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L'Irlande sort du plan d'aide au prix de douloureux sacrifices pour sa population

L'Irlande sort du plan d'aide au prix de douloureux sacrifices pour sa population

La sortie de l'Irlande du plan d'aide international vaut au pays des félicitations de ses partenaires mais s'effectue au prix de lourdes conséquences sociales pour les populations les plus vulnérables, rappellent les associations.

Car le plan de sauvetage de 85 milliards d'euros accordé en 2010 par le FMI et l'Union européenne a entraîné en contrepartie une cure d'austérité sévère, avec de douloureuses hausses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, voire des réductions d'aides sociales.

"Il faut agir avec plus de sensibilité. La souffrance (de la population) n'est pas finie", exhorte John Dolan, directeur exécutif de la Fédération irlandaise des handicapés.

"Les années de crise financière ont eu un effet dévastateur sur la population, qui va se faire sentir encore pendant un certain nombre d'années parce qu'il va y avoir encore des coupes dans les dépenses dans le prochain budget", a-t-il souligné.

Le pays, qui a connu sept budgets d'austérité d'affilée, est cité par le FMI comme un exemple à suivre pour les autres pays actuellement sous assistance financière.

Mais les effets de l'extrême rigueur budgétaire ont frappé la population la plus pauvre de façon disproportionnée, selon l'institut de recherches Social Justice Ireland.

Les 10% les plus pauvres au sein de la population ont vu leurs revenus fondre de près de 20%, alors que les 10% les plus riches n'ont perdu que 11%, indique le directeur du think-tank, Sean Healy.

"La situation est même pire quand vous prenez en compte l'effet des réductions de dépenses dans les services publics et la hausse des coûts dans tous les domaines, qu'il s'agisse des médicaments ou des transports scolaires", souligne-t-il.

Si le nombre de demandeurs d'emploi recevant des allocations est tombé le mois dernier à son plus bas niveau depuis l'été 2009, le taux de chômage reste à 12,5% et les chômeurs de longue durée sont légion.

En l'espace d'une semaine en juin 2011, Anna Doyle et son mari Ambrose ont tous deux perdu leur emploi, alors qu'ils ont la charge de quatre enfants de moins de seize ans. Malgré leurs efforts, ils n'ont pas réussi à retrouver du travail.

"C'est stressant et démoralisant. Sur toutes les offres d'emplois pour lesquelles j'ai postulé, je n'ai reçu que deux réponses. Mon mari n'en a reçu aucune", s'indigne Anna.

"Notre machine à laver est tombée en panne et comme on n'avait pas les moyens de la réparer, on s'est retrouvés à faire la lessive à la main pour tous les six. C'est comme ça tout le temps, on a une nouvelle facture d'électricité, ou alors on a la banque sur le dos", décrit la mère de famille à l'AFP.

Ger McLoughlin, 45 ans, est retourné vivre chez ses parents, dans le comté rural de Kildare après avoir perdu son travail en 2009. Atteint de spina bifida, une malformation congénitale, il vit désormais d'une allocation handicapés.

"J'ai de moins en moins de revenus d'une année sur l'autre", constate-t-il. "Comme je vis à des kilomètres d'un axe routier majeur, une grande partie de mon argent part en frais de taxis".

"J'ai 45 ans. Je ne sais pas dans combien de temps l'économie va s'améliorer suffisamment pour que je trouve un emploi. Cela va finir par aller mieux mais est-ce que ce ne sera pas trop tard pour moi?", demande-t-il.

L'émigration, qui a longtemps été un phénomène majeur de l'histoire sociale irlandaise, est redevenue aux yeux de certains une solution pour échapper à la crise.

Enda Maloney, 26 ans, originaire de Longford dans le centre du pays, a quitté l'Irlande en 2010 peu après avoir obtenu un diplôme universitaire d'ingénierie électrique.

"Quand je suis sorti de la fac, j'ai eu l'impression qu'il n'y avait rien ici pour moi et je ne voulais pas gâcher mes vingt ans à attendre que les choses s'arrangent", explique-t-il à l'AFP depuis Calgary au Canada, où il travaille comme ingénieur.

"C'est triste, de ne pas être chez moi près de mes amis et de ma famille", soupire-t-il dans l'espoir d'un hypothétique retour.

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