Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Mandela rendu à la terre de ses ancêtres

Mandela rendu à la terre de ses ancêtres

EN DIRECT - Nelson Mandela a été inhumé dimanche dans le caveau de sa famille à Qunu, à l'issue de funérailles d'État qui ont donné aux Sud-Africains l'occasion de rendre un dernier hommage au héros de la lutte anti-apartheid et au père de la « Nation arc-en-ciel » après dix jours de deuil.

Le cercueil contenant la dépouille mortelle du premier président noir de l'Afrique du Sud, mort le 5 décembre à l'âge de 95 ans, a été porté en terre vers 12h40 (11h40 GMT) en présence de sa famille et de quelques centaines d'invités, après d'ultimes honneurs militaires.

Le cimetière situé dans les collines de la province du Cap oriental, dans le sud du pays, a été survolé par trois hélicoptères tractant des drapeaux sud-africains au bout d'un câble, comme cela avait été le cas le jour de son investiture à la présidence, en mai 1994.

« Votre vie a été une longue marche vers la liberté et vous avez maintenant trouvé la liberté suprême sur la terre de vos ancêtres », a dit l'aumônier militaire, alors qu'était retiré le drapeau sud-africain recouvrant le cercueil.

Vingt-et-un coups de canon ont retenti et cinq avions de chasse sont passés en formation, avant que les caméras ne s'éteignent, conformément au souhait de la famille de « Madiba », qui repose désormais auprès de ses parents et de trois de ses six enfants.

Pour suivre nos envoyées spéciales en Afrique du Sud, cliquez ici.

Quelque 4500 personnalités avaient auparavant participé aux funérailles d'État, qui ont associé honneurs militaires et rites traditionnels de l'ethnie Xhosa à laquelle appartenait Nelson Mandela. La cérémonie officielle, qui a duré trois heures, a débuté à 7h00 par un chant religieux xhosa, « Lizalis indiga lakho » (Réalise ta promesse), suivi de l'hymne national sud-africain « Nkosi Sikelel'iAfrika » (Dieu bénisse l'Afrique).

« L'homme qui repose ici est le plus grand des fils de l'Afrique du Sud », a déclaré Cyril Ramaphosa, le numéro deux du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, à l'ouverture de la cérémonie sous une grande tente dressée dans la propriété du prix Nobel de la paix.

Le cercueil de Nelson Mandela avait auparavant été transporté sur un châssis de canon et salué par 21 coups de canon tirés depuis la colline voisine. Il avait ensuite été porté par huit militaires, noirs et blancs, jusqu'à un tapis de peaux de vaches Nguni, où il a reposé le temps des derniers discours officiels.

Le président sud-africain Jacob Zuma figurait au premier rang de la cérémonie, encadré par Graca Machel, la veuve du premier président noir de l'Afrique du Sud et par son ancienne

épouse Winnie Madikizela-Mandela.

Desmond Tutu relegué aux seconds rôles

Parmi les invités de marque figuraient le prince Charles, le révérend américain Jesse Jackson ou encore Mgr Desmond Tutu, dont la présence n'avait été confirmée que tard samedi soir après une journée de polémique. Sa présence avait fait l'objet de plusieurs heures de confusion, samedi. Le Nobel de la paix de 1984 avait d'abord annoncé, par communiqué, qu'il n'assisterait pas à la cérémonie, faute d'avoir été formellement invité.

Le porte-parole de Desmond Tutu a rectifié le tir un peu plus tard, a annonçant la présence du prélat aux funérailles de Mandela. L'archevêque anglican a été relégué aux seconds rôles, mardi, lors de l'hommage international rendu à Mandela, en présence d'une centaine de dignitaires internationaux.

La France était représentée elle par les anciens Premier ministres Lionel Jospin et Alain Juppé. Le Québec y était représenté par son ministre de la Culture, Maka Kotto. L'hommage le plus émouvant a été rendu par Ahmed Kathrada, l'ancien compagnon de cellule de Madiba dans le bagne de l'île de Robben Island, au large du Cap, qui a dit vouloir garder la mémoire de l'homme « plein d'énergie » qui a « sacrifié toute sa vie pour l'ANC ».

« Ta vie est un exemple aux yeux des générations actuelles et futures », a-t-il dit en s'adressant à Nelson Mandela, qu'il a qualifié d'« exemple d'amour, de simplicité, d'honnêteté, de courage et de patience ».

Sa petite-fille, Nandi, a par la suite insisté sur l'humour dont faisait preuve à toute occasion son grand-père. « Tes rires vont nous manquer », a-t-elle dit. En clôture de la cérémonie, le président Zuma, soucieux de faire oublier les huées qui avaient accompagné sa prise de parole au Soccer City Stadium de Johannesburg, mardi, a entamé son éloge funèbre par un chant de ralliement de l'ANC à l'époque de la lutte anti-apartheid, repris en choeur par l'assistance.

Lui-même Zoulou, l'ethnie rivale des Xhosas, le chef de l'État qui devrait briguer un nouveau mandat au printemps prochain malgré les scandales de corruption, a promis de « suivre les enseignements » de celui qu'il a appelé « Tata » (père), le surnom affectueux donné par les Xhosas à Nelson Mandela, en oeuvrant à construire une « Afrique du Sud pour tous ».

Certains habitants de Qunu déçus

Replacé sur le châssis de canon, le cercueil a ensuite été accompagné par une escorte militaire jusqu'au cimetière de Qunu, la petite ville où Nelson Mandela a raconté dans ses mémoires avoir vécu « les années les plus heureuses de son enfance ».

Les habitants de Qunu avaient réservé samedi un accueil triomphal à sa dépouille mortelle, exposée les trois jours précédents à l'Union Buildings, le siège du gouvernement à Pretoria, où plus de 100.000 personnes lui ont rendu hommage.

Certains ont cependant exprimé leur déception et même leur frustration de ne pas être associés aux funérailles, réservées à la famille et aux officiels triés sur le volet, loin de l'émotion populaire qu'avait suscité l'annonce de sa mort, notamment dans le township de Soweto.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.