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Les touristes fuient les convulsions politiques en Thaïlande

Les touristes fuient les convulsions politiques en Thaïlande

Des quartiers prisés des routards aux grands hôtels de Bangkok, l'industrie du tourisme thaïlandaise, secteur clef de l'économie du "pays du sourire", pâtit de la crise politique qui agite la capitale depuis plus d'un mois, émaillée de manifestations quotidiennes et de violences.

Les manifestations de l'opposition qui réclame au nom du "peuple" le départ de la Première ministre Yingluck Shinawatra ont fait les titres de la presse internationale.

Et de nombreuses chancelleries ont adressé des mises en garde à leurs ressortissants prévoyant de se rendre dans le pays, après les affrontements du premier week-end de décembre qui ont fait cinq morts et des dizaines de blessés.

Conséquence: les professionnels du tourisme, secteur qui représente entre 6 et 7% du Produit intérieur brut thaïlandais, ont enregistré des désistements massifs à l'approche de la saison cruciale de Noël et du Nouvel an, qui voit d'ordinaire affluer des hordes de touristes européens fuyant l'hiver.

"Un grand nombre d'arrivées de visiteurs étrangers ont été perdues parce que les touristes craignent que les manifestations ne dégénèrent en violence", reconnaît Rangsan Siworasat, haut fonctionnaire au ministère des Finances, dans un communiqué publié sur le site internet du gouvernement.

L'Association des commerçants de Khao San Road, rendez-vous à Bangkok des "backpackers" étrangers avec ses pensions bon marché, ses bars et ses camelots, estimait début décembre que 50% des réservations avaient été annulées.

Dans une moindre mesure, les grandes chaînes comme le Mandarin Oriental et le groupe Accor, qui possède 24 hôtels à Bangkok, souffrent aussi de la crise.

Les touristes asiatiques semblent plus rétifs que les Européens et les Nord-Américains.

"Je n'étais au courant de rien, des amis ont vu les informations et m'ont avertie. Quand je suis arrivée, il y avait des affrontements. J'étais assez naïve", explique Alex Young, une Britannique de 23 ans, dans un bar de Khao San Road, non loin du Monument de la Démocratie, l'un des lieux de ralliement des manifestants.

Originaire d'Irlande du Nord, son amie Hannah Steenson, 24 ans, s'amuserait presque quant à elle des turbulences locales. "Nous sommes habitués, avec les alertes à la bombe", fréquentes en Ulster, dit-elle.

Yingluck Shinawatra a convoqué lundi des élections anticipées, fixées au 2 février, dans un geste de conciliation envers l'opposition. Mais les manifestants --une alliance hétéroclite unie autour de leur haine de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, frère de Yingluck-- refusent de désarmer.

Fin 2008, des voyageurs furieux avaient été bloqués dans les deux aéroports de Bangkok assiégés pendant près de dix jours par des manifestants.

En 2010, une nouvelle flambée de violences avait fait des dizaines de morts, effrayant déjà les touristes.

"La Thaïlande est fondamentalement une destination touristique fiable. Malheureusement l'instabilité politique lui a nui ces dernières années", déplore Patrick Basset, vice-président d'Accor en charge de l'Asie du Sud-Est.

Le tourisme en Thaïlande, et plus généralement en Asie, se distingue toutefois par sa capacité à rebondir après des creux d'activité liés à des épisodes exceptionnels: le tsunami de 2004, les épidémies de grippe aviaire, la catastrophe de Fukushima ou les typhons philippins.

"Certains événements peuvent rapidement bouleverser les affaires, mais la convalescence est de plus en plus courte", assure Bill Barnett, directeur du cabinet de conseil hôtelier C9 Hotelworks basé à Phuket (sud).

La Thaïlande est "incroyablement résistante" aux chocs, confirme Amanda Hyndman, directrice générale du Mandarin Oriental de Bangkok.

Les voyageurs peu aguerris "sont susceptibles de revoir leurs projets mais les voyageurs expérimentés et les +amis+ de la Thaïlande savent que les manifestations n'ont rien à voir avec les touristes étrangers", assure-t-elle.

La Thaïlande a attiré quelque 22 millions de touristes l'an dernier, pour une large part des visiteurs habituels. Ses infrastructures modernes, ses plages paradisiaques et l'accueil chaleureux des Thaïlandais lui valent son leadership régional incontesté face au Laos, au Cambodge ou au Vietnam.

ceb-gab/dth/emb

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