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Stress post-traumatique: plus de 2000 anciens de la GRC atteints

Stress post-traumatique: plus de 2000 anciens de la GRC atteints
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Des voix s'élèvent pour dénoncer l'inaction de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), dont plus de 2000 anciens membres reçoivent des prestations d'invalidité pour trouble de stress post-traumatique (TSPT).

Ce nombre représente le double d'il y a cinq ans, selon les données du ministère des Anciens combattants, obtenus par Radio-Canada. Au total, 1077 anciens de la GRC recevaient des prestations pour TSPT en 2007-2008. Ce nombre a bondi à 2176 en 2012-2013.

L'Ouest du pays affiche les chiffres les plus élevés. À titre comparatif, la région de l'Atlantique, deuxième plus touchée, comptait trois fois moins de prestataires durant la dernière année fiscale. Dans ces deux régions, la GRC est plus présente qu'au Québec ou en Ontario, qui ont chacune une force policière provinciale.

La Manitobaine Linda Perchaluk estime que la mort de son mari aurait pu être évitée. En août dernier, l'agent Adrian Gulay a mis fin à ses jours, après avoir quitté son emploi parce qu'il n'en pouvait plus. Il y a cinq ans, lors d'une intervention violente dans la région de Roblin, l'agent Gulay a reçu du sang contaminé en plein visage. Selon sa femme, c'est à ce moment qu'il a commencé à dépérir parce qu'il craignait pour sa vie.

Confrontée aux cauchemars et à la dépendance de son mari, tant aux médicaments qu'à l'alcool, Mme Perchaluk raconte avoir envoyé des dizaines de lettres et courriels à la GRC pour obtenir de l'aide, mais en vain.

Peur de parler

La GRC admet qu'elle ne sait pas réellement combien de ses membres ou retraités souffrent du TSPT. « Par le passé [...], il y avait des gens qui doutaient de l'intégrité de ces gens-là », explique le commissaire adjoint aux ressources humaines de la GRC, Gille Moreau.

« C'est des choses du passé », clame-t-il toutefois. « Il y a encore peut-être quelques pochettes de résistances à l'intérieur de l'organisation, mais c'est quelque chose que nous adressons [sic]. »

Le sergent d'état-major à la retraite Murray Brown, en Nouvelle-Écosse en témoigne. Pendant ses 38 ans de services, il a vécu beaucoup d'événements traumatisants, comme le meurtre d'une jeune fille de l'âge de ses enfants.

Il reçoit des traitements pour son TSPT depuis cinq ans, mais affirme être malade depuis bien plus longtemps et n'avoir jamais osé en parler à ses supérieurs, de crainte que cela affecte sa carrière. Et il n'estime pas être le seul.

La GRC a à coeur la santé de ses membres, fait plutôt valoir la porte-parole en santé et sécurité au travail du corps policier, Sylvie Chateauvert.

Ne pas se savoir malade

D'autres membres de la police fédérale souffrent sans savoir qu'ils sont peut-être atteints du TSPT. « C'était un temps très difficile pour moi, j'ai commencé à avoir des problèmes, je pense au suicide. Une journée, j'étais très proche de ça », dit notamment Eric Rebiere, un retraité comptant 24 ans de service à la GRC.

Pendant 10 ans, il a souffert de TSPT sans le savoir. Selon lui, il était devenu un danger pour ses collègues. Toutefois, parce qu'il a aussi déjà été militaire, il a eu accès à un programme d'aide par les pairs des Anciens combattants.

Ce programme n'est pas offert par la GRC. Les policiers fédéraux ont accès à un médecin et un psychologue, parfois seulement au téléphone. Pour les postes dangereux, ils reçoivent une évaluation annuelle de leur santé mentale. Ce n'est pas suffisant, selon M. Rebiere. « Aller voir le docteur, retourner à la maison, boire de l'alcool comme moi, j'ai fait ça. C'est une recette pour le suicide, ça », lance-t-il.

D'après un reportage de Karine Morin, à ne pas manquer au Téléjournal Manitoba