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Une victime sort de l'ombre au procès des pères rédemptoristes

Une victime sort de l'ombre au procès des pères rédemptoristes

Plus de 30 après les faits, une nouvelle victime des pères rédemptoristes sort de l'ombre pour raconter son histoire à visage découvert.

Stéphane Trottier, 48 ans, un ancien élève du Séminaire Saint-Alphonse, a demandé à la cour de lever l'interdiction de publication sur son identité, jeudi, après son témoignage au procès en recours collectif contre la congrégation religieuse.

Ce n'est plus à lui à avoir honte, a-t-il dit devant le tribunal, mais aux pères rédemptoristes.

L'homme a raconté avoir été victime d'attouchements à trois reprises par le responsable du dortoir, Jean-Claude Bergeron, à la fin des années 70, alors qu'il était en secondaire un.

Le père l'aurait fait venir dans sa chambre à trois reprises, sous prétexte de lui faire son éducation sexuelle.

Le jeune de 13 ans a fait ce que bien peu de victimes font, il en a parlé à son père, un homme bien en vue à Québec à l'époque. Il a expliqué qu'il se passait des choses le soir dans la chambre du responsable du dortoir, sans toutefois donner plus de détails.

Son père, Armand Trottier, était échevin. C'est lui qui a fondé la Communauté urbaine de Québec.

M. Trottier n'aurait pas dit un mot après la brève confidence de son fils. Toutefois, quelques jours plus tard, le jeune élève a eu connaissance d'une rencontre houleuse entre son père et le directeur du Séminaire, Guy Pilote.

À la suite de cette rencontre, les agissements du père Bergeron ont cessé. Aucun autre prêtre ne l'a approché durant ses années passées au Séminaire Saint-Alphonse, a-t-il indiqué devant le tribunal.

Demande de pardon

Stéphane Trottier a raconté n'avoir revu Jean-Claude Bergeron qu'aux funérailles de son père en 1995. La cérémonie était célébrée par une dizaine de pères rédemptoristes, dont le père Bergeron.

Le religieux se serait approché de lui au terme de la messe. « Il m'a dit : "C'est maintenant fini. Il est mort ". J'ai compris que c'était sa parole contre la mienne », a-t-il confié devant le tribunal.

Le père Bergeron avait peut-être oublié une lettre qu'il avait écrite au jeune élève en 1979. Une lettre que lui a remise sa mère, 16 ans plus tard, après la mort de son père.

Dans le document déposé en preuve, le père Jean-Claude Bergeron demande pardon à l'adolescent. « Le Seigneur m'a déjà pardonné. J'espère que tu seras capable de le faire aussi. J'ai demandé plusieurs fois au Seigneur de te protéger et de ne pas te laisser marquer par mes faiblesses », écrit le religieux.

« Je me disais que c'était peut-être la preuve qui va permettre finalement de faire avancer les choses. Il avouait dans la lettre qu'il avait fait des gestes inappropriés. Pour moi, ça valait de l'or », a affirmé Stéphane Trottier en s'adressant aux médias à la sortie de la salle de cour.

Il a qualifié sa sortie publique de « libération ».

Stéphane Trottier est la deuxième victime des Rédemptoristes à lever le voile sur son identité. Le seul ancien élève à l'avoir fait jusqu'ici était Frank Tremblay, le requérant du recours collectif.

« Ça me fait beaucoup de bien aujourd'hui de le voir à côté de moi. On est tous des frères d'armes, je le prends comme ça. On est allé malheureusement dans ce combat-là ensemble, sans le vouloir », a commenté Frank Tremblay.

Le recours collectif, qui est entendu au palais de justice de Québec depuis la semaine dernière, vise toutes les personnes qui ont été abusées sexuellement par tout prêtre membre des Rédemptoristes entre 1960 et 1987, alors qu'elles étaient étudiantes au Séminaire Saint-Alphonse.

D'après les informations de Yannick Bergeron.