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Louise Richer : bâtir sérieusement une école de l'humour

Louise Richer : bâtir sérieusement une école de l'humour

En 1988, l'École nationale de l'humour prenait vie sous la direction de Louise Richer. Vingt-cinq ans plus tard, l'école a pris sa place parmi les formations artistiques de pointe, et Louise Richer est toujours en place (au poste de directrice générale et pédagogique de l'École nationale de l'humour). « Je peux témoigner des différents obstacles et de la pertinence d'une formation. Inventer une école, ce n'est pas rien », raconte-t-elle.

Un texte de Ronald Georges

Les quatre premières années, de 1988 à 1992, furent une période d'expérimentation, mais déjà en 1992, le programme était présenté au ministère de l'Éducation. Par la suite, il ne restait qu'à convaincre les ministères de soutenir la formation. « Aujourd'hui, on sent que l'école est respectée. La rigueur de cette formation est comparable à celles de toutes les écoles artistiques au Québec », soutient Louise Richer, qui fait également remarquer l'intérêt que suscite l'école à l'étranger grâce au rayonnement de ses diplômés.

D'ailleurs, les humoristes Jean-Marc Parent et François Morency, et l'auteur Daniel Thibault (La vie parfaite, Mirador) font partie des premiers diplômés de cette année 1988.

Un colloque

Le colloque L'humour sens dessus dessous aura lieu à Montréal du 26 au 28 novembre à l'Université du Québec à Montréal. Il mettra de l'avant des exposés, des tables rondes, des prestations et une discussion entre Boucar Diouf et Dany Laferrière (porte-parole de l'École de l'humour en Haïti).

Les intervenants scruteront comment l'humour se développe dans des contextes sociaux comme ceux de la crise d'Octobre en 1970 et du printemps érable de 2012. « Nous voulons nourrir le patrimoine de l'humour au Québec, valoriser la recherche en humour et générer une fonction pluridisciplinaire de l'humour », affirme Louise Richer.

L'uvre du groupe humoristique Les Cyniques sera décortiquée durant le colloque, dans la foulée de la parution du livre Les Cyniques, le rire de la Révolution tranquille.

Les thèmes de la reconnaissance de l'humour, de la liberté d'expression et de la rectitude politique, des femmes et l'humour, de l'humour et du bien-être, et de l'humour au travail seront aussi discutés.

Louise Richer s'intéresse aussi à l'humour au travail. « C'est une grande tendance utilisée en gestion, qui est liée à la génération Y, dit-elle. C'est intéressant de voir que des caractéristiques de l'humoriste peuvent s'appliquer aux gestionnaires. »

Les femmes et l'humour

Lorsqu'on lui demande ce qu'elle pense de la sempiternelle question de la place des femmes en humour, Louise Richer fait remarquer qu'en 1989, l'École nationale de l'humour comptait six hommes et six femmes parmi ses étudiants. Depuis, les femmes représentent en général de 25 à 33 % de la cohorte étudiante.

Après 25 ans d'observation, Louise Richer a l'impression que beaucoup de femmes sont sur le point d'éclore auprès d'un grand public. « Je remarque que les femmes assument plus leurs flèches acérées. Et elles ont des univers très spécifiques. » Lors du colloque, la vulgarité avec les femmes et la notion du double standard seront abordées.

En parallèle au colloque, des galas pour se dilater la rate

« C'est la fête. Il y aura plusieurs références à leurs études et à leur formation », déclare tout de go Louise Richer à propos des humoristes qui seront des deux galas diffusés à ICI Radio-Canada Télé.

L'animateur François Morency recevra une foule d'humoristes, dont Louis-José Houde, Patrick Huard, Martin Matte, Mario Jean, Les Denis Drolet, Dominic Martin, Les Chick's Swell, Philippe Bond, François Bellefeuille, Adib Alkhalidey, Korine Côté, Cathleen Rouleau et Louis T. « Le spectacle mettra en vedette des têtes couronnées, des humoristes qui montent et des plus jeunes », raconte-t-elle.

Le numéro de l'audition à l'École nationale de l'humour, devenu un classique, sera présenté. « Il y a aura une diversité de genres d'humour, ce qui démontre bien ce que l'école apporte. »

L'avenir de l'École nationale de l'humour

Louise Richer « ose croire que les assises de l'école sont solides comme celles de l'École nationale de théâtre et les grandes écoles de danse ».

Elle croit fermement en l'avenir de l'école et elle souhaite que l'école diversifie ses formations, en offrant notamment des formations préparatoires et de la formation continue. « Déjà, nous donnons des cours à l'Union des artistes et au Regroupement pour la formation en audiovisuel du Québec », précise-t-elle.

Des cours spécialisés sur l'écriture en télévision et un volet de formation en entreprise d'applications transversales de l'humour sont aussi au programme. « Nous sommes très actifs pour comprendre les besoins du milieu », dit-elle.

Également, des projets à l'étranger et en ligne sont en vue.

Pour les 25 prochaines années, l'école a encore en tête bien des endroits où l'humour peut s'immiscer et formera solidement d'autres humoristes de talent.

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