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Grande marche contre la destitution du maire de Bogota

Grande marche contre la destitution du maire de Bogota

Des dizaines de milliers de personnes ont participé vendredi à une grande marche à Bogota contre la destitution du maire Gustavo Petro, un symbole de la gauche en Colombie, qui s'estime victime d'un complot dirigé contre le processus de paix avec la guérilla des Farc.

Plusieurs rassemblements, organisés depuis la matinée, ont convergé vers la place Bolivar, la principale de la capitale, où manifestent quotidiennement les partisans de M. Petro depuis l'annonce de sa destitution lundi dernier.

"Je ne suis pas d'accord avec le fait qu'on destitue une personne élue par le vote populaire", a lancé à l'AFP Anibal Perez, un habitant de 40 ans au milieu du cortège. "Nous sommes la génération de la paix, Petro reste en poste", "mon vote se respecte", pouvait-on lire sur les pancartes.

Certains manifestants, issus des communautés indigènes, ont affirmé fait vingt heures de route pour participer à cette manifestation.

Le maire de la capitale, ex-guérillero de 53 ans reconverti en politique, a été démis de ses fonctions et déclaré inéligible pendant 15 ans pour avoir violé les principes constitutionnels de la concurrence en retirant la concession de la collecte d'ordures à des entreprises privées au profit de la compagnie publique des eaux.

La sanction a été prise par le "procureur général", Alejandro Ordoñez, un fonctionnaire à la tête d'un organisme autonome, distinct du pouvoir judiciaire, et dont la vocation est de contrôler les intérêts de l'Etat.

Toutefois, M. Petro a accusé, dans un récent entretien à l'AFP, le "procureur général" de vouloir "saboter" les négociations de paix ouvertes avec la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) auxquelles ce dernier est un opposant notoire.

Ancien membre de la guérilla urbaine du M-19 (Mouvement du 19 avril), dissoute en 1990, le maire de la capitale, une mégapole de 7 millions d'habitants, a déposé un recours contre le tribunal administratif, son entourage affirmant que seul le président du pays a le pouvoir de le destituer.

Le parquet de Colombie s'est aussi saisi de l'affaire en réclamant au "procureur général" de lui remettre "immédiatement" le dossier ayant conduit à la destitution de M. Petro, afin d'en examiner les arguments.

Selon un sondage publié vendredi, 54% des habitants de la capitale sont en désaccord avec la destitution de leur maire contre 38% d'un avis contraire.

Le président colombien Juan Manuel Santos a tenté d'apaiser les esprits, en assurant que la situation serait "bientôt résolue" par "les voies institutionnelles". Le chef de l'Etat a appelé la population au "sérieux", à la "prudence" et la "maturité politique".

L'annonce de la destitution de M. Petro a provoqué des réactions à l'extérieur de la Colombie, suscitant la préoccupation des Etats-Unis et du représentant de l'ONU à Bogota.

En France, le député européen Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, a écrit au président colombien pour exprimer sa "profonde inquiétude" face à la "mort politique" infligée à M. Petro, "une sanction qui jette une ombre sur la démocratie colombienne" selon lui.

Proche de plusieurs présidents socialistes d'Amérique latine, M. Mélenchon, qui doit effectuer une visite la semaine prochaine en Equateur, a salué "un homme connu internationalement pour son honnêteté et son combat contre la corruption".

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