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Sans-abri d'une nuit pour comprendre une autre réalité

Sans-abri d'une nuit pour comprendre une autre réalité

Les yeux bouffis, le nez rougi et exténués... une vingtaine de chefs d'entreprises et de leaders de la communauté de Vancouver se sont réveillés dans un milieu qui leur est totalement inconnu, vendredi matin.

Ils venaient de passer une nuit avec des jeunes sans-abri, question de mieux comprendre leur réalité.

La nuit fut pénible pour la plupart des sans-abri d'un soir, surtout à cause du bruit du trafic nocturne et du froid qui les a empêchés de vraiment dormir.

Armés d'un simple sac de couchage et d'un morceau de carton comme matelas, la vingtaine de participants a affronté une température qui était loin d'atteindre celles des Prairies, bien souvent de moins 20 degrés Celsius.

Mais, avec l'humidité relative de Vancouver, la température ressentie était de moins 6 degrés Celsius, presque un record de froid pour la ville de la côte ouest.

Au petit matin, de nombreux participants ont affirmé qu'ils comprenaient maintenant pourquoi il était impossible de se concentrer pendant la journée après des nuits aussi difficiles.

Ces conditions déstabilisent davantage des jeunes qui sont déjà fragilisés dans un environnement propice à la violence, la drogue et la prostitution.

Chacun son histoire

En délaissant ainsi le confort et la sécurité de leur foyer, la vingtaine d'initiés répondaient à l'appel du refuge pour jeunes Covenant House, du centre-ville de la métropole britanno-colombienne.

Le projet s'inscrivait dans le cadre d'une campagne médiatique de financement pour amasser des fonds. D'ailleurs, l'objectif a été atteint, car le Covenant House a récolté 320 000 dollars, de quoi faire fonctionner le centre pour un mois.

Le refuge offre le gîte et le couvert à environ 1500 jeunes chaque année. Pour la plupart, il s'agit de jeunes qui ont subi des agressions physiques ou sexuelles. De plus, la moitié d'entre eux souffre de troubles mentaux.

Elaine Andy, une jeune autochtone de 21 ans, a regardé cette « opération d'un soir » d'un très bon il.

Cela fait 11 mois qu'elle séjourne au refuge. Au sortir d'une relation très abusive, elle a voulu retourner chez ses parents, mais la situation n'a fait que s'envenimer. Avant qu'elle ne dérive complètement, elle a été dirigée vers Covenant House qui l'a remise dans le droit chemin.

Avec une dizaine de ses collègues, elle a rencontré ces gens d'affaires qui étaient prêts à relever le défi d'une nuit froide dans la rue. Les échanges semblent avoir ouvert les yeux de ceux-ci sur la dure réalité de la rue et de sa misère quotidienne.

Forts d'une expérience enrichissante, les sans-abri d'un soir sont retournés à la maison prendre une bonne douche et vaquer à leurs occupations.

Certes, vivre cette expérience une seule nuit est loin de la réalité quotidienne de ces centaines de jeunes sans-abri de Vancouver et des autres villes canadiennes.

Mais l'initiative a aussi le mérite d'attirer l'attention des médias sur un problème de société qui se retrouve souvent occulté par d'autres mauvaises nouvelles.

D'après le reportage de Frédéric Arnould

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