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Inculpation en France d'une aide-soignante pour l'empoisonnement mortel de six retraités

Inculpation en France d'une aide-soignante pour l'empoisonnement mortel de six retraités

Une jeune aide-soignante a été inculpée et placée en détention jeudi par la justice française après le meurtre par empoisonnement de six personnes âgées et trois tentatives de meurtre dans une maison de retraite des Alpes.

Cette femme de 30 ans, employée depuis l'été 2012, a administré un "cocktail de psychotropes" à neuf pensionnaires qui étaient "en bonne santé", a indiqué la vice-procureure de Chambéry, Dietlind Baudoin, semblant indiquer qu'il ne s'agit pas d'une affaire d'euthanasie, une pratique illégale en France.

Aucun autre cas d'empoisonnement n'est pour le moment soupçonné par les enquêteurs, selon le parquet. Les faits reprochés à cette aide-soignante, présentée par la magistrate comme "une jeune femme isolée d'un point de vue social", sont passibles de la prison à vie.

Les décès sont survenus à l'Établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes du Césalet, à Jacob-Bellecombette, qui dépend de l'hôpital de Chambéry. Les victimes étaient octogénaires et "en bonne santé, avec les fragilités liées à leur âge", "elles n'étaient pas en fin de vie", a souligné la vice-procureure, ajoutant que la suspecte avait reconnu avoir administré des substances pour "soulager leurs souffrances", sans parler d'euthanasie.

"Le terme qui revient tout le temps, c'est +soulager+, elle a dit qu'elle voulait les soulager, on n'arrive pas à savoir ce qu'elle entend mettre sous ce terme", a souligné la vice-procureure.

Placée en garde à vue mardi, l'aide-soignante, qui s'est beaucoup occupée de sa mère récemment morte, était initialement soupçonnée d'avoir empoisonné une pensionnaire de 84 ans qui a sombré brutalement dans le coma le 27 novembre avant de mourir deux jours plus tard.

Des analyses toxicologiques avaient révélé un taux anormal de psychotropes. La direction de l'hôpital de Chambéry avait alors alerté la justice.

"Elle est sereine. C'est quelqu'un qui parle de façon cohérente, calme et posée", a décrit la magistrate. "Depuis la mort de sa mère (à l'été 2013, ndlr), une fragilité avait été détectée", a toutefois indiqué la vice-procureure.

Plusieurs affaires, impliquant notamment des infirmières ayant euthanasié des patients, ont défrayé la chronique ces dernières années en France.

Mi-octobre, un urgentiste a été renvoyé devant les assises pour l'empoisonnement de sept patients en fin de vie, des actes qu'il a assumés en expliquant qu'il voulait mettre fin à des souffrances extrêmes.

Il y a dix ans, Christine Malèvre, infirmière dans un hôpital près de Paris, avait été condamnée à douze ans de réclusion criminelle pour l'euthanasie de six personnes.

Le cas de l'aide-soignante de Chambéry diffère cependant au vu de ses premières déclarations et de l'état de santé des victimes.

"Elle ne reconnaît pas avoir voulu les tuer. Toute la difficulté dans cette affaire, c'est le problème de l'intention homicide", a souligné une source policière.

Le président François Hollande a promis en juillet après la publication d'un avis du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) sur la fin de vie, un débat public sur cette question avant un projet de loi d'ici à la fin de l'année.

Selon un sondage Ifop publié début novembre, 92% des Français sont favorables à l'euthanasie pour les personnes qui en font la demande et qui souffrent de "maladies insupportables et incurables".

Les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg sont les pays les plus en pointe en matière d'euthanasie. La Suisse et des Etats américains ont également des législations permettant une forme passive d'euthanasie. La France interdit l'acharnement thérapeutique et autorise la fin du traitement à la demande du patient.

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