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"Suzanne" ou l'histoire d'une "fille ordinaire au destin extraordinaire"

"Suzanne" ou l'histoire d'une "fille ordinaire au destin extraordinaire"

"Suzanne" est un film sombre et romanesque sur la vie d'une "fille ordinaire au destin extraordinaire", raconte à l'AFP la réalisatrice française Katell Quillévéré, qui a choisi l'émouvante Sara Forestier pour incarner le rôle titre.

"Suzanne" retrace sur de nombreuses années la vie d'une jeune fille qui entretient depuis l'enfance une relation fusionnelle avec sa soeur Maria (Adèle Haenel).

Leur mère est décédée jeune. Le père (François Damiens) est routier donc souvent absent. Il fait comme il peut, entre tendresse et maladresse.

Un beau jour, la trop jeune Suzanne tombe enceinte et veut garder l'enfant qui n'a pas de père. Les relations se tendent mais les années passent tant bien que mal. Tout bascule quand elle rencontre Julien, beau gosse mais petit malfrat. Elle abandonne alors tout par amour, y compris parfois son fils, pour des années d'errance et même la prison.

"Ce qui a déclenché l'idée du projet a été la lecture d'autobiographies de femmes de bandits qui avaient sombré dans la délinquance par amour", explique Katell Quillévéré, qui signe là son deuxième long métrage après "Poison violent".

"Il y un vrai paradoxe chez ces femmes. D'un côté elles font preuve d'un courage extraordinaire, en introduisant des explosifs dans une prison, en prenant un hélicoptère pour faire évader leur homme et en même temps elles font preuve de soumission à cet amour de manière assez suicidaire", poursuit-elle.

Dans leurs livres, "ces femmes consacraient toujours un chapitre à leur enfance et à leur adolescence comme si elles cherchaient à comprendre ce qui les avait destinées à cette rencontre amoureuse". Mais le "le mystère restait très puissant", dit-elle encore.

La cinéaste a voulu "que les événements qui apparaissaient dans l'enfance des personnages soient seulement des pistes de sens (..) pour échapper à la notion de causalité et mettre en avant le hasard".

"Pourquoi cette fille ordinaire a ce destin extraordinaire? Le film cherche la réponse mais n'y répond pas vraiment", poursuit Katell Quillévéré, dont le long métrage, qui a fait l'ouverture de la 32e Semaine de la critique à Cannes où il a été chaleureusement accueilli, sort en France la semaine prochaine avant une sortie en janvier en Belgique et en mars aux Pays-Bas.

"Suzanne" est aussi un film sur la résilience et la transmission. "Comment malgré le chaos, les événements difficiles, on arrive à transmettre des choses à ses enfants. C'est pour cela que le dernier visage à l'écran est celui du fils et pas celui de Suzanne", déclare-t-elle.

"La pulsion de vie est plus forte que tout. C'est comme si cette fille avait eu à vivre de manière irrépressible cette histoire tout en réussissant à construire autre chose, avoir finalement la sensation d'une famille créée. Et c'est aussi comment on devient mère quand on n'en a pas eue!", souligne Katell Quillévéré.

La cinéaste a choisi lors d'essais Sara Forestier qui l'avait marquée dans "L'Esquive" et "Le nom des gens". "Quand je l'ai vue jouer une scène, c'était Suzanne".

"Le film était sombre donc il fallait apporter du contraste avec intensité, de l'énergie et la lumière qu'elle a en elle", dit-elle encore.

Sara Forestier s'est dite "très sensible au souffle romanesque du scénario". "J'aime les films qui sont plus que la vie, que les histoires qu'on nous raconte aient quelque chose de plus que la vie, que cela nous donne envie d'être vivant", déclare-t-elle à l'AFP.

"+Suzanne+ raconte l'histoire d'une grande amoureuse qui découvre ses propres limites, qui va plus loin que ce qu'elle aurait pu imaginer", poursuit Sara Forestier, quitte "à faire des choix destructeurs ou déboussoler l'équilibre familial".

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