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«Le Balcon» au TNM : l'image avant tout... (CRITIQUE/PHOTOS, VIDÉO)

«Le Balcon» au TNM : l'image avant tout... (CRITIQUE/PHOTOS)

Un metteur en scène de renom, une distribution où se bousculent les acteurs d'exception, un enrobage de faste et de luxure, telles sont les qualités principales du Balcon, une œuvre où l'image prend toute la place, à défaut de toucher le cœur ou de réellement marquer l'esprit.

La révolution gronde à l'extérieur, le peuple se révolte. Mais dans le bordel de Madame Irma, enjolivé sous le nom de « maison d'illusions », la corruption du paraître ne fait pas relâche. Pendant qu'un simple badaud paie des liasses de billets pour se déguiser en évêque et offrir le repentir à une femme peu habillée, un autre prend les couleurs d'un général et chevauche une « jument » rousse et volontaire, alors qu'un troisième se prend pour un magistrat détenant le sort d'une jouvencelle voleuse entre ses mains.

À la tête de cette maison d'une époque volontairement indéterminée, Irma profite du travail de la dévouée Carmen, longtemps reconnue pour ses incarnations fantasmagoriques d'Immaculée-Conception, en plus de garder près d'elle le chef de police, avec qui elle entretient un rapport de tendresse intéressé. Au-dehors, les révolutionnaires préparent la fin du pouvoir tel qu'il est et où qu'il soit.

Tout au long de cette pièce écrite par Jean Genet, les hommes se glorifient d'une fausse autorité, distillent le temps dont ils disposent en observant leur reflet dans les miroirs et se donnent l'impression d'exister hors de leur petite vie minable.

Sur les planches du TNM, tout n'est que mise en scène. Une à la fois, les chambres d'illusions roulent vers l'avant pour donner à manger aux spectateurs voyeurs. Les miroirs se font face. Les costumes - d'une beauté hallucinante - suffisent à se croire tout puissant. Les pirouettes mécaniques du théâtre permettent à toutes ces fausses vérités de prendre l'ascendant sur les véritables mensonges. Tout est habilement mis en place par René Richard Cyr pour donner libre cours à cette illusion d'une autre vie.

Pendant près de deux heures sans entracte, nos yeux spectateurs sont divertis et notre analyse de la moralité et la vérité est mise à contribution, mais rarement sommes-nous émotivement interpellés par ce qui se déroule sur scène. Exagérément bavarde, telle une œuvre qui voudrait nous étourdir comme le font les costumes, les nuages de fumée et les décors, la production nous perd en cours de route.

Triste ironie du sort : on accepte de se laisser perdre, de ne plus chercher à comprendre et de gober quelques bribes de vérités ou de mensonges au passage. Un peu comme le font ces hommes qui paient pour entretenir l'illusion ou ces spectateurs qui paient pour quitter le mensonge de leur vie pendant deux heures en allant au théâtre...

L'imposante distribution regorge de talents (Marie-Thérèse Fortin, Julie Le Breton, Vincent-Guillaume Otis, Benoit Drouin-Germain, Roger La Rue, Macha Limonchik, Éric Bernier, pour ne nommer que ceux-là), mais on ne peut faire autrement que de sentir les acteurs ramer, bûcher et travailler pour rendre intéressants des personnages dont le destin ne nous préoccupe guère.

C'est peut-être beau et brillant, mais tel un bijou croisé le temps d'une soirée, ça s'oublie rapidement.

Le Balcon - 5 au 30 novembre 2013

La Balcon au TNM

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