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Le "Long Chemin" de Mandela s'achève à Qunu, son ami Tutu pas invité aux obsèques

Le "Long Chemin" de Mandela s'achève à Qunu, son ami Tutu pas invité aux obsèques

Nelson Mandela, l'icône mondiale de la paix et du pardon, a achevé samedi son très long chemin, en revenant dans sa maison de Qunu, son village d'enfance où il sera enterré dimanche en l'absence de son ami et vieux compagnon de lutte Desmond Tutu, qui n'a pas été invité.

Après une semaine d'hommages sans précédents, rendus par les grands de ce monde et par son peuple sud-africain, la dépouille du héros de la lutte contre l'apartheid a été ramenée sur la terre de ses ancêtres, dans le sud rural du pays. Là où il avait toujours voulu reposer.

Dimanche, près de 5.000 personnes, dont de hautes personnalités étrangères, sont invitées à une cérémonie d'obsèques.

La mise en terre proprement dit se fera en revanche uniquement avec la famille et les proches. Mandela sera inhumé auprès de ses parents et de trois de ses enfants.

Selon une immémoriale coutume, des rites xhosas, dont l'égorgement d'un boeuf, seront pratiqués et des aînés du clan thembu, dont était issu Mandela, s'exprimeront autour de la tombe.

"Des funérailles sont une cérémonie complexe qui demandent notamment de communiquer avec les ancêtres et de permettre à l'esprit du défunt de reposer", a expliqué le chef Jonginyaniso Mtirara, du clan thembu.

Là s'achèvera le très long chemin du père de la démocratie sud-africaine, mort à l'âge de 95 ans le 5 décembre.

Un grand absent: l'ancien archevêque anglican du Cap Desmond Tutu, lui aussi prix Nobel de la paix pour sa lutte contre l'apartheid, qui dit ne pas avoir été invité. Le porte-parole du gouvernement a pour sa part affirmé que le prélat figurait sur la liste des invités.

"Même si j'aurais adoré assister à la cérémonie pour faire mes adieux à une personne que j'aimais et chérissais, cela serait manquer de respect à Tata (père) que de m'imposer dans ce qui est présenté comme des funérailles strictement familiales", a déclaré Desmond Tutu.

Conscience morale de l'Afrique du Sud, le prélat est une épine dans le pied du gouvernement qu'il critique régulièrement pour ses scandales de corruption et pour ne pas avoir assez lutté contre les inégalités.

Le voyage de Nelson Mandela avait commencé en 1918 dans cette province rurale et verdoyante du Transkei. Né à Mvezo, non loin de là, il a toujours dit avoir passé les meilleurs moments de son enfance à Qunu.

"Je suis né libre --libre de toutes les façons que je pouvais imaginer", avait-t-il écrit dans son autobiographie, "Un long chemin vers la liberté". "Ce n'est que lorsque j'ai appris que la liberté de mon enfance était une illusion, et que j'ai découvert, jeune homme, qu'on m'avait déjà pris ma liberté, que j'ai commencé à avoir faim d'elle."

Mandela aura passé au total vingt-sept ans dans les geôles du régime raciste de l'apartheid, jusqu'à sa libération en 1990.

Avant de rentrer sur ses terres, le premier président noir d'Afrique du Sud a fait ses adieux à Pretoria, la capitale politique du pays, où son parti, le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis l'avènement de la démocratie en 1994, lui a offert un dernier hommage empreint de gravité.

Mandla, l'aîné des petits-fils, en complet sombre, est revenu sur les derniers jours qu'il a passés aux côtés du cercueil de son grand-père, exposé au siège de la présidence.

"J'ai vu son armée, j'ai vu son peuple, j'ai vu les Sud-Africains ordinaires, qui ont parcouru avec lui ce long chemin vers la liberté", a-t-il dit.

En trois jours, de mercredi à vendredi, jusqu'à 100.000 Sud-Africains se sont inclinés devant la dépouille, quelques impatients ayant même débordé la police vendredi pour pouvoir poser un dernier regard sur leur héros.

Mardi, le monde lui avait rendu un hommage officiel dans le stade de Soweto en présence d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement. Barack Obama avait salué un "géant de l'Histoire".

Le président Jacob Zuma a insisté samedi sur les qualités de leader du défunt, sa force de persuasion mais aussi sa capacité à pardonner. "La question est: pouvons-nous produire à l'ANC d'autres Madiba?"

"Nous sommes libres, mais le défi de l'inégalité demeure", a-t-il poursuivi. "La pauvreté demeure. Le chômage demeure, et c'est pourquoi notre défi à tous en mémoire de Madiba est de nous impliquer plus pour faire ce que Madiba a fait."

Debout devant deux grandes affiches d'un Madiba tout sourire, le chef de l'Etat a ensuite entraîné l'assistance dans un long et profond chant d'hommage, selon la tradition sud-africaine.

A son arrivée à l'aéroport de Mthatha, la petite ville la plus proche de Qunu, il était attendu par sa veuve Graça Machel, soutenue par son ex-épouse Winnie. Ses filles, ses petits-enfants, des membres du gouvernement, des amis, de nombreux militaires en costume d'apparat... ont accueilli le cercueil, drapé dans un drapeau aux couleurs de la "Nation Arc-en-Ciel".

Aux abords de l'aéroport, des milliers de personnes ont crié et applaudi quand l'appareil, escorté par deux avions de chasse, a atterri. "Il rentre à la maison, sa dernière demeure", commentait dans la foule Timothy Jacobs "très ému".

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