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Apple: Carl Icahn remet la pression sur le géant après avoir sorti ses millions de Netflix

Le milliardaire Carl Icahn met la pression sur Apple
Carl Icahn, billionaire investor and chairman of Icahn Enterprises Holdings LP, stands outside of the Nasdaq MarketSite in New York, U.S., on Tuesday, March 27, 2012. Icahn announced his intention last month to offer $30 a share and give CVR Energy Inc. holders a right to as much as an additional $7 a share, a proposal that values the company at at least $2.6 billion, according to Bloomberg via Getty Images calculations. Photographer: Scott Eells/Bloomberg via Getty Images
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Carl Icahn, billionaire investor and chairman of Icahn Enterprises Holdings LP, stands outside of the Nasdaq MarketSite in New York, U.S., on Tuesday, March 27, 2012. Icahn announced his intention last month to offer $30 a share and give CVR Energy Inc. holders a right to as much as an additional $7 a share, a proposal that values the company at at least $2.6 billion, according to Bloomberg via Getty Images calculations. Photographer: Scott Eells/Bloomberg via Getty Images

Le "raider" a encore frappé ! A peine sorti du capital de Netflix, le milliardaire Carl Icahn a déjà une idée pour réinvestir les 800 millions de dollars qu'il a gagné, selon lui, "grâce à Kevin Spacey": Apple. L'investisseur le plus adepte des réseaux sociaux s'est fendu d'un tweet évocateur mercredi soir, juste avant la clôture de Wall Street. La pression n'a jamais semblé aussi forte sur le conseil d'administration de la pomme.

"Je viens juste d'envoyer une lettre à Tim Cook (ndlr: patron d'Apple). Le contenu sera bientôt dévoilé sur mon site internet, qui sera lancé demain (jeudi)". Derrière ce mot doux, le milliardaire laisse présager une nouvelle prise de participation dans Apple. Carl Icahn veut bousculer la plus grosse valorisation de l'histoire du capitalisme (477 milliards de dollars), et il tient à vous le faire savoir.

Si vous ne connaissez pas Carl Icahn, c'est un investisseur américain célèbre pour ses attaques hostiles sur les entreprises. Comme beaucoup d'autres dans les années 1980, il a constitué sa fortune en partie grâce aux junk bonds (obligations hautement spéculatives). Oliver Stone s'est largement inspiré de sa personnalité pour créer Gordon Gekko, le personnage joué par Michael Douglas dans Wall Street (1987). Un investisseur dont il convient de se méfier, donc.

Il fait vaciller l'action Apple grâce à Twitter

L'intérêt de Carl Icahn pour Apple remonte au 12 août dernier, jour où il a annoncé sur Twitter détenir une "importante participation" dans l'entreprise. Selon CNBC, il aurait investi environ 2 milliard de dollars, soit moins de 1% de la capitalisation boursière d'Apple. Malgré ce "petit" pécule, le milliardaire est devenu l'actionnaire le plus visible de la pomme en seulement quelques jours. Et la moindre fenêtre médiatique est bonne à prendre pour asseoir son influence, comme après la vente de ses actions Netflix.

Génie de la communication financière, il n'a pas hésité à remercier Kevin Spacey pour justifier l'explosion du titre Netflix. L'acteur oscarisé est le personnage principal de la série House of Cards, première série TV produite par un média en ligne. Ce tweet a permis d'attirer l'attention sur lui, surtout quand on connaît son seul et unique leitmotiv: vendre haut et acheter bas. Du coup, les regards se sont braqués sur Apple, dont il ne cesse de trouver le cours "sous-évalué".

En effet, l'action a perdu 30% de sa valeur en un an, malgré des bénéfices toujours exceptionnels (6,9 milliards de dollars au deuxième trimestre) et une trésorerie à ras bord (50 milliards de dollars).

Et pour mettre la pression, les petites phrases dans la presse financière sont jugées dépassées. Du haut de ses 77 ans, Carl Icahn ne jure que par Twitter. Depuis le mois d'août, il y distille la plupart de ses pistes d'investissement. Le 13 août, il a annoncé avoir eu une conversation avec Tim Cook, au cours de laquelle il a exposé son souhait de voir augmenter le montant du programme de rachat d'actions.

Résultat: le cours de la pomme a bondi de 20 milliards de dollars en une séance, illustrant bien sa capacité d'influence. Le 22 août, il a même tweeté l'organisation prochaine d'une rencontre entre les deux hommes...

Mais que cherche-t-il vraiment ?

Apple a lancé un programme de rachat d'actions en 2012, d'un montant global de 60 milliards de dollars d'ici 2015. Le conseil d'administration a pratiqué cette opération pour maîtriser la volatilité du cours (en chute de 30% depuis un an). Mais Carl Icahn, se sentant responsable du sort des actionnaires, en veut plus.

Selon lui, Apple devrait carrément débourser 150 milliards de dollars pour racheter ses propres actions. Cette opération aurait pour conséquence de supprimer du circuit les actions rachetées, faisant mécaniquement augmenter la part des actionnaires restant au capital. Carl Icahn en tête.

Il considère qu'Apple est assis sur une montagne de cash et devrait l'utiliser de cette façon. "Apple n'est pas une banque", disait-il sur Bloomberg TV le 23 octobre dans la soirée, "et j'estime que les actionnaires n'ont pas investi pour être une banque". "Je pense qu'Apple a besoin d'un bon conseil et devrait faire un gros rachat d'actions", a-t-il soufflé sur la chaîne financière...

"Le scénario est toujours le même, expliquait au Monde un lobbyiste, qui a travaillé pour plusieurs entreprises ciblées par Icahn. Il prend une part significative du capital, on lui propose un siège au conseil, il commence à poser des questions, met le PDG sur la sellette et, ensuite, c'est tout le conseil qui finit par s'interroger." Son tableau de chasse pourrait constituer un indice boursier à lui tout seul: TWA, Texaco, Phillips Petroleum, Western Union, Viacom, Time Warner, Genzime, Yahoo!, Motorola, Netflix...

Vous vous dites qu'il ne pèse rien pour influer sur l'entreprise? Vous vous trompez. Apple est une société dont les principaux investisseurs sont institutionnels (banques, fonds d'investissement...), il n'y a pas d'actionnaire individuel très fort. Avec sa participation, il a le pouvoir de clamer haut et fort ses revendications sans se concerter avec une pléiade de co-décideurs. C'est la grande force de son pouvoir déstabilisateur, qu'il met désormais à profit sur Twitter.

Un prédateur financier de haute-voltige

Son "coup" le plus fameux a été le rachat de la compagnie aérienne TWA en 1985. Après une OPA qui le voit devenir patron de l'entreprise, il vire toute la direction. Il fait ensuite sortir de Bourse la société, empochant au passage plus de 469 millions de dollars. Il laisse par contre TWA avec 540 millions de dollars de dette, ce dont l'entreprise ne parviendra pas à se relever. TWA dépose le bilan en 1993.

Cette opération reste une des plus violentes de toute l'histoire de la finance. Une représentante syndicale de l'époque a déclaré en 2000 à Business Week "il nous a violés et laissés pour morts". Il n'en fallait pas plus pour lui décerner le titre "d'homme le plus avide de la Terre". Sa devise préférée? "Si vous voulez un ami, prenez un chien". Cette citation est également l'une des plus fameuses du film Wall Street, aux cotés de "la cupidité est bonne".

Tim Cook a-t-il pour autant du souci à se faire? On se rappelle qu'en août Car Icahn avait failli déposséder Michael Dell de son entreprise. Roger Kay, analyste chez Endpoint Technologies Associates, juge Apple "moins vulnérable" que Dell: Tim Cook "a une grosse réserve de guerre pour se défendre" et "Icahn ne pourra probablement pas faire grand chose", notamment car il "n'a pas l'argent" pour augmenter de manière significative sa part dans le capital. Pour autant, il ne faut jamais sous-estimer la capacité de nuisance de ce vieux routier de la finance.

AllThingsD (groupe Wall Street Journal) appelle à se montrer prudent, "car Icahn a souvent pris à revers les entreprises qu'il convoitait". Tim Cook n'a pas la réputation d'être un mauvais négociateur et a semble-t-il accepté le combat. Un porte-parole d'Apple a confirmé en août que "Tim avait eu une conversation positive avec M. Icahn". Le groupe "apprécie l'intérêt et l'investissement de tous (ses) actionnaires", a-t-il assuré. Les joueurs sont maintenant prêts à dévoiler leur jeu. A l'arrivée, un pactole d'une centaine de milliards de dollars.

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