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Corée du Nord: Pékin perd un interlocuteur clef, mais mise sur la stabilité (experts)

Corée du Nord: Pékin perd un interlocuteur clef, mais mise sur la stabilité (experts)

Avec l'éviction de l'oncle de Kim Jong-Un, la Chine perd un de ses contacts clefs en Corée du Nord mais Pékin devrait néanmoins considérer le renforcement du pouvoir du jeune dirigeant comme un gage de stabilité, selon des analystes.

La Corée du Nord a confirmé lundi le limogeage de Jang Song-Thaek, considéré comme le numéro deux du régime, qui jouait un rôle crucial dans les relations avec Pékin, principal allié de Pyongyang. Dans le plus pur style stalinien, il a été accusé, entre autres, de se livrer à des activités factieuses "contre-révolutionnaires", d'être un homme à femmes et un toxicomane.

"D'une certaine manière, la Chine a vu se volatiliser ses interlocuteurs au sein de l'équipe dirigeante nord-coréenne", observe Jingdong Yuan, professeur à l'université de Sydney, spécialiste de la politique de défense chinoise, en se demandant "qui prendra le relais".

Jang, 67 ans, avait accompagné Kim Jong-Il, père de l'actuel numéro un Kim Jong-Un, à trois reprises en Chine en 2010 et 2011, et dirigé une commission destinée à attirer des investissements étrangers, principalement chinois en l'occurence.

En charge des exportations nord-coréennes de minerais --qui représentent plus de la moitié des exportations du pays vers la Chine --, Jang a par ailleurs été le premier haut dirigeant nord-coréen à se rendre à Pékin après l'accession au pouvoir de Kim Jong-Un il y a deux ans.

"Je pense que (le limogeage de Jang) va affecter les relations entre la Chine et la Corée du nord, parce que Jang Song-Thaek avait des contacts très étroits avec notre gouvernement et était chargé de la coopération économique avec notre pays", a abondé Cai Jian, directeur du centre d'études coréennes de l'université Fudan à Shanghai.

Au moins quatre des sept hauts dirigeants qui accompagnaient le jeune Kim aux funérailles de son père ont été depuis écartés: cette purge au sommet lui permet selon les experts de resserrer les rangs autour de lui -- une perspective susceptible de rassurer Pékin.

"Clairement, s'il se montre capable de renforcer son pouvoir, il y aura au moins un facteur de stabilité. Ce que la Chine redoute par-dessus tout, c'est l'instabilité", a commenté M. Yuan.

Pékin est le dernier soutien de poids à la Corée du nord, dont il assure la survie économique et à qui il a vendu près de 450.000 tonnes de pétrole brut sur les dix premiers mois de l'année, selon les douanes chinoises.

L'ambassadeur de Pyongyang à Pékin, Ji Jae-Ryong, allié de longue date de Jang, pourrait lui aussi être emporté par la purge en cours, a averti de son côté Cheong Seong-Chang, analyste du think tank sud-coréen Sejong Institute.

Ainsi, "il est inévitable que les projets de développement que la Corée du nord avait avec la Chine, tout comme son ambition d'attirer des investissements étrangers connaîtront des revers pendant un temps", a-t-il souligné.

Le ministre japonais de la Défense Itsunori Onodera avait quant à lui dit redouter une radicalisation du régime nord-coréen, comparant l'éviction de Jang "à des scènes de la Révolution culturelle" en Chine.

Cependant, les incertitudes à court terme devraient être rapidement éclipsées par les bénéfices qu'un renforcement du pouvoir de Kim revêterait aux yeux de Pékin, qui considère Pyongyang comme un rempart utile à l'influence militaire américaine en Asie, a estimé Leonid Petrov, de l'Australian National University.

"Dès que les Etats-Unis, la Corée du sud et le Japon déploient leurs dispositifs de défense (dans la région), la Corée du nord aboie et Pékin n'a pas besoin de bouger le petit doigt", car Pyongyang et ses menaces "servent à tenir à distance (leurs) préparatifs militaires", a-t-il expliqué.

Les autorités chinoises n'ont guère commenté l'éviction de Jang, le ministère des affaires étrangères la qualifiant "d'affaire interne" à la Corée du nord, tandis que le Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste chinois, n'a même pas rapporté l'information dans ses éditions papier.

Rare média chinois à analyser le limogeage, le Global Times a estimé jeudi dans un éditorial que les accusations contre Jang, et la manière spectaculaire dont il avait été arrêté en pleine réunion militaire, devraient entraîner "une vague de choc" parmi les officiels du régime, mais sans en menacer la stabilité.

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