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Le marché pour l'hydroélectricité de Muskrat Falls soulève des questions

Le marché pour l'hydroélectricité de Muskrat Falls soulève des questions

De plus en plus de gens s'interrogent sur la présence d'un marché pour exporter l'électricité qui sera produite à Muskrat Falls, sur le bas du fleuve Churchill, au Labrador.

Le chantier de Muskrat Falls est l'un des plus grands chantiers au Canada à l'heure actuelle. Le mégaprojet donne de l'emploi à des milliers de Terre-Neuviens et Labradoriens. Toutefois, des intervenants se demandent s'il est toujours aussi pertinent pour le développement économique de la province.

La première ministre Kathy Dunderdale croit plus que jamais à la pertinence du projet, depuis longtemps. C'était le rêve aussi de son prédécesseur, Danny Williams.

Le coût du projet est estimé à 7,7 milliards de dollars. Près de la moitié de l'énergie qui sera générée est destinée à la consommation locale. Le reste sera exporté. Un câble sous-marin transportera l'énergie du Labrador jusqu'aux États-Unis en contournant le Québec.

Est-ce vraiment la meilleure option pour l'avenir de la province et ses résidents? L'homme d'affaires Cabot Martin n'y croit pas. Il explique que dans le cadre du régime actuel, Terre-Neuve-et-Labrador va vendre de l'électricité, la majorité en Nouvelle-Écosse, pour 5 ¢ le kilowatt/heure alors qu'en fait le transport de cette énergie coûtera 15 ¢.

Cabot Martin est membre du groupe 2041, un regroupement de gens d'affaires opposés au projet hydroélectrique de Muskrat Falls. Cet ancien conseiller politique appuyait pourtant le projet lorsqu'il a été annoncé en 2010. Il explique qu'il a changé d'avis lorsqu'il a vu comment les États-Unis développaient leur propre industrie de l'énergie.

L'industrie du gaz de schiste a changé la donne

Le gaz de schiste a changé la situation, explique Jean-Thomas Bernard, professeur à l'Université d'Ottawa, qui étudie depuis longtemps la question de l'économie énergétique.

« Avec l'arrivée du gaz naturel de schiste, le prix du gaz naturel a chuté énormément. Ça fait chuter le prix à l'exportation pour l'électricité, de sorte qu'il n'est plus rentable de développer des sites hydroélectriques », affirme Jean-Thomas Bernard.

Kathy Dunderdale n'est pas d'accord. Elle a entendu des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre affirmer le contraire. Elle souhaite développer le projet afin qu'ils puissent en profiter.

Encore faut-il que le prix offert par Terre-Neuve-et-Labrador soit concurrentiel pour les Américains, selon Jean-Thomas Bernard. « Je vais les croire le jour où je vais les voir arriver avec des chèques, Mme, prêts à signer », ajoute-t-il.

Déjà près d'un milliard de dollars ont été distribués. Cabot Martin ajoute que le gouvernement peut difficilement reculer et qu'il court un risque énorme avec l'intérêt du public. Il croit que le gouvernement ne sait pas comment s'en sortir, et qu'il faut un courage politique énorme pour reconnaître ses torts et tout arrêter.

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