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Marc Bibeau, « le grand boss du financement » libéral, selon Zambito

Marc Bibeau, « le grand boss du financement » libéral, selon Zambito

Le nom de Marc Bibeau de Schokbéton a été évoqué à la commission Charbonneau par l'ex-député libéral de Vimont Benoît Fradet (1989-1997) et par l'ex-entrepreneur Lino Zambito. M. Bibeau est réputé proche de l'ex-premier-ministre Jean Charest et fort impliqué dans l'organisation et le financement du PLQ, sans que ces faits n'aient cependant jamais été confirmés publiquement.

Un texte de Bernard Leduc

Benoît Fradet, ancien membre de l'exécutif lavallois de Gilles Vaillancourt, est vice-président de Schokbéton, une entreprise qui appartient à la famille Bibeau et dont les entités ont été dans la mire de l'UPAC que dirigeait à l'époque Jacques Duchesneau.

M. Fradet est venu à la commission confesser son rôle de prête-nom pour le PRO des Lavallois, l'ancien parti du maire Gilles Vaillancourt. L'ex-député libéral a été interrogé sur Marc Bibeau, qui n'a sinon fait l'objet d'aucune allégation devant la commission.

Marc Bibeau est président des centres d'achat Beauward et actionnaire majoritaire de Schokbéton, une entreprise qui se spécialise dans la fabrication de poutres de béton. Selon M. Fradet, il n'a aucun rôle actif dans cette dernière entreprise, qui relèverait plutôt de son frère Robert Bibeau.

Malgré les questions du procureur, M. Fradet n'a pu apporter aucune précision sur le rôle joué par M. Bibeau au PLQ.

« Regardez, je lis les journaux comme tout le monde, mais moi je ne peux pas lui donner aucune responsabilité. Je sais qu'il était proche de monsieur Charest, mais regardez, je n'ai jamais été mêlé ni de proche, ni de loin avec ses activités, pas plus qu'il ne l'a été avec les miennes. C'est le frère de mon patron, c'est quelqu'un que je côtoie à l'occasion, mais je ne pourrais pas vous dire le rôle exact qu'il y tenait », a fait valoir Benoît Fradet.

Zambito dévoile un peu du mystère

Le témoignage de Lino Zambito a cependant permis d'avoir un aperçu du rôle de Marc Bibeau au sein du PLQ. L'ex-propriétaire d'infrabec a affirmé avoir été mis en contact avec Marc Bibeau à l'automne 2007 par Violette Trépanier, alors responsable du financement du parti, après avoir fait valoir son intention d'organiser une activité de financement pour la ministre Nathalie Normandeau.

La rencontre a lieu en novembre 2007 dans les locaux de M. Bibeau à Saint-Eustache, en présence de Mme Trépanier (ex-ministre de la Famille sous Robert Bourassa).

M. Zambito souhaitait notamment s'assurer de pouvoir tenir l'événement pour Mme Normandeau à Laval, fief de la ministre Michelle Courchesne, qu'il décrit proche du maire Vaillancourt.

« Monsieur Bibeau m'a regardé, il dit : ''Écoute, il n'y a pas de problème, tu veux le faire à l'Unique, fais-le à l'Unique''. (...) J'ai dit : ''Je veux inviter une vingtaine de personnes, vingt, vingt-cinq personnes, et aller chercher un montant de cent mille dollars''. Monsieur Bibeau m'a dit : ''Écoutez, n'oubliez pas que la loi permet un don de trois mille dollars par individu''. J'ai dit : ''C'est très bien'' ».

« Ça fait qu'il a averti madame Trépanier de vérifier avec monsieur Lortie de la disponibilité dans l'agenda de la ministre Normandeau. Et lui, il s'est engagé personnellement à parler à madame Courchesne pour s'assurer qu'il n'y ait pas de différend. Ça fait qu'à partir de là, j'ai eu le O.K., je suis parti et j'ai commencé à faire les démarches pour inviter du monde à cet événement-là ». Bruno Lortie était le chef de cabinet de la ministre Nathalie Normandeau.

M. Zambito affirme avoir amassé 110 000 $ lors de cet évènement du 31 janvier 2008 où sera incidemment présent Marc Bibeau. Un rapport du Directeur général des élections (DGE) déposé en preuve indique cependant que le PLQ a reçu 77 500 $ au terme de cet évènement, grâce à des billets vendus 1000 $ chacun.

M. Zambito a expliqué que Marc Bibeau lui avait toujours été présenté comme « le grand argentier du parti libéral du Québec », « le grand boss du financement ».

Bibeau faisait du financement sectoriel

Marc Bibeau a enfin été mentionné, au détour d'une phrase, par le vice-président de SNC-Lavalin, Yves Cadotte, qui l'a décrit comme l'une des deux personnes qui collectaient auprès de sa firme au nom du PLQ pour du financement sectoriel : « Il y avait madame Violette Trépanier puis monsieur Marc Bibeau ».

Dans un article d'octobre 2010, le journaliste André Noël, maintenant enquêteur à la commission, rapportait, selon des sources libérales proches de Jean Charest, que seul Marc Bibeau pouvait prétendre au titre de « responsable du financement » au PLQ, soit davantage que Franco Fava et Charles Rondeau.

« Une source a indiqué à La Presse qu'un membre de l'équipe de M. Charest a déjà conseillé à Liza Frulla de prendre contact avec Marc Bibeau si elle souhaitait être nommée à un poste de responsabilité dans une société d'État. (...) Choquée de se faire dire de contacter M. Bibeau, elle a refusé de faire cette démarche ».

La Presse a tenté alors, en vain, de savoir du PLQ si M. Bibeau agissait toujours comme collecteur de fonds.

En mai 2013, Denis Lessard de La Presse a obtenu copie d'une cinquantaine de pages de l'agenda de Jean Charest. Selon ce que le journaliste en rapporte, le 28 novembre 2001, Marc Bibeau aurait notamment accompagné celui qui était alors chef de l'opposition officielle dans une « tournée des bureaux » de la place Ville-Marie en quête de financement sectoriel.

La commission Charbonneau a fait ses choux gras de cette pratique, qui vise à cibler des milieux particuliers pour obtenir du financement et qui, dans les faits, a donné lieu à un recours massif aux prêtes-noms.

L'ancien premier ministre n'a pas commenté les révélations de La Presse. Son adjoint chez McCarthy Tétreault , Gregory Laroque, a précisé à La Presse que « M. Charest a toujours respecté les règles de financement ».

Amir khadir dénonce l'influence de Bibeau

En 2010, le député de Québec solidaire a dénoncé en chambre la grande influence alléguée de Marc Bibeau auprès du premier ministre Jean Charest.

Il s'est notamment interrogé sur ce qui avait pu justifier sa présence à la table de M. Charest lors d'une réception en l'honneur du président américain George W. Bush en novembre 2004.

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