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Yémen: une psychose à la voiture piégée s'empare de Sanaa

Yémen: une psychose à la voiture piégée s'empare de Sanaa

Une psychose à la voiture piégée s'est emparée de la capitale yéménite où l'ONU a fermé ses bureaux jeudi par crainte d'un nouvel attentat d'Al-Qaïda, une semaine après une attaque contre le ministère de la Défense qui a fait 56 morts.

Sanaa offrait jeudi l'image d'une capitale quasi-paralysée avec des commerces fermés et un trafic routier très limité, a rapporté un correspondant de l'AFP. Les ambassades occidentales ont cependant fonctionné normalement.

Ibrahim Tayyar, l'un des rares chauffeurs de taxi circulant à Sanaa, est effrayé: "Je circule dans la ville avec la hantise d'une explosion au détour d'une rue. J'ai peur de mourir dans un attentat", dit-il.

"Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. J'ai ouvert mon échoppe mais j'ai peur", dit pour sa part Qassem al-Baadani, un commerçant, qui n'a pas envoyé ses enfants à l'école.

La télévision publique a diffusé mercredi soir des images terrifiantes de l'attaque du 5 décembre, revendiquée par Al-Qaïda, contre le siège du ministère de la Défense, montrant les assaillants exécuter de sang-froid des civils.

Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), basé au Yémen, est considéré par les Etats-Unis comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste dans le monde.

L'une des images des caméras de surveillance, diffusées par la télévision, montre un homme qui tente de se cacher avec un petit garçon. Ne trouvant pas d'endroit, il attend, apeuré. L'un des assaillants arrive et les exécute tous les deux.

Une autre séquence montre l'un des assaillants, lourdement armé, dégoupiller une grenade et la lancer en direction d'une dizaine de médecins et d'infirmiers.

A la suite de cette attaque, deux autres voitures piégées avaient été désamorcées et les forces de sécurité ont été alertées sur la présence de cinq autres véhicules piégés qu'elles recherchent toujours, selon des sources policières.

Un responsable de l'ONU a expliqué que la fermeture jeudi du bureau et des agences de l'organisation internationale au Yémen était "une mesure préventive à la suite d'instructions des autorités de sécurité yéménites".

Selon lui, celles-ci auraient recommandé de "limiter les déplacements et d'éviter certains endroits qui pourraient être la cible d'éventuels actes terroristes, notamment Hida", dans le sud de la capitale où se trouvent les bureaux de l'ONU.

Un haut responsable des services de sécurité yéménites a dénoncé "une campagne de rumeurs destinée à propager la peur".

Il a ajouté que "des Occidentaux en charge de la sécurité de leurs ambassades ont rencontré mercredi des responsables yéménites, mais aucun avertissement sur des attentats n'a été émis".

Un responsable gouvernemental, Rajah Badi, interrogé par l'AFP, a dénoncé "une campagne calomnieuse, lancée par des médias à la solde de l'ancien président Ali Abdallah Saleh", soupçonné de vouloir entraver la transition politique dans le pays depuis son départ du pouvoir l'an dernier, sous la pression de la rue.

Ceux qui sont derrière cette campagne "cherchent à semer la panique au sein de la population et à entraver l'enquête sur l'attentat" du 5 décembre, a ajouté M. Badi, conseiller de communication du Premier ministre.

Il a affirmé que toutes les chancelleries étrangères à Sanaa fonctionnaient normalement jeudi.

Après l'attaque contre le ministère de la Défense, les autorités ont renforcé les mesures de sécurité autour des ambassades et des intérêts occidentaux à Sanaa, et des installations vitales sur l'ensemble du territoire yéménité, selon un haut responsable.

Les bureaux du groupe pétrolier français Total et de la compagnie Yemen LNG étaient fermés jeudi, selon des sources concordantes.

Des écoles privées, dont les écoles américaine et turque, étaient également fermées jeudi, ont indiqué des habitants.

Selon des sources yéménites de sécurité, "des experts américains et allemands participent à l'enquête sur l'attaque" du 5 décembre au cours de laquelle de nombreux étrangers ont été tués.

En août, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et d'autres gouvernements occidentaux avaient fermé temporairement leurs ambassades au Yémen et dans une vingtaine d'autres pays à la suite d'une mise en garde de Washington face à une menace d'attentats d'Al-Qaïda.

mou/tm/sw

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