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 La ministre italienne de la Justice dans la tourmente

La ministre italienne de la Justice dans la tourmente

La ministre italienne de la Justice, Anna Maria Cancellieri, a défendu sa probité samedi alors que se multiplient les appels à sa démission pour avoir fait sortir de prison la fille gravement malade d'un sulfureux magnat des assurances.

Le Mouvement Cinq Étoiles de Beppe Grillo avait annoncé dès vendredi qu'il déposerait une motion de défiance au Parlement.

Le Parti démocrate du président du Conseil, Enrico Letta, a de son côté appelé la ministre à venir s'expliquer devant les députés.

Anna Maria Cancellieri, membre du parti centriste de l'ancien président du Conseil Mario Monti, qui l'avait nommée à l'Intérieur lorsqu'il dirigeait le gouvernement, comparaîtra devant les deux chambres du Parlement mardi, a précisé un porte-parole.

Réagissant pour la première fois à cette polémique, Enrico Letta s'est dit « convaincu », dans un communiqué diffusé samedi, que cette audition « lèverait tous les doutes » pesant sur sa ministre.

Anna Maria Cancellieri s'est aussi défendue samedi d'avoir abusé de ses fonctions.

« J'ai consenti à une intervention humanitaire justifiée par le risque de voir une prisonnière mourir », a-t-elle déclaré à la RAI, après avoir admis cette semaine qu'elle avait demandé aux autorités pénitentiaires de vérifier l'état de santé de Giulia Ligresti, la fille aînée du magnat des assurances Salvatore Ligresti, 81 ans.

« J'avais le devoir de faire ce que j'ai fait pour une personne souffrant d'anorexie qui ne s'était pas alimentée depuis plusieurs jours et qui a des enfants en bas âge », a-t-elle déclaré un peu plus tard à la presse.

Des liens familiaux suspects

Le scandale a éclaté jeudi lorsque le journal La Repubblica a publié la transcription d'une conversation téléphonique entre Anna Maria Cancellieri et la femme de Ligresti, le jour où le mari et les deux filles de cette dernière ont été arrêtés, en juillet dernier.

« Vous pouvez compter sur moi », lui a assuré la ministre, selon la transcription dont Reuters a obtenu une copie.

La conversation a été enregistrée dans le cadre de l'enquête d'un tribunal de Turin sur des soupçons de « falsification de bilan » et de « manipulation du marché » par la famille Ligresti lorsque celle-ci dirigeait l'assureur Fondiaria-SAI.

Giulia Ligresti a été libérée de prison et placée en résidence surveillée le 28 août, après plusieurs appels téléphoniques de sa famille à Anna Maria Cancellieri.

Le tribunal de Turin a assuré vendredi que cette décision n'avait pas été dictée par une intervention de la ministre, mais par des considérations purement médicales.

Mais l'amitié de longue date entre les familles Cancellieri et Ligresti, et le fait que le fils Cancellieri a gagné des millions d'euros en occupant des fonctions exécutives chez Fondiaria-SAI pendant à peine plus d'un an, en 2011-2012, alimente les suspicions.

L'intervention de la ministre « peut ressembler au paiement d'une dette après les gains de son fils », a écrit samedi Beppe Grillo sur son blogue, en dénonçant « les liens inextricables entre politiciens, banquiers, institutions et investisseurs ».

Reuters

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