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Le Pakistan remplace son turbulent chef de la Cour suprême Chaudhry

Le Pakistan remplace son turbulent chef de la Cour suprême Chaudhry

La justice pakistanaise a tourné une page de son histoire jeudi avec le remplacement à la tête de la Cour suprême du très actif juge Iftikhar Chaudhry, l'un des artisans de la fin du régime militaire en 2008.

Le successeur du désormais retraité M. Chaudhry, Tassaduq Hussain Jillani, a prêté serment dans la matinée devant le président du Pakistan Mamnoon Hussain lors d'une cérémonie télévisée en direct.

Celle-ci s'est tenue au palais présidentiel d'Islamabad en présence du Premier ministre Nawaz Sharif et de nombreux responsables du gouvernement.

La Cour suprême, plus haute instance judiciaire du pays, a sous la houlette du juge Chaudhry joué un rôle politique de premier plan dans l'histoire du pays au cours de la dernières décennie.

Dans ce pays à l'histoire jalonnée de coups d'Etat militaire, Muhammad Iftikhar Chaudhry n'a cessé après sa nomination en 2005 de ferrailler avec l'armée, l'institution la plus puissante du pays, puis avec le pouvoir politique.

Son duel le plus célèbre restera celui, victorieux, mené en 2007-2008 contre le président d'alors, le général Pervez Musharraf, qui avait prononcé l'état d'urgence et renvoyé plusieurs juges qui contestaient son pouvoir, dont MM. Chaudhry et Jillani. Face à la contestation grandissante des juges relayée par la société civile, M. Musharraf finira par démissionner et rendre le pouvoir aux civils, et le juge Chaudhry sera réinstallé à son poste.

Ces dernières années, Iftikhar Chaudhry a notamment ouvert une brèche dans l'impunité dont jouissent traditionnellement l'armée et ses puissants services de renseignements en dénonçant les arrestations et assassinats extra judiciaires dont ils sont régulièrement accusés.

En juin 2012, il a également provoqué la démission du Premier ministre, Yousuf Raza Gilani, accusé d'outrage à magistrat pour avoir refusé de demander la réouverture d'une enquête pour corruption visant le président d'alors, Asif Ali Zardari.

Ses partisans le décrivent comme un héros de l'indépendance de la justice dans ce pays aux institutions démocratiques fragiles. Ses détracteurs jugent en revanche qu'il a inutilement interféré dans de nombreux domaines et perturbé le fonctionnement normal de la justice et d'autres institutions étatiques, par démagogie ou par goût démesuré des projecteurs.

Nombre d'observateurs à Islamabad estiment que le juge Jillani sera un chef de la Cour suprême bien plus prudent et discret que son prédécesseur.

Au cours des prochains mois, la Cour suprême doit notamment, à la demande du gouvernement actuel, juger pour trahison Pervez Musharraf, accusé d'avoir abusivement imposé l'état d'urgence en 2007.

mmg/emd/ros

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