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Course à la direction d'Option nationale: vers un couronnement?

Course à la direction d'Option nationale: vers un couronnement?
Agence QMI

Les dés étaient-ils pipés dans la course à la direction d'Option nationale? C'est du moins ce que dénoncent certains membres du parti.

Plus que deux candidats sont en lice pour succéder au chef fondateur du parti, Jean-Martin Aussant, le 26 octobre prochain. Il s'agit de Sol Zanetti et Nic Payne, tous deux membres du Conseil national du parti. Un troisième candidat, Jean-Claude St-André, s'est retiré à la fin du mois de septembre et a publiquement donné son appui à Sol Zanetti.

Toutefois, certains membres dénoncent le fait que les règles de la course à la direction ont été décidées à huis clos par le Conseil national. Seuls les membres ayant obtenu leur carte avant le 23 août pourront voter pour le prochain chef. Les candidats, eux, avaient jusqu'à la mi-septembre pour se manifester. Les règles ayant été dévoilées le 14 août, ces modalités laissaient peu de temps pour de nouveaux candidats et leurs supporters.

«Le Conseil national et la chefferie d'ON sont en train d'effectuer un "couronnement"», dénonce une source au sein de l'exécutif du parti, au sujet de Sol Zanetti.

Dans d'autres partis, les courses à la direction sont l'occasion de faire le plein de membres. Lors de la course à la chefferie du Parti libéral du Canada au printemps dernier, les nouveaux membres pouvaient s'inscrire jusqu'à trois semaines avant l'élection du nouveau chef.

Au parti, on explique que Nic Payne et Sol Zanetti n'ont pas assisté à ces réunions du Conseil national, étant donné leur volonté affichée de se présenter. «Catherine Dorion n'a pas participé non plus, puisqu'elle supportait publiquement Sol Zanetti», dit Louis-Philippe Dubois, directeur de l'organisation. Finalement, moins de 10 membres du Conseil national ont voté les règles de la course à la succession.

«Je n'ai pas eu de contact avec les membres du conseil à ce sujet»

Sol Zanetti nie avoir eu une quelconque influence sur le Conseil national. «J'ai assisté à la première réunion, mais c'est tout, dit-il. Dès que j'ai choisi de me présenter, je me suis retiré du conseil. Il y a eu de nombreuses réunions par la suite et les règles en place sont très différentes de ce qui était discuté à ce moment-là.» Le conseil planchait alors sur un principe de délégués, mais a opté pour l'universalité du vote après avoir consulté les membres du parti.

«Après cette première réunion, je n'ai pas eu de contact avec les membres du conseil à ce sujet», ajoute Sol Zanetti.

Fait étonnant, Sol Zanetti a annoncé sa candidature à peine une demi-heure après le dévoilement des règles de la course à la succession. Aucun candidat n'était censé connaître les modalités avant leur dévoilement officiel. «Je me présentais pour accomplir mes objectifs, peu importe les règles retenues», dit Sol Zanetti.

Une course à huis clos

Le président-fondateur du Nouveau mouvement pour le Québec, Jocelyn Desjardins, a été rebuté par les règles de la course au leadership. Alors qu'il avait annoncé publiquement qu'il songeait à se porter candidat, il a finalement refusé au lendemain du dévoilement des modalités de la course.

«La décision de ne même pas donner deux semaines aux candidats pour vendre des cartes de membres après la rentrée scolaire et le retour des vacances a été la raison pour laquelle je n'ai pas plongé, explique-t-il. J'ai trouvé cette décision déraisonnable et elle m'a donné l'impression que le parti ne voulait pas vraiment croître, mais faire ce débat à la direction les portes fermées, à huis clos.»

En août dernier, il dénonçait également dans une lettre ouverte un «esprit de méfiance» au sein des dirigeants du parti. «Un esprit de méfiance s’est emparé tout à coup de ses dirigeants et ils ont changé trois fois en quatre jours les règles de la course qu’ils voulaient établir, écrivait-il. Ce qui les a fait réagir autant ? Des candidats éventuels qu'ils prennent pour des impies à la solde d'autrui. Triste, il ne leur est jamais venu à l’esprit que la réflexion de ces candidats pouvait être authentique. Ce n'est pas avec un tel manque de confiance qu'on peut mener à terme le projet d'indépendance du Québec.»

«Ils ont des amis au Conseil national, c'est une réalité»

Le président d'élection d'Option nationale, Florent Michelot, défend l'intégrité de la course à la direction. En limitant le droit de votre aux membres inscrits avant le 23 août, le parti souhaitait éviter des adhésions massives, «sans engagement réel» des nouveaux membres, explique-t-il.

De plus, Option nationale souhaitait avoir le temps de vérifier l'identité des adhérents, afin d'éviter les inscriptions frauduleuses. On se souviendra qu'Infoman a déjà fait inscrire une plante verte, une fillette de trois ans et un chihuahua comme membres du PQ. Il avait également voté sous le nom du défunt président du Gabon Omar Bongo lors de la course à la direction de l'ADQ.

Quant à l'influence alléguée des candidats Nic Payne et Sol Zanetti sur leurs collègues du Conseil national, Florent Michelot confirme les rumeurs. «Certaines personnes affirment qu'ils auraient pu influencer le Conseil national, dit-il. Mais je peux vous confirmer qu'ils ne siégeaient pas.»

«S'il y a eu des pressions, ça aurait pu jouer en faveur de l'un ou l'autre des candidats», ajoute-t-il.

Le directeur d'élection a d'ailleurs reçu une plainte accusant Nic Payne d'avoir fait pression sur le Conseil national dans l'adoption des règles. Mais il affirme qu'aucun élément de preuve ne vient corroborer cette allégation et que la plainte sera rejetée. «Rien ne me permet de dire que la course a été entachée jusqu'ici», dit-il.

L'annonce de la candidature de Sol Zanetti pratiquement au même moment que le dévoilement des règles de la course à la direction a également fait sourciller le directeur d'élection du parti. «C'est particulier», convient-il.

Florent Michelot affirme qu'une fuite est toujours possible. «On ne peut pas empêcher les gens de se parler, mais je ne sais pas si c'est arrivé, dit le directeur d'élection. Ils ont des amis au Conseil national, c'est une réalité.»

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