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Commission Charbonneau: Ken Pereira contre-interrogé par un de ses anciens syndicats

Pereira contre-interrogé par un de ses anciens syndicats
Capture d'écran

EN DIRECT - L'avocat de la FTQ-Construction a tenté de dépeindre Ken Pereira comme un individu agressif qui, insulté par la façon dont Jocelyn Dupuis aurait tenté de le tasser, se serait retourné contre lui. Il a aussi insisté lourdement sur le vol par M. Pereira des factures mirobololantes de l'ex-directeur général de la FTQ, geste qui a entraîné la chute de ce dernier.

Un texte de Bernard Leduc

À Me Denis Turcotte, qui lui a demandé s'il avait un « caractère orageux », l'ex-syndicaliste s'est plutôt décrit comme insistant et tenace : « Comme beaucoup de directeurs qui se font piller dessus, je me tiens debout ».

Il croit par ailleurs que ce n'est pas en raison de sa compétence que M. Dupuis a voulu l'écarter, précisant que jamais ce dernier ne lui a dit qu'il faisait mal son travail de directeur général du local 1981 des mécaniciens industriels affilié à la FTQ-Construction. Il ajoute que sa ténacité était en fait bien vue par M. Dupuis.

La commissaire Charbonneau s'est lassée de la façon de Me Turcotte d'insister sur le caractère de M. Pereira pour le discréditer et l'a rappelé à l'ordre : « Vous allez arrêter, vous allez passer à d'autres choses ».

M. Pereira a par ailleurs admis une fois de plus qu'il avait volé, dans les bureaux du comptable de la FTQ-Construction, une partie des comptes de dépenses de Jocelyn Dupuis, mais rappelle qu'à l'époque, personne à qui il avait montré ces factures n'avait présenté l'affaire comme un vol.

« Je les ai donnés à Michel Arsenault (président de la FTQ), il ne m'a pas traité de voleur », a-t-il souligné.

Il a rappellé, comme il l'avait fait tout au long de son témoignage, qu'il les avais pris afin de dénoncer le train de vie de M. Dupuis, mené au dépend des travailleurs. Il a aussi convenu qu'il avait appris à haïr Jocelyn Dupuis et dit que s'il y avait un besoin de commissions comme la commission Charbonneau, c'est à cause d'individus comme lui.

La FTQ-Construction a été fort malmenée par les nombreuses allégations de l'ex-syndicaliste devant la commission Charbonneau, notamment à l'endroit de son ancien directeur général Jocelyn Dupuis.

Elle voudra vraisemblablement revenir cet après-midi sur les liens que Jocelyn Dupuis aurait entretenus, selon M. Pereira, avec les Hells Angels et la mafia, au vu et au su des gens de son syndicat.

Les rivalités syndicales au coeurs des questions du CPQMC

Plus tôt ce matin l'avocat du CPQMC-International avait tenté de semer le doute sur les allégations de Ken Pereira selon lesquelles les membres du local 1981 de la FTQ-Construction auraient fait les frais des rivalités entre syndicats.

M. Pereira a appartenu au local 2182 de ce syndicat avant de passer à la FTQ-Construction vers 2005-2006.

Me Dumais est notamment revenu sur une plainte déposée par les membres du 1981 de M. Pereira pour discrimination à l'embauche qui avait été jugée abusive par la Commission des relations du travail.

Dans la plainte, ces travailleurs soutiennent qu'après avoir quitté le 2182 pour la FTQ-Construction, ils n'ont pas pu travailler sur des chantiers et concluent donc faire les frais d'un boycottage en raison de leur changement d'allégeance.

M. Pereira a répliqué à sa défense qu'il pourrait produire des dizaines d'heures de discussions avec des employeurs qui prouvent l'existence de pratiques discriminatoires dans l'embauche qui reflètent les luttes d'influence entre syndicats. Les employeurs n'ont cependant pas voulu témoigner dans ce dossier.

« Je vous dis qu'il y a de la discrimination et vous, vous le savez », a-t-il lancé à l'avocat du CPQMC ». « Les tactiques qu'on a utilisées, c'était pour améliorer le sort ».

Le 7 octobre, le contre-interrogatoire de l'ex-syndicaliste avait été suspendu pour un temps indéterminé à la suite d'une chute accidentelle devant sa résidence il y a trois semaines.

L'homme, qui souffrait d'un traumatisme crânien, s'est depuis rétabli. Lors de la première partie de son contre-interrogatoire, M. Pereira avait dû admettre qu'il n'avait pas quitté de son plein gré le CPQMC pour la FTQ, mais qu'il avait été, de fait, congédié.

L'ex-syndicaliste avait aussi convenu avoir fait du maraudage illégal auprès du CPQMC au bénéfice du local 1981 des mécaniciens industriels de la FTQ-Construction, qu'il dirigera jusqu'en 2010.

Le Fonds de solidarité FTQ avait pour sa part annoncé, à la fin du témoignage de M. Pereira, qu'il se réservait le droit de contre-interroger l'ancien directeur général du local 1981 des mécaniciens industriels (2005-2010), mais qu'il attendrait la fin de ces deux premiers contre-interrogatoires avant de faire savoir s'il va de l'avant.

La saga des écoutes électroniques

L'enquêteur Cloutier devait dans un premier temps être entendu la semaine du 15 octobre, pour pallier l'absence prolongée de M. Pereira, mais avait plutôt été remplacé à la barre par Gaétan Morin, vice-président au développement corporatif et investissement du Fonds, pour un exposé didactique sur le fonctionnement de cette institution.

Le procureur Simon Trembay avait alors expliqué procéder ainsi « par respect » pour la Cour d'appel.

Celle-ci devait, en effet, entendre sous peu la requête en sursis du Fonds visant à interdire à la commission l'usage d'écoutes électroniques de certains de ses dirigeants effectuées, entre 2007 et 2009, dans le cadre du second volet de Diligence, tant que la Cour supérieure ne se serait pas prononcée sur la constitutionnalité de leur utilisation.

L'opération de la Sûreté du Québec s'inscrivait dans le cadre d'une enquête portant sur l'infiltration de l'économie légale par le crime organisé.

Les écoutes que devait venir présenter M. Cloutier n'étaient cependant pas visées par la requête. Il s'agit d'enregistrements effectués dans le cadre des élections à la FTQ-Construction de novembre 2008.

Le rejet par la Cour d'appel, le 18 octobre dernier, de la requête en sursis, venu confirmer la décision en ce sens de la Cour supérieure du 11 octobre précédent, de même que celle de la commissaire Charbonneau elle-même, devrait donc se traduire par un usage prochain par la commission d'extraits de ces enregistrements.

La Cour supérieure doit sinon entendre, les 28 et 29 octobre, la requête sur la constitutionnalité même de l'usage par la commission des écoutes, déposée par le Fonds de solidarité, le président de la FTQ et président du CA du Fonds Michel Arsenault, ainsi que par l'ancien PDG de SOLIM, le bras immobilier du Fonds, Guy Gionet.

La décision de la cour pourrait cependant ne pas être rendue avant plusieurs mois.

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Tony Accurso

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