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Charte des valeurs: Bolduc redoute des départs massifs chez les médecins

Charte des valeurs: Bolduc redoute des départs massifs chez les médecins
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QUÉBEC - Les malades seront au premier rang des victimes de la charte des valeurs, croit le député libéral et ancien ministre de la Santé Yves Bolduc.

Des médecins, infirmières et des recrues prometteuses vont choisir de pratiquer ailleurs à cause du climat hostile que veut instaurer le gouvernement péquiste envers les croyants, a soutenu le député de Jean-Talon, en point de presse jeudi, à l'Assemblée nationale.

«Dans la région de Montréal, vous avez plusieurs médecins et infirmières qui sont de religion juive, de religion musulmane, de religion hindoue et ces gens-là vont être pénalisés. Ils vont décider de partir et à ce moment-là, les populations ne pourront pas être traitées», a-t-il argué.

M. Bolduc n'est pas en mesure de dire combien de professionnels de la santé affichent des signes religieux dans les hôpitaux québécois, mais il est convaincu que plusieurs d'entre eux, mobiles et recherchés à travers le monde, n'accepteront pas de travailler dans une société devenue intolérante. Selon lui, le projet de charte fait peser une double menace sur le système de santé: le départ de médecins établis ici mais originaires d'ailleurs et des difficultés accrues de recrutement à l'extérieur.

«Il y a deux phénomènes: les gens qui vont partir et les gens qui devaient venir mais qui ne viendront plus au Québec. Il y a aussi ceux qui vont conclure qu'on est devenu une société intolérante dans laquelle on ne peut pas laisser les autres s'exprimer et qui vont décider de choisir d'autres endroits que le Québec», a-t-il dit.

En matière de recrutement et de rétention des médecins, le Québec fait face à une rude concurrence des autres pays et des provinces canadiennes. Soumis aux diktats de la charte, le Québec va perdre considérablement de son pouvoir d'attraction auprès des meilleurs de la profession médicale, pense M. Bolduc.

«Les gens avec de grandes expertises que l'on veut recruter dans nos hôpitaux pour donner les meilleurs soins vont probablement choisir un autre endroit que le Québec s'ils croient que le Québec est un endroit qui ne tolère pas ceux qui pratiquent différentes religions», a déclaré le porte-parole de l'opposition libérale en matière de santé.

En vertu des dispositions de la charte des valeurs, le port des signes religieux sera interdit pour le personnel des établissements de santé, notamment les médecins et les infirmières. Les établissements pourront cependant, sous certaines conditions, se prévaloir d'un droit de retrait d'une durée de cinq ans, renouvelable.

Pour le député libéral, il est illusoire de penser que le droit de retrait sera suffisant pour rassurer le personnel inquiet du réseau.

«C'est l'ambiance que ça crée. Oui, le droit de retrait, mais pour combien de temps? Ce n'est pas clair. Avec un gouvernement qui prend des positions très radicales, parce que c'est très radical de dire aux gens qu'ils ne peuvent plus rien exprimer, je pense qu'il faut se poser des questions», a-t-il dit.

Même à échelle réduite, le député n'hésite pas à dresser un parallèle entre les départs appréhendés de médecins opposés à la charte et les mises à la retraite massives dans le secteur de la santé dans les années 1990.

«La mise à la retraite (et) le fait d'avoir diminué les admissions en médecine ont fait qu'on s'est retrouvé en grande pénurie, beaucoup plus grande que dans les autres provinces. Je ne pense pas que ce sera aussi pire que les 1500 médecins qui ont été mis à la retraite, mais chaque médecin que vous perdez, vous perdez une expertise et vous diminuez l'accessibilité aux services», a-t-il évoqué.

Quant à lui, le ministre de la Santé, Réjean Hébert, estime au contraire que la laïcité inscrite dans la charte facilitera le recrutement de médecins désireux de pratiquer dans un environnement sans signes religieux. Il ne croit pas qu'il y aura une vague de départs, tout juste quelques cas isolés.

«Il y a des professionnels de la santé qui viendront au Québec parce que justement, on a une neutralité. Et s'il y en a quelques-uns qui menacent de s'en aller, on verra s'ils mettent leur menace à exécution, mais ça ne m'inquiète pas», a-t-il assuré.

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