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Angela Merkel, la Stephen Harper allemande?

Angela Merkel, la Stephen Harper allemande?

L'incertitude persiste en Allemagne, à deux jours des élections législatives, au sujet des chances d'Angela Merkel de reconduire la coalition entre son camp conservateur et les libéraux, selon un sondage rendu public vendredi. Mais la chancelière, dont le style peut être comparé à celui du premier ministre canadien Stephen Harper, a tout de même de bonnes chances de pouvoir espérer être réélue, estime Guy Laforest, professeur de science politique à l'Université Laval.

Un texte de Bahador Zabihiyan

« Mme Merkel a des qualités très semblables aux principales qualités de Stephen Harper au Canada : fiabilité, régularité, elle rassure les électeurs conservateurs de centre-droit », dit M. Laforest. Pour un grand nombre d'Allemands, « Angela Merkel est la candidate de la stabilité », dit M. Laforest, en entrevue à l'émission 24/60. Mme Merkel aura gouverné la première puissance économique européenne sans « trop faire de vagues, ralentissant le rythme des réformes par rapport à ses prédécesseurs », estime M. Laforest, qui revient d'un voyage en Allemagne.

L'alliance entre l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel et l'Union chrétienne sociale (CSU) est créditée de 40 % des intentions de vote, en hausse d'un point, selon ce sondage Forsa. Les libéraux du FDP, partenaires de la CDU-CSU dans le gouvernement sortant, restent au même niveau, à 5 %, le seuil en-dessous duquel une formation ne peut pas obtenir d'élus au Bundestag.

Le Parti social-démocrate (SPD) est lui aussi en hausse d'un point à 26 %, de même que leurs alliés Verts, à 10 %. Le parti de gauche Die Linke, avec lequel le SPD exclut toute alliance, recule en revanche d'un point à 9 %. La formation eurosceptique Alternative pour l'Allemagne (AfD) obtiendrait pour sa part 4 %.

Des enjeux similaires à ceux des dernières élections fédérales canadiennes

Les enjeux de la campagne électorale allemande ont été semblables à ceux soulevés lors des dernières élections fédérales canadiennes, soutient M. Laforest. Il y a été question de la hausse du salaire minimum, des régimes de retraite, « des craintes démographiques de l'Allemagne » qui a un des taux de natalité les plus bas de l'Europe, mais aussi de l'immigration, constate M. Laforest.

Les Allemands cherchent aussi leur place dans une Europe « qui s'essouffle », notamment les pays du sud du continent. « La locomotive économique allemande ne tire plus les autres économies européennes et elle a tendance à jouer aussi davantage dans le sens de ses propres intérêts avec les pays émergents », conclut M. Laforest.

Un mode de scrutin particulier

Le mode d'élection des députés au Bundestag est un mode de scrutin mixte dans lequel la moitié des députés est élue au scrutin majoritaire uninominal à un tour et l'autre moitié à la représentation proportionnelle au travers de listes présentées au niveau des Länder par les formations politiques.

L'électeur dispose de deux voix. La première voix lui permet d'élire un député dans le cadre d'une circonscription. La seconde voix lui permet de choisir une liste présentée par un parti au niveau du Land. Les électeurs dissocient parfois leurs votes afin de favoriser la coalition de leur choix.

Dans le cas de figure le plus fréquent, ils accordent leur première voix à l'un des principaux partis - les chrétiens-démocrates (CDU), les chrétiens-sociaux (CSU) ou les sociaux-démocrates (SPD) - et la seconde à une formation plus petite - les libéraux du FDP ou les Verts. En raison du mode de scrutin uninominal à un tour qui favorise les grandes formations dans les 299 circonscriptions, le FDP et les Verts se battent moins pour le premier vote et leurs partisans donnent souvent leur voix à la CDU-CSU pour le premier, au SPD pour les seconds.

En échange, ils attendent des électeurs des grands partis qu'ils votent pour eux lors du deuxième scrutin. Pour être représenté au Bundestag à la proportionnelle, un parti doit obtenir au moins 5 % des suffrages.

Il y a 299 sièges au Parlement pour les vainqueurs du scrutin par circonscription et 299 pour les élus du scrutin de liste à la proportionnelle. Si la CDU-CSU ou le SPD obtiennent plus de sièges directs dans un Land qu'ils n'en auraient eu sur la base de leur score au scrutin de liste, le Bundestag crée alors des « mandats supplémentaires » (Überhangmandate) qui font office de rééquilibrage.

Lors des dernières élections, le nombre de mandats supplémentaires a augmenté, car les grands partis ont quasiment accaparé les élus du premier scrutin, mais ont réalisé une récolte bien moindre lors du second scrutin. Aux élections législatives de 2009, la CDU-CSU a bénéficié de mandats supplémentaires, ce qui a porté le nombre d'élus au Bundestag de 598 à 622.

Mais une nouvelle loi a depuis été adoptée, qui prévoit une compensation pour les plus petites formations en cas de création de mandats supplémentaires. Cette disposition rend moins intéressant aux yeux des grands partis le transfert de voix vers leurs partenaires lors du second scrutin. Cela explique en partie le refus publiquement affiché par Angela Merkel de voir les électeurs de la CDU apporter dimanche leurs suffrages aux libéraux du FDP lors du scrutin de liste.

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