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Les vendeurs Abercrombie & Fitch n'ont pas droit à certaines coupes de cheveux, jugées "inacceptables"

Les coupes de cheveux "inacceptables" chez Abercrombie & Fitch

Pour travailler chez Abercrombie & Fitch, on savait qu'il fallait avoir des muscles et la taille mannequin... on apprend désormais qu'il existe des coupes de cheveux "inacceptables" pour les vendeurs et bien d'autres critères.

La marque de prêt à porter, accusée de faire de la discrimination physique à l'embauche en France et déjà condamnée pour ce motif à l'étranger, a revu ses exigences physique à la hausse et diffuse de nouvelles directives sur le look de ses employés. Le site Buzzfeed s'est procuré un nouveau guide détaillant les coupes de cheveux acceptables ou non dans l'entreprise daté du 29 août dernier.

Pas de "mèches", de reflets exagérés ou de signes évidents de "décoloration". Chez Abercrombie, les cheveux doivent faire "naturel".

"Toutes les coupes de cheveux pour hommes et femmes doivent être soignées, propres, naturelles, entretenues et classiques", est-il écrit plus loin dans le guide. "Aucun employé n'est autorisé à avoir une coupe de cheveux ou une coloration 'extrêmes'. La coupe et la couleur de cheveux doit refléter votre beauté naturelle."

Dans les documents dévoilés par Buzzfeed, il est également question de maquillage et de vernis à ongle. Comme pour les cheveux, le tout doit être "naturel". Abercrombie & Fitch interdit ainsi à ses vendeurs "toutes les couleurs de vernis autres que naturelle". En cas d'effraction, "l'employé se verra demander de retirer le vernis avant de commencer son travail", est-il écrit dans le manuel. Quant à la longueur des ongles, pas plus de 6,35 millimètres au-delà du bout du doigt spécifie le guide.

Dans la liste des interdits de ce manuel il est également question de la barbe, des tatouages (sauf si le manager du magasin trouve ces derniers en accord avec l'image de la marque), du port de boucles d'oreilles lorsqu'on est un homme (les femmes ont droit à deux petits boucles par oreille, pas plus), des piercings.

Une stratégie polémique

Ce nouveau manuel sur l'apparence des employés semble pour l'instant réservé aux vendeurs américains d'Abercrombie & Fitch. Mais ces documents pourraient relancer les récentes polémiques sur les conditions de travail et de recrutement au sein de l'entreprise new yorkaise qui assume tout miser sur l'apparence physique, pour ses employés, comme pour ses clients.

Chez Abercrombie, la stratégie du beau est assumée, et ce depuis longtemps. Déjà en 2006, dans une interview au magazine Salon, le PDG, Michael Jeffries, expliquait "embaucher des gens beaux (...) parce que les gens beaux attirent d'autres gens beaux, et nous voulons nous adresser à des gens cool et beaux".

Voici pourquoi, en mai 2013, la marque a décidé de retirer les tailles XL et XXL de ses rayons femmes, et propose toujours des offres d'emplois pour "mannequins" plutôt que pour "vendeurs".

Une enquête en France

Depuis l'ouverture de sa boutique parisienne des Champs-Elysées, les méthodes d'Abercrombie & Fitch font aussi parler d'elles en France. Mi-juillet, le Défenseur des droits, Dominique Baudis, a décidé d'enquêter sur les "conditions et le processus de recrutement au sein de la société Abercrombie and Fitch". Il s'est auto-saisi de ce sujet soulignant que l'entreprise américaine "semble fonder ses pratiques de recrutement sur des critères discriminatoires et notamment l'apparence physique".

À l'étranger, la marque a déjà été attaquée pour discrimination. Aux Etats-Unis, lors d'un recours collectif en avril 2005, plusieurs plaignants affirmaient s'être vu refuser un emploi chez Abercrombie en raison de leur origine ou d'avoir été contraints de travailler à des postes loin des regards des clients. L'entreprise a nié mais s'est acquittée quelques mois plus tard d'un dédommagement de 50 millions de dollars (37,8 millions d'euros) pour mettre fin à la procédure.

En 2009, la marque a été condamnée pour 'licenciement sans cause réelle et sérieuse" et "harcèlement moral" au Royaume-Uni. La plaignante, Riam Dean, était une salariée handicapée, née sans avant-bras gauche. À l'embauche, cette dernière avait négociée la possibilité de porter un cardigan pour cacher sa prothèse. Un accord qui allait à l'encontre du code vestimentaire estival et a été rapidement remis en cause. Riam Dean avait ainsi été licenciée pour avoir refusé de porter un t-shirt.

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