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Les Blancs déshérités d'Afrique du Sud pleurent aussi Mandela

Les Blancs déshérités d'Afrique du Sud pleurent aussi Mandela

Les Afrikaners, descendants des premiers colons blancs d'Afrique du Sud, étaient au pouvoir sous l'apartheid. Vingt ans après la chute du régime raciste, une minorité d'entre eux vit dans l'indigence mais elle pleure Nelson Mandela avec le reste du pays.

A Coronation Park, un campement blanc reclus de misère où cohabitent dans des cabanons ou caravanes 315 voisins et toute une marmaille courant pieds nus par tous les temps, Ann Le Roux explique qu'elle est désolée de la mort de Mandela.

"Il va nous manquer", dit cette sexagénaire, venue habiter là il y a trois ans après un enchaînement de malheurs personnels et qui s'entasse avec treize membres de sa famille dans un abri dont les murs tiennent comme par miracle. Il y a l'eau mais pas l'électricité, et l'hiver on tremble de froid sans pouvoir faire du feu à l'intérieur.

"Je ne lui reproche rien, mais ses successeurs ne sont pas du même calibre", ajoute-t-elle, convaincue que le pouvoir actuel les laisse tomber. "Notre campement ne les intéresse pas, les Noirs des campements, eux, ils ont l'électricité", dit-elle.

Des compatriotes noirs traversent les allées du squatt, ou font griller de la viande à cent mètres, sans que ne s'échange le moindre mauvais regard.

Il n'y a pas l'ombre d'une animosité entre les deux communautés même si les Blancs sont tous persuadés que le gouvernement actuel les abandonne par racisme et que cela n'aurait pas été le cas sous Mandela.

Sur les 53 millions de Sud-Africains, les Blancs sont 4,6 millions et statistiquement toujours beaucoup plus favorisés, dans un pays qui sous l'apartheid était moins soucieux du bien-être des populations noires que des bêtes sauvages.

Mais l'Afrique du Sud a toujours compté un contingent de miséreux blancs, et c'est même pour les défendre que la ségrégation raciale a été renforcée dans les années 1920-30 puis sous l'apartheid en leur réservant emplois et logements.

A Coronation Park, la disgrâce des Blancs s'inscrit dans cette histoire, et n'est pas liée à la chute de l'apartheid.

"Mandela était un homme bon. Il était présent pour les Blancs. J'aurais tellement voulu qu'il vienne ici et je ne sais pas pourquoi il ne l'a pas fait", dit Irene van Nickerick, 52 ans. "J'espère que Zuma (l'actuel président) marchera un jour sur ses traces".

Monica Coetzee, échouée là il y a deux mois après avoir perdu son travail et sans nulle part ailleurs où aller, a du mal à s'adapter et se plaint: "Il faudrait vraiment que le gouvernement nous aide plus (...) On est des êtres humains quand même. C'est parce qu'on est Blancs. J'aimais Mandela (...) Mais Zuma ce n'est pas lui!".

Des voisins craignent d'être chassés par les projets immobiliers pour mettre à la place de ce grand parc des hôtels, des magasins, des musées. La grande préoccupation générale, c'est l'absence d'électricité.

De Mandela, Jan Gedelnhuys, 59 ans, dit qu'"il était le père de la nation". Ancien locataire dont le propriétaire a vendu la maison, il est au chômage et rescapé d'une embrouille dans laquelle il s'est fait dépouiller de la caravane qu'il venait d'acheter.

"Je n'en veux pour rien au monde à Mandela. A sa sortie de prison, c'était un homme bon et il a fait beaucoup de choses en particulier pour les enfants", dit-il.

clr/cpb/via

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