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La Syrie prête à se joindre à la Convention sur les armes chimiques

La Syrie prête à se joindre à la Convention sur les armes chimiques

Après avoir annoncé qu'il accepte que ses armes chimiques soient sous une supervision internationale, comme le propose la Russie, le gouvernement syrien a indiqué mardi qu'il est prêt à « se joindre à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques ».

« Nous voulons nous joindre à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. Nous allons respecter nos engagements dans le cadre de cette convention, y compris en donnant des informations sur ces armes », a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem.

« Notre adhésion à l'initiative russe traduit notre volonté de ne plus posséder d'armes chimiques », a-t-il ajouté.

Le gouvernement syrien est donc favorable à la proposition de Moscou de placer ses stocks d'armes chimiques sous supervision internationale pour être détruits, ce qui rendrait « caduque toute justification à une agression américaine ».

Cette « solution russe » a été lancée lundi à la suite d'une conférence de presse, à Londres, du secrétaire d'État américain, John Kerry, au cours de laquelle il a déclaré qu'il serait possible pour Damas d'éviter des représailles militaires si le régime acceptait de placer tout son arsenal sous contrôle international.

Le secrétaire d'État avait tout de même ajouté qu'il fondait peu d'espoir sur ce scénario étant donné l'intransigeance de Damas par le passé sur la question du contrôle des armes chimiques.

La Chine et l'Iran en renfort

Deux grands alliés de la Syrie, la Chine et l'Iran, ont aussi apporté leur appui à la proposition de Moscou. La Chine et l'Iran s'opposent farouchement à des frappes ciblées contre le régime de Bachar Al-Assad afin de le punir pour l'attaque au gaz perpétrée le mois dernier près de Damas.

« À partir du moment où il s'agit d'une proposition qui contribue à améliorer la situation actuellement tendue en Syrie, elle participe au maintien de la paix et de la stabilité en Syrie et à un règlement politique », a déclaré mardi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei, précisant qu'une délégation de l'opposition syrienne était actuellement à Pékin, sans préciser exactement sa composition.

Soucieuse d'apparaître comme neutre dans le conflit syrien, la Chine a dans le passé accueilli des délégations des deux camps. Or, depuis plus de deux ans, la Chine oppose une fin de non-recevoir aux appels internationaux à exercer davantage de pression sur le régime de Bachar Al-Assad, usant de son veto au Conseil de sécurité des Nations unies.

L'appui indéfectible de Téhéran

L'Iran aussi accueille favorablement l'initiative de la Russie pour mettre sous contrôle international les armes chimiques de la Syrie, a déclaré mardi la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Marzieh Afgham, lors de son point de presse hebdomadaire.

« Nous voulons que notre région soit débarrassée de toutes les armes de destruction massive [...] Ces efforts doivent aussi viser les armes chimiques dont disposent les groupes rebelles syriens », a-t-elle ajouté.

Principal soutien régional de la Syrie, l'Iran accuse « les groupes terroristes » d'avoir utilisé des armes chimiques et non le gouvernement du président Bachar Al-Assad.

Par ailleurs, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a indiqué que son pays a eu un échange épistolaire avec les États-Unis au sujet du conflit syrien, précisant qu'il n'y aura pas pour le moment de discussion directe entre Washington et Téhéran.

M. Zarif a dit espérer que les États-Unis prendront en compte les mises en garde des Iraniens et éviteront une nouvelle guerre dans la région.

L'opposition syrienne redoute un recul d'Obama

De son côté, la Coalition de l'opposition syrienne a dénoncé comme une « manoeuvre politique » l'initiative russe.

Selon elle, « la violation de la loi internationale nécessite une riposte internationale appropriée », un appel indirect à l'administration de Barack Obama à ne pas abandonner ses projets de frappes contre le régime syrien.

Signe des tergiversations américaines, un premier vote au Sénat, qui devait avoir lieu mercredi, a été reporté, a annoncé lundi le chef de la majorité démocrate, Harry Reid. La Chambre des représentants doit aussi se prononcer sur la question.

Considéré comme l'un des plus importants du monde, l'arsenal chimique syrien est estimé à « plus de 1000 tonnes ». Sa neutralisation, si elle était actée, pourrait s'avérer extrêmement délicate sur le terrain, en plein milieu d'une guerre civile qui a déjà fait plus de 100 000 morts et 2 millions de réfugiés.