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Tony Visconti, réalisateur de disques étoile

Tony Visconti, réalisateur de disques étoile

Les disques de David Bowie, de T-Rex, des Rita Mitsouko et de Thin Lizzy ont tous profité de son talent et de son expertise. Le réalisateur de disques Tony Visconti était au festival Pop Montréal, samedi, à la Société des arts technologiques, pour discuter de sa longue et prolifique carrière.

Entouré d'un public majoritairement masculin et de quelques artistes, dont Stefie Shock et Philippe B., Tony Visconti a discuté avec l'animatrice d'Espace musique Rebecca Makkonen pendant deux bonnes heures. La rencontre était ponctuée d'extraits musicaux et de vidéoclips des artistes dont il a réalisé les disques.

L'adolescent de New York rêvait d'être le prochain Elvis, mais ses oreilles ont rapidement capté les effets de réverbération et d'écho des disques rock des années 50 et 60. Son chemin était alors tracé.

L'endroit, le moment

Tony Visconti se considère comme chanceux. Chanceux d'avoir fréquenté le système scolaire public new-yorkais, qui comprenait des cours de musique. Ses professeurs ont alors rapidement repéré son talent de musicien et l'ont poussé à se dépasser. « J'ai eu de la chance, mais je n'étais pas un génie », raconte celui qui, à 17 ans, travaillait à temps plein comme musicien.

Sa rencontre avec Denny Cordell a été déterminante. Le réalisateur de disques, réputé à l'époque (The Moody Blues), est devenu son mentor et l'a amené à Londres. Mais rapidement, le jeune Tony Visconti s'est mis à la recherche de futures vedettes en arpentant les salles de spectacles de Londres. Les publications musicales de l'époque parlaient en grand bien de Tyrannosaurus Rex. « Marc Bolan était unique », dit-il à propos du chanteur de ce groupe très populaire dans les années 70.

Un mois plus tard, il a rencontré David Bowie. « Quand je les ai rencontrés, Marc Bolan et David Bowie vivaient encore chez leurs parents », souligne-t-il, amusé. Les trois musiciens partageaient les mêmes influences : les années 50, les Everley Brothers, Elvis. De fructueuses collaborations se sont multipliées au cours des ans. La carrière de Tony Visconti a été féconde durant les années 70.

De jeunes années 80

Durant les années 80, Tony Visconti s'est mis à produire des disques avec des musiciens nettement plus jeunes que lui. Par exemple, il a réalisé une chanson (A sort of homecoming) et quatre concerts de U2.

Mais une collaboration a été déterminante durant cette décennie : celle avec Les Rita Mitsouko dès 1986 et pour trois albums, dont le populaire The no comprendo. Ces sessions d'enregistrement ont été marquées par de nombreux conflits, se rappelle Tony Visconti, en soulignant les différences culturelles, même si Fred Chichin et Catherine Ringer parlaient très bien anglais. Il a aussi travaillé avec Marc Lavoine, Louis Bertignac et les Moody Blues, dont il a relancé la carrière.

La technologie des années 90

Les années 90 ont été sans pitié pour Tony Visconti, relégué au rang des réalisateurs de disques dinosaures. « C'était le début de la technologie, qui était plus valorisée que le travail », raconte-t-il amèrement. Il en alors profité pour revenir vivre à New York et, en 1996, il s'est mis à la page en apprenant le logiciel d'enregistrement Pro Tools. « Mon fils, qui avait 16 ans à l'époque, m'a beaucoup aidé. »

Tony Visconti demeure très critique envers la technologie. « La musique d'aujourd'hui est trop simple. Elle ne comprend que cinq notes, dit-il en citant Katy Perry et Miley Cyrus. Les ventes de disques sont les plus basses de l'histoire, affirme celui qui pense que l'industrie de la musique s'est virtuellement écroulée. C'est aux jeunes de relancer la machine. »

2002, le retour

En 2002, Tony Visconti et David Bowie collaborent de nouveau, pour la première fois depuis 1980. Il réalise les disques Heathen et Reality, pour ensuite enchaîner avec celui du chanteur Morrissey (The Smiths).

« Faire un disque, c'est contrôler la session. Il faut contrôler le mâle alpha (dominant) du groupe », raconte-t-il le plus sérieusement du monde. Cette observation l'amène d'ailleurs à dénoncer la manière dont les femmes sont maltraitées dans le rock en parlant des artistes Kristeen Young (une de ses protégées), Kate Bush et Catherine Ringer.

Même si la carrière de Tony Visconti est jalonnée de succès, il se souvient d'albums difficiles à réaliser, dont sa première collaboration avec Thin Lizzy et un disque du duo britannique Orchestral Manuvres in the Dark, qu'il n'a pas terminé.

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