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Pour ou contre la charte des valeurs québécoises?

Pour ou contre la charte des valeurs québécoises?
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À moins d'une semaine du dépôt du projet de charte québécoise des valeurs, la journaliste Ginette Lamarche est allée sonder l'humeur des citoyens québécois. Voici son compte-rendu.

Un texte de Ginette Lamarche

J'ai d'abord rencontré des résidents de Saint-Jean-sur-le-Richelieu, en Montérégie, une région très peu touchée par l'immigration même s'ils vivent à quelque 40 kilomètres de Montréal. La majorité des Johanais que j'ai rencontrés appuie le projet du ministre Bernard Drainville.

Ils estiment qu'il faut d'une façon ou d'une autre protéger la culture, les valeurs québécoises. Ils ajoutent se sentir envahis, croyant que leur culture est menacée. Les riverains estiment aussi que les immigrants qui font le choix de s'établir au Québec devraient épouser le mode de vie, la langue et les valeurs de la province.

Les opinions, les préoccupations des Montréalais étaient plus contrastées. Les jeunes Montréalais se montraient moins alarmistes. On m'a souvent répondu qu'on ne voyait pas l'intérêt de se doter d'une charte des valeurs québécoises, alors que les relations entre les néo-Québécois et les Québécois « de souche » s'avèrent plutôt harmonieuses.

Plusieurs d'entre eux estiment que le Parti québécois avance ce projet pour des raisons électorales.

Les associations se mobilisent

Du côté des organismes de la société civile, chacun prépare sa stratégie d'intervention. C'est le cas de l'Association des musulmans et des arabes pour la laïcité. Les musulmans et les chrétiens qui font partie de ce groupe ont peur des effets de cette charte. Ils craignent qu'elle n'ouvre la voie à l'exclusion et à la marginalisation des musulmans québécois.

« On ne réalise pas assez que les principales personnes qui vont écoper de ça, ce sont les femmes. Quand on fait la promotion de l'égalité hommes-femmes, on va au contraire de ça », croit Daïla Wada, étudiante en sociologie et membre de l'association.

Le président de l'association, Haroun Bouazzi, craint de son côté que le gouvernement envoie un message qui aura un effet boomerang sur l'ensemble des musulmans du Québec.

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Au Mouvement pour la laïcité, le son de cloche se révèle tout autre. Ses membres appuient sans réserve l'établissement d'une charte des valeurs. Ils souhaitent cependant que la laïcité soit inscrite dans la Charte des droits du Québec, au même titre que l'égalité hommes-femmes qui y a été enchâssée en 2007. Michel Lincourt milite depuis des années pour une séparation claire entre l'État et l'Église, l'État et les religions.