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Pékin soupçonne une attaque-suicide sur place Tiananmen

Pékin soupçonne une attaque-suicide sur place Tiananmen

Le gouvernement chinois soupçonne que l'accident et l'incendie d'une voiture sur la place Tiananmen, qui ont fait 5 morts et 38 blessés lundi, étaient un attentat-suicide, rapportent des sources au fait du dossier ou proches du pouvoir chinois.

Cinq personnes ont péri lorsqu'un 4x4 a percuté des piétons avant de prendre feu à proximité de l'entrée de la Cité interdite et du portrait géant de Mao Zedong.

Les autorités chinoises n'ont fait aucun commentaire sur les raisons de l'explosion survenue sur cette place symbole du mouvement de contestation démocrate de 1989 réprimé dans le sang. Mais, selon une source au fait du dossier, « cela ressemble à une attaque-suicide préméditée ». Cette source, qui a requis l'anonymat, a ajouté que les occupants de la voiture auraient utilisé une substance inflammable.

Tous trois sont morts sur les lieux ainsi que deux touristes.

« Ce n'était pas un accident. La Jeep a renversé des barrières et a délibérément foncé sur des piétons. Les trois hommes [à bord] n'avaient prévu aucun plan pour fuir les lieux », a déclaré une seconde source, liée au pouvoir chinois. L'attaque, a-t-elle ajouté, serait en rapport avec la réunion le mois prochain du comité central du Parti communiste chinois, qui doit se prononcer sur des réformes économiques majeures.

Des Ouïghours recherchés

Lundi soir, plusieurs heures après l'incendie, la police de Pékin a annoncé qu'elle recherchait, en liaison avec « un incident majeur », deux suspects originaires du Xinjiang, province troublée de l'ouest de la Chine.

La notice ne fait pas explicitement référence à ce qui s'est passé sur la place Tiananmen et aucune précision n'a pu être obtenue auprès de la police de Pékin, contactée par téléphone. De même, le gouvernement régional du Xinjiang n'a donné suite à aucun appel. Mais des policiers ont diffusé auprès des propriétaires d'hôtel une notice concernant deux clients suspects arrivés depuis le premier octobre et qui seraient originaires du Xinjiang.

Compte tenu de leurs noms, les suspects appartiendraient à l'ethnie des ouïghours, minorité turcophone vivant dans la province du Xinjiang dont des éléments séparatistes ont été accusés par le pouvoir central d'une série d'attentats.

Quatre plaques d'immatriculation appartenant à la province de Xinjiang sont également évoquées. « Afin d'empêcher les suspects et d'autres véhicules de commettre de nouveaux crimes, informez les services de police de tout élément concernant ces suspects et ces véhicules », peut-on lire dans cette notice distribuée à plusieurs hôtels de la capitale et reproduite sur des sites locaux.

Les violences séparatistes imputées aux Ouïghours n'ont jamais atteint Pékin, en dépit d'interrogations sur les auteurs d'une attaque à la bombe contre un bus de la capitale qui avait fait deux morts en 1997.

Des combattants formés en Syrie?

D'après le compte rendu officiel de l'« accident » par la police de Pékin, un véhicule 4x4 a quitté la chaussée dans la partie nord de la place, haut lieu du tourisme dans la capitale chinoise, et franchi des barrières avant de prendre feu à proximité immédiate de l'entrée de la Cité interdite, devant un portrait géant de Mao.

Des photos vues par Reuters suggèrent que le véhicule a parcouru plusieurs centaines de mètres sur la partie réservée aux piétons, renversant des passants avant de prendre brutalement feu.

Une témoin s'exprimant sous couvert de l'anonymat a dit avoir vu la voiture renverser trois ou quatre personnes. Elle a ajouté avoir vu sur le véhicule une bannière blanche avec des caractères inscrits en noir. Les gens ont commencé à paniquer et nous nous sommes tous cachés dans des toilettes. Trois ou quatre minutes plus tard, je suis ressortie et j'ai pu voir de la fumée noire. La police avait commencé à disperser les gens », a-t-elle raconté.

Les mesures de sécurité ont aussitôt été renforcées dans la capitale chinoise.

En juillet dernier, la presse officielle chinoise rapportait que le gouvernement soupçonnait des éléments extrémistes du Xinjiang de se former au combat au sein de la rébellion syrienne et de projeter des attentats à leur retour en Chine. « Depuis 2012, certains membres de factions du Turkestan oriental ['État indépendant que les séparatistes ouïghours sont accusés par Pékin de vouloir créer] ont pénétré en Syrie depuis la Turquie, rejoint des organisations extrémistes, religieuses et terroristes au sein des forces de l'opposition et combattu contre l'armée syrienne », affirmait le Global Times, un journal dépendant directement du Quotidien du peuple, l'organe officiel du Parti communiste chinois.

« Dans un même temps, ces éléments du Turkestan oriental ont désigné des candidats pour s'introduire sur le territoire chinois et mener des attaques terroristes », ajoutait le journal.

Reuters

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