments, des "sérums équins purifiés" servant ensuite d'anticorps antirabiques (rage), antitétaniques (tétanos) et antivenimeux.

La filière de la viande de cheval a déjà été durement touchée par la révélation, début 2013, selon laquelle une entreprise du sud de la France, Spanghero, vendait de la viande de cheval en la faisant passer pour du boeuf. La viande avait ensuite servi à la préparation de millions de plats cuisinés pour des grandes marques ou la grande distribution.

Le scandale européen, parti en février de Grande-Bretagne et d'Irlande, avait mis en lumière certains agissements de l'industrie agroalimentaire et signalé l'opacité de ses circuits d'approvisionnement.

L'ancienne actrice Brigitte Bardot, qui lutte pour la défense des animaux, a demandé lundi un changement du statut juridique des équidés pour leur éviter l'abattoir en les classant parmi les animaux de compagnie.

Dans une déclaration transmise à l'AFP, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a rappelé le renforcement récent des contrôles relatifs à l'identification des animaux et réaffirmé sa pleine mobilisation en faveur d'un fichier d'identification centralisé au niveau européen.

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