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Vingt Janettes pour la charte des valeurs

Vingt Janettes pour la charte des valeurs

L'auteure Janette Bertrand, une personnalité de longue date de la télévision au Québec, se prononce pour l'adoption d'une charte des valeurs québécoises.

Dans une lettre publiée dans les journaux mardi, cosignée par une vingtaine de femmes bien connues dans les milieux culturel et féministe, Mme Bertrand rappelle qu'elle s'est battue toute sa vie pour l'égalité entre les hommes et les femmes.

« En ce moment, le principe de l'égalité entre les sexes me semble compromis au nom de la liberté de religion », écrit Mme Bertrand au nom des 20 signataires, qui empruntent toutes le prénom « Janette » pour l'occasion et dont la plupart se présentent d'abord comme mères de famille, en annexe de la lettre.

Janette Bertrand affirme donc qu'elle appuie le gouvernement de Pauline Marois dans son intention de légiférer pour créer la Charte des valeurs québécoises, « souvent appelée à juste titre la charte de la laïcité », souligne-t-elle.

« À ce propos, nous n'aurions jamais eu le droit de vote, nous serions encore sous la domination des hommes et du clergé si le gouvernement du temps [celui du libéral Adélard Godbout, en 1940] n'avait pas légiféré », ajoute l'auteure de 88 ans. « En ce temps-là, je me souviens, beaucoup d'hommes et même des femmes ne voulaient pas de cette loi et, pourtant, sans ce droit de vote, où serions-nous aujourd'hui? »

En entrevue à l'émission C'est pas trop tôt, Janette Bertrand explique qu'elle a senti le besoin, dans ce débat sur la charte, de prévenir les jeunes femmes des dangers de perdre des acquis chèrement gagnés.

Janette Bertrand ne croit pas que l'interdiction de porter des signes religieux ostentatoires comme le voile va nécessairement priver des femmes de travail. Elle explique qu'elle a entendu beaucoup de femmes musulmanes dire que si on le leur demandait, elles enlèveraient leur voile. Elle ajoute que plusieurs lui ont dit, avec un clin d'il : « et mon mari ne pourra plus s'y opposer... ».

En entrevue à C'est pas trop tôt, l'écrivaine et ex-candidate du Parti québécois Djemila Benhabib explique que cette lettre s'adresse particulièrement aux femmes québécoises, pour leur rappeler une longue tradition de lutte pour l'égalité: « Ce n'est pas fini. Donc, Janette attend de nous d'être vigilantes, mais aussi de continuer un long combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes ».

Une autre signataire, la conférencière et auteure Michelle Blanc, estime que le gouvernement « doit légiférer sur l'espace public que prend la religion ». Elle ajoute que tout comme les autres signataires, elle est convaincue que « malheureusement la religion a toujours eu comme mauvaise habitude de placer les femmes sous la domination des hommes ».

Un clin d'il aux Yvettes

Les signataires disent être des Janettes, en référence aux Yvettes, ces femmes qui avaient milité pour le non lors de la campagne référendaire de 1980. Les Yvettes se sont formées en réaction aux propos controversés de la ministre péquiste Lise Payette, qui avait comparé les adeptes du non à la petite Yvette des manuels scolaires. La ministre avait aussi déclaré que le chef du camp du non, Claude Ryan, était marié à une Yvette.

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