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Une politique économique qui fait des sceptiques dans l'opposition

Des sceptiques dans l'opposition
Radio-Canada.ca

La Coalition avenir Québec (CAQ) critique sévèrement la politique économique annoncée lundi par le gouvernement Marois, qui, selon la formation politique, ajoute à la « bureaucratie » et à l'endettement du Québec. Québec solidaire (QS) déplore de son côté un soutien destiné surtout à la grande entreprise.

En point de presse à Québec, le chef de la CAQ, François Legault, s'est demandé où le gouvernement ira chercher les 2 milliards de dollars nécessaires pour financer ses nouvelles mesures économiques.

« Mme Marois nous annonce de nouvelles dépenses sans nous dire comment elle va les financer. Certaines mesures sont intéressantes, même certaines qui sont reprises dans le projet Saint-Laurent, tout ce qui touche l'innovation », affirme François Legault.

« Mais elle n'a pas eu le courage d'abolir des crédits d'impôt qui ne fonctionnent pas. Il ne manque pas d'argent [pour les entreprises], mais il faut mieux l'utiliser, il faut faire le ménage, et choisir seulement les emplois payants pour le Québec. Maintenant, les entrepreneurs vont avoir encore plus de bureaucratie, de programmes, mais elle ne nous dit pas comment elle va financer ça », ajoute le chef caquiste.

François Legault juge aussi non nécessaires les mesures touchant l'utilisation des surplus d'électricité. Selon lui, peu d'entreprises prennent la décision de s'établir ou de démarrer un projet en raison d'un tarif d'électricité très bas. Il croit qu'il faut considérer un ensemble de possibilités pour l'utilisation des surplus, notamment l'exportation.

« Dilapidation » des surplus d'électricité

Québec solidaire, de son côté, salue la volonté du gouvernement de prendre le virage de l'électrification des transports et d'aller de l'avant avec un projet de monorail. Mais le parti soutient que le gouvernement Marois procédera à la « dilapidation » des surplus d'électricité.

« Nous trouvons un peu incohérent d'augmenter le tarif d'électricité des ménages moyens, la population doit se taper des hausses tarifs, alors que des multinationales étrangères auront des tarifs excessivement bas », affirme Amir Khadir, député de Mercier.

La formation politique juge aussi que les investissements prévus se concentrent trop dans des secteurs traditionnels, où les types d'emplois favorisent les hommes. Amir Khadir parle d'une vision « colonialiste » de l'investissement, qui se concentre sur le secteur des matières premières. Le plan néglige ainsi le monde coopératif, l'économie sociale, ainsi que le développement régional, selon QS.

Amir Khadir se demande par ailleurs pourquoi le gouvernement a attendu un an avant d'annoncer ce plan, alors que le Parti québécois a plutôt procédé à des « mesures d'austérité » pendant la même période.

Dépenses excessives

Le Parti libéral du Québec (PLQ) juge, toute comme la CAQ, que les dépenses prévues dans ce plan sont trop élevées, et y voit une stratégie électoraliste.

« Sur la colonne des dépenses, ils ajoutent 2 milliards, ils ont déjà défoncé de 40 % [les dépenses par rapport à leurs prévisions] et il en manque de l'argent de l'autre côté, alors c'est un plan électoraliste. C'est un gouvernement qui a été souverainiste, maintenant, c'est électoraliste », a affirmé en entrevue le député libéral et porte-parole de l'opposition en matière de développement économique, Sam Hamad.

Le chef libéral, Philippe Couillard, doit quant à lui réagir mardi à l'annonce de la politique économique du gouvernement Marois.

Réactions partagées des syndicats et des entreprises

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a salué la décision de Québec d'aller de l'avant avec ces investissements.

« Les dernières statistiques portant sur l'économie québécoise et le marché du travail ont de quoi nous inquiéter. Si le Québec a su mieux traverser la dernière crise, il n'en demeure pas moins que notre situation économique semble se fragiliser. Nous croyons que l'État ne peut rester inactif devant de tels constats. Il doit, par ses politiques, apporter un soutien concret au développement économique, que nous souhaitons durable », affirme dans un communiqué Jacques Létourneau, président de la CSN.

Pour sa part, la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) se réjouit de la nouvelle politique économique, qu'elle qualifie d'ambitieuse, mais croit que le gouvernement doit aussi revoir l'objectif de l'atteinte du déficit zéro et s'assurer de ne pas vendre trop au rabais l'électricité produite dans la province.

« Bien sûr, la création d'emploi et l'aide à l'investissement sont incontournables à l'augmentation de la production de richesses et, en retour, à l'accroissement des revenus pour le gouvernement, mais cela ne se fait pas en criant ciseau ou en claquant des doigts. Entre-temps, on peine à maintenir à flot des services publics de qualité. Le report de l'équilibre budgétaire donnerait un peu d'air frais et fournirait une marge de manœuvre pour commencer à concrétiser la politique. Nous comptons donc sur la prochaine mise à jour budgétaire », soutient dans un communiqué le président de la FTQ, Michel Arsenault.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) se réjouit des mesures destinées aux PME, mais voudrait qu'il y ait davantage de mesures prévues pour les grandes entreprises et pour les grands projets. La FCCQ juge aussi que Québec reste timide quant à la volonté de développer des industries liées à l'exploitation des richesses naturelles. La fédération appelle à la prudence en ce qui a trait à l'utilisation des surplus d'électricité et veut que la province stimule le développement de plusieurs sources d'énergie.

De son côté, la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain (CCMM) aurait voulu davantage de mesures destinées à la métropole. Elle croit aussi que les crédits d'impôt ne suffisent pas à créer un environnement d'affaires alléchant pour les entreprises et réclame donc davantage « d'actions concrètes pour relancer la métropole dans son rôle de locomotive économique du Québec ».

La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) s'est aussi réjouie des mesures destinées aux PME, mais rappelle que « ce type de mesures n'est bénéfique que pour certaines entreprises et qu'il est aussi nécessaire de s'assurer que le climat d'affaires au Québec est propice au développement et à la croissance de l'ensemble de nos entreprises. »

Quant à l'Union des municipalités du Québec (UMQ), elle accueille favorablement l'annonce d'investissements dans les infrastructures municipales, communautaires et sportives. L'électrification des transports est une autre mesure qui bénéficiera aux municipalités, juge l'UMQ.

Déficit zéro reporté

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