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France: la menace d'une extradition se précise pour l'opposant et oligarque kazakh Abliazov

France: la menace d'une extradition se précise pour l'opposant et oligarque kazakh Abliazov

La menace d'une extradition vers l'Ukraine et la Russie de l'opposant et oligarque kazakh Moukhtar Abliazov par la justice française s'est précisée jeudi, après des réquisitions au cours desquelles l'avocate générale a balayé le risque d'une extradition ultérieure de l'ancien banquier vers le Kazakhstan.

"Je vous demande de donner un avis favorable à la demande d'extradition de l'Ukraine", a déclaré Solange Legras, l'avocate générale de la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence (sud), après avoir assuré que M. Abliazov, détenu en France depuis le 1er août, n'encourait aucun risque d'être ré-extradé vers le Kazakhstan.

Derrière la vitre de son box, l'ex-banquier s'est dit "absolument convaincu d'être poursuivi pour des raisons politiques", assurant que "toutes les accusations" portées contre lui sont "fausses" et que "tout a été fabriqué par le Kazakhstan".

"Il est faux d'affirmer qu'il pourrait être ré-extradé vers le Kazakhstan", a rétorqué Mme Legras, s'appuyant sur les conventions de Genève de 1951 et européenne des droits de l'Homme de 1957, interdisant toute ré-extradition éventuelle. Et "de mémoire de magistrat, il n'y a absolument aucun exemple d'une violation quelconque" des articles concernés de ces conventions, a-t-elle conclu.

Avant elle, la présidente Nicole Besset avait dressé la liste des malversations financières présumées dont Abliazov se serait rendu coupable en Ukraine à la fin des années 2000, alors qu'il dirigeait la banque kazakh BTA, pour un préjudice de l'ordre de 500 millions de dollars: fonds détournés vers des sociétés off-shore, prêts fictifs pour des projets "n'ayant jamais vu le jour" comme un complexe logistique à Odessa, absence d'hypothèques ou de nantissement...

"Il a vendu du vent, c'est le même modus operandi que Bernard Madoff (célèbre escroc financier américain, ndlr)", a appuyé l'avocat de l'Ukraine Guillaume-Denis Faure, pendant que son collègue Guy Bigot le présentait comme "un expert de la fuite" et assurait que "tous ses droits" seraient garantis lors d'un éventuel procès en Ukraine.

L'examen de la demande d'extradition vers la Russie devait avoir lieu dans l'après-midi, après les plaidoiries de la défense, qui devrait insister sur le fait que M. Abliazov était bel et bien une victime politique du régime de fer du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, pour lequel l'Ukraine et la Russie agiraient comme "faux nez".

De fait, M. Abliazov est considéré comme l'un des principaux opposants du président Nazarbaïev, dont il a régulièrement dénoncé les dérives autocrates et les actes de corruption, co-fondant le parti Choix démocratique en 2002, ce qui lui valut disgrâce et emprisonnement en 2003. Cet homme d'affaires ayant fait fortune dans les années 1990, dans le négoce notamment, fut pourtant longtemps l'un des proches du président, et nommé ministre de l'Energie entre 1998 et 1999.

Les demandes de Kiev et Moscou concernent aujourd'hui avant tout son activité de patron et actionnaire ultra-majoritaire de la banque kazakh BTA entre 2005 et 2009, où il se serait livré à des détournements de fonds considérables, notamment sur leur territoire.

Pour ses défenseurs, M. Abliazov aurait simplement tenté de protéger ses actifs, pour ne pas les laisser aux mains du régime kazakh lors de la nationalisation de l'établissement en 2009, au moment où il a fui le pays pour l'Angleterre.

Londres lui a accordé l'asile politique en 2011, mais la BTA lui intente depuis une série de procès au civil. Il a ainsi été condamné en février 2012 à 22 mois de prison pour outrage à la cour, pour avoir dissimulé certains de ses actifs. C'est le moment où il disparaît, évoquant des questions de sécurité. Sur renseignement de détectives de la BTA, la France l'interpelle le 31 juillet, hélicoptère à l'appui, dans une somptueuse villa. Depuis, il continue d'être jugé, par défaut, en Angleterre, où il a déjà été condamné à rembourser quelque 4 (BIEN 4) milliards de dollars.

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