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Le destin de Mandela encourage le boycott dans le conflit israélo-palestinien

Le destin de Mandela encourage le boycott dans le conflit israélo-palestinien

La série de succès enregistrée par la campagne de boycott des colonies en territoire palestinien stimule les appels à des sanctions contre Israël similaires à celles qui ont précipité la fin de l'apartheid en Afrique du Sud, selon des analystes et des militants.

Un éditorialiste du quotidien israélien Haaretz égrène avec inquiétude les dernières initiatives ciblant la colonisation.

"La compagnie d'eau néerlandaise Vitens a coupé ses liens avec son partenaire israélien Mekorot, la plus grande Eglise protestante du Canada a décidé de boycotter trois entreprises israéliennes, le gouvernement roumain a refusé d'envoyer davantage d'ouvriers du bâtiment, et l'Association d'études américaines vote sur la rupture des relations avec les universités israéliennes", énumère-t-il.

Cette avalanche se produit quelques mois après l'adoption par l'Union européenne (UE) de "lignes directrices" excluant de sa coopération les institutions et entreprises israéliennes ayant des activités dans les territoires occupés.

"L'avertissement est devenu encore plus clair et plus brutal après la mort de Nelson Mandela", qui a réveillé la mémoire "de la collaboration d'Israël avec le régime d'apartheid et fourni de précieuses munitions à ceux qui voudraient les mettre sur le même plan", souligne le chroniqueur.

"L'analogie pourrait alimenter la conviction qu'Israël aujourd'hui peut être mis à genoux de la même manière que l'Afrique du Sud hier", prévient-il.

Si bien peu de critiques d'Israël vont jusqu'à assimiler la situation dans les territoires occupés à l'apartheid, tous recensent une kyrielle de points communs, en particulier en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où Israéliens et Palestiniens ne bénéficient pas des mêmes droits.

"Malgré les différences évidentes entre l'Afrique du Sud de l'apartheid et le régime pyramidal d'oppression israélien, il y a de nombreux airs de famille. La domination d'Israël sur les Palestiniens constitue une occupation, une colonisation et un apartheid", déclare à l'AFP Omar Barghouti, membre fondateur du mouvement BDS ("Boycott, désinvestissement, sanctions") dans les Territoires palestiniens.

"Indépendamment de la définition du régime d'oppression israélien, une des principales leçons que nous avons tirées de Mandela et de nos camarades sud-africains est que la résistance interne doit s'accompagner d'une solidarité internationale continue, en particulier sous la forme d'un mouvement BDS, pour isoler l'Etat oppressif et le forcer à respecter ses obligations", explique M. Barghouti.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, interrogé par les médias sud-africains lors des funérailles de Mandela, a rejeté un boycott généralisé d'Israël, mais réitéré son appel à boycotter les colonies et leurs produits.

Le commentateur politique palestinien Daoud Kuttab reconnaît à M. Abbas le mérite de la cohérence sur ce sujet, mais lui reproche d'avoir "placé tous ses oeufs dans le panier des négociations".

En cas d'échec, les dirigeants palestiniens "comptent utiliser des moyens diplomatiques tels qu'adhérer aux agences de l'ONU, plutôt qu'une véritable lutte non violente à l'intérieur et à l'extérieur de la Palestine", regrette Daoud Kuttab sur le site Al-Monitor.

Selon des sources politiques israéliennes citées vendredi par le quotidien Maariv, l'UE se prépare à imposer au printemps un étiquetage distinctif des produits des colonies exportés en Europe.

Le 3 décembre, une notification publiée sur un site gouvernemental britannique alertait les investisseurs de l'UE "des conséquences potentielles sur leur réputation d'une implication dans les activités économiques et financières des colonies ainsi que des possibles violations de droits individuels".

Selon un autre analyste de Haaretz, l'absence remarquée des dirigeants israéliens lors de l'hommage à Mandela revenait à "laisser Israël non représenté au sommet moral mondial".

"Le danger qui menace Israël est la perte de légitimité", écrit-il: "Pour survivre dans un Moyen-Orient difficile, nous avons besoin du soutien de l'Occident".

Le gouvernement israélien tâtonne pour trouver la parade à cette menace.

Une commission ministérielle a ainsi approuvé dimanche un projet de loi, pourtant jugé inconstitutionnel par le procureur de l'Etat, qui prévoit des sanctions financières pour les ONG favorables aux campagnes de boycott ou aux poursuites contre des militaires israéliens pour crimes de guerre présumés.

Le vice-président américain Joe Biden a lui aussi confié le 10 décembre sa préoccupation face à cette campagne de "délégitimation, la plus grave menace à la sécurité et à la viabilité d'Israël".

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