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Centrafrique: situation humanitaire critique aussi hors de Bangui

Centrafrique: situation humanitaire critique aussi hors de Bangui

Outre la capitale, Bangui, qui polarise l'attention des médias, la situation humanitaire est critique dans le reste de la Centrafrique, rapportent à l'AFP des ONG sur place, en particulier à Bossangoa, où des dizaines de milliers de réfugiés terrorisés survivent dans des conditions précaires.

A Bossangoa, dans le nord-ouest du pays, 40.000 chrétiens sont rassemblés autour de l'archevêché de la ville, "entassés sur seulement 4 hectares", selon Action contre la faim (ACF). Médecins sans frontières (MSF) parle de "30.000 personnes réfugiées auprès de la mission catholique".

"Plus loin dans la ville, les familles musulmanes affluent vers le site de l'école Liberté depuis six jours. Avant le pic de violence du 5 décembre, ils étaient 1.600", compare l'ONG.

"On ne reconnait plus le camp Liberté" après cet afflux, s'alarme Alexis Ottenwalter, un responsable d'ACF à Bossangoa.

Ce camp, qui ne comporte qu'un point d'eau, n'était pas prêt pour recevoir tant de monde, expliquent sur place les ONG qui construisent des latrines et tâchent de gérer déchets et eaux usées et d'assurer un accès à l'eau potable. Objectif: assurer des conditions d'hygiènes minimales et éviter la propagation des épidémies.

Dans ces camps, les enfants sont "traumatisés" décrit à l'AFP Pablo de Pascual, responsable des urgences pour l'Unicef: "Ils ne peuvent plus aller à l'école, ils ont des problèmes d'accès aux soins".

Si le calme "revient peu à peu à Bossangoa", note ACF, l'ONG a dû interrompre ses activités pendant trois jours à cause de tirs à l'arme lourde il y a une semaine.

MSF explique avoir pris en charge "des dizaines de blessés" lors de ces événements.

Mais les groupes de réfugiés essaiment un peu partout. Rien qu'à Bangui, des agences de l'ONU ont compté plus de 100.000 déplacés sur environ 800.000 habitants. Dans le reste du pays, des dizaines de milliers de personnes ont fui les violences et se sont réfugiées en brousse.

"Dans la brousse, les gens vivent sans nourriture, sans moustiquaire, dans la peur", explique à l'AFP Rosa Crestani, de Médecins sans frontières. Avec "beaucoup de problèmes de paludisme car ils ont très peu de moyens de se protéger", décrit aussi à l'AFP Nadia Dipsy, de la Croix-Rouge, qui a déployé des cliniques mobiles pour aller à leur rencontre. "La sécurité est toujours volatile", témoigne-t-elle. Or, "tant que la population ne se sent pas en sécurité, elle ne pourra pas rentrer chez elle".

A Yaloké et Bouca, MSF évoque une situation "critique". "En dépit de nos demandes répétées, les agences des Nations unies ne sont toujours pas intervenues" déplore MSF, qui les appelle à "apporter une réponse adaptée à la gravité et à l'ampleur des besoins".

A Bohong, Bocaranga, Bozoum (nord-ouest du pays), la situation reste "extrêmement tendue", rapporte à l'AFP Rosa Crestani, de MSF. "Il y a eu des accrochages, des déplacements. On a pris en charge des morts et des blessés sur place ces derniers jours", raconte-t-elle.

Mais dans tout le pays, "c'est la catastrophe sanitaire" décrit-elle: des "établissements pillés, des personnels médicaux qui ont pris la fuite". Un exemple: l'hôpital de Ouango, dans le sud du pays, qu'elle a visité. "L'hôpital était vide. Il n'y avait même pas d'ampoules. Les médecins se débrouillent avec les moyens du bord, opèrent avec une lampe frontale, sans stérilisation".

"Les informations qui nous remontent montrent que la crise est étendue dans tout le pays", dit à l'AFP Pablo de Pascual. Alors que les ONG sont confrontées à des difficultés d'accès à certaines zones, en raison de l'insécurité, mais aussi du manque de moyens face à l'ampleur des besoins, elles s'attendent à découvrir des "situations humanitaires".

Rosa Crestani, de Médecins sans frontières, qui a vécu quatre ans en Centrafrique dans les années 1990, se désole: "C'est à pleurer. Je ne reconnais plus le pays".

pau/ao/bma/sba

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