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Le Canada sans stratégie sur l'alzheimer

Le Canada sans stratégie sur l'alzheimer

La maladie d'Alzheimer et les démences associées sont parmi les plus grands défis de l'ensemble des systèmes du monde. D'ailleurs, un Sommet du G8 s'ouvrait mercredi, à Londres, sur le thème de la démence.

Un texte de Michel Rochon

Selon une étude du groupe Alzheimer Disease International, 135 millions de personnes dans le monde souffriront de maladies liées à la démence, comme la maladie d'Alzheimer, en 2050. C'est pourquoi le premier ministre britannique David Cameron a voulu occuper la présidence de ce sommet pour élaborer une action concertée des grands pays industrialisés pour réduire l'impact économique et social de cette épidémie.

Tous les pays du G8 sont dotés d'une stratégie nationale sur la démence, sauf le Canada. Pourtant, la démence coûte 33 milliards de dollars par année à l'économie canadienne soit en coûts directs de soins de santé ou en coûts indirects de perte de revenu des soignants membres de la famille. Selon la Société Alzheimer du Canada, ce montant devrait atteindre 293 milliards d'ici 2040.

L'Association médicale canadienne demande donc au gouvernement de Stephen Harper de s'attaquer rapidement au problème et de mettre sur pied une stratégie nationale en priorité. Pour son président, le docteur Chris Simpson, il faut que cette stratégie élabore une solution viable pour les 750 000 Canadiens qui vivent déjà avec la maladie dans un système de santé déjà surchargé, avec des soins de longue durée qui manquent de personnel et de places.

L'AMC presse donc Ottawa d'investir 25 millions de dollars sur cinq ans, dont 10 millions de dollars iraient pour la recherche médicale. Car pour l'instant, il n'y a aucun traitement efficace contre l'alzheimer et les démences associées.

Sans médicament efficace et vers des diagnostics de plus en plus précoces

Un dilemme important dans le traitement repose sur le fait qu'aucun médicament n'arrive à traiter adéquatement cette maladie. Certains médicaments arrivent à peine à retarder la progression inévitable des principaux symptômes, dont les fonctions psychomotrices, l'attention et la mémoire.

Au même moment, des chercheurs un peu partout dans le monde travaillent à développer des outils diagnostiques qui permettent pour la première fois de faire un diagnostic précoce et valide de la maladie sans attendre une autopsie.

Un de ces outils est le Cognigram, un produit élaboré par l'entreprise Cogstate qui permet d'évaluer de façon efficace les fonctions psychomotrices, l'attention, l'apprentissage et la mémoire de travail. Il s'agit d'un test simple qui utilise un programme informatique qui propose au patient de jouer à un jeu de cartes.

Cet outil diagnostique est maintenant disponible à faible coût au Canada en cabinet privé, car il n'est pas encore remboursé par les régimes d'assurance. Il est utile pour aider les médecins à trancher dans le diagnostic lorsque le patient est encore dans une « zone grise », c'est-à-dire une atteinte cognitive légère.

Pour le neurologue Louis Verret de la Clinique interdisciplinaire de la mémoire du CHU de Québec, cet outil peut faire un diagnostic précis au moment où le patient est encore assez lucide et présent pour lui permettre de rédiger son testament, préparer sa retraite et préparer sa famille et son lieu de vie aux événements qui vont inévitablement suivre.

Mais d'autres tests sont actuellement développés dans des laboratoires qui pourront un jour faire un diagnostic de la maladie d'Alzheimer de 10 à 15 ans avant l'arrivée des premiers symptômes. Les travaux du Britannique Eric Karran d'Alzheimer's Research pointent vers l'utilisation d'un tomographe à émission de positons - le TEP - avec un marqueur qui permet de détecter les premiers signes d'accumulation de la plaque amyloïde, le signe distinctif de la maladie dans le cerveau. La FDA - le Food and Drug Administration - a d'ailleurs approuvé l'an dernier un traceur radioactif - Amyvid - qui permet de voir les premiers signes de la maladie à l'aide du TEP.

Des tests sanguins et génétiques sont en développement pour permettre d'ici quelques années de diagnostiquer des années d'avance la maladie sans pour autant avoir des traitements efficaces à offrir.

Dans ce contexte, ces outils ne devraient pas être utilisés, selon le docteur Verret, pour lancer des campagnes de dépistage semblables à celles qui existent pour le cancer dans la perspective que les traitements actuels n'aient pas l'efficacité requise pour obtenir un gain tant pour le patient que pour le système de santé.

Mais aux NIH, les Instituts nationaux de santé américains, on rêve malgré tout de pouvoir constituer à l'aide de ces tests de dépistage précoce, d'immenses cohortes de patients sains pour tester de nouvelles molécules, de nouveaux médicaments dans l'espoir d'en trouver un qui pourrait un jour guérir l'alzheimer.

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