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Les experts de l'ONU engagés dans un course contre la montre en Syrie

Les experts de l'ONU engagés dans un course contre la montre en Syrie

Les experts en armes chimiques de l'ONU présents à Damas sont engagés dans une course contre la montre, les conclusions de leurs investigations sur l'attaque présumée au gaz neurotoxique étant déterminantes pour une éventuelle action militaire occidentale.

Les inspecteurs, qui recueillent des échantillons depuis lundi dans les quartiers de Damas visés, possèdent peut-être déjà de premiers résultats après avoir travaillé toute la nuit dans leur hôtel de la capitale.

Ils ne désigneront aucun « coupable », leur rôle étant de se borner à donner des indices sur la nature des munitions utilisées.

La préservation de l'intégrité des échantillons recueillis dans la banlieue de la capitale, où des centaines de civils, femmes et enfants compris, auraient péri le 21 août victimes de gaz neurotoxiques interdits d'après l'opposition syrienne, constituera une priorité.

« Dans le cas contraire, s'ils ne peuvent pas garantir avoir été en permanence en possession des prélèvements, les inspecteurs de l'ONU ne pourront pas garantir in fine que les échantillons n'auront pas été trafiqués par des tiers », souligne Dieter Rothbacher, un expert en armes chimiques qui a formé les membres des inspecteurs présents en Syrie.

Ces derniers, dont le chef est le Suédois Ake Sellstrom, comptent quitter la Syrie samedi, aux dires du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Il appartiendra ensuite aux 15 membres du Conseil de sécurité d'examiner leurs conclusions.

Stricte respect du protocole

Le Dr Abou Akram, un médecin qui a aidé les inspecteurs à accomplir leur mission dans un hôpital de campagne, s'est dit surpris de leur refus d'accepter certains prélèvements sanguins effectués sur des victimes décédées, inhumées dans les 24 heures qui ont suivi leur mort selon la coutume de l'islam, et de fragments de roquette.

Cela aurait, en effet, été contraire au principe selon lequel tous les échantillons doivent être prélevés par les experts eux-mêmes.

Les 20 membres de l'équipe comprennent dans leurs rangs des experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ayant servi précédemment en Irak ainsi que trois spécialistes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

« S'ils possèdent, ce dont je suis certain, des capacités d'analyse sur place, alors ils détiennent déjà certains résultats analytiques, assure Dieter Rothbacher, qui a

travaillé pour l'OIAC jusqu'en 2009. Ensuite, naturellement, reste à savoir comment les Nations unies traiteront ces résultats ».

Une mission difficile

Malgré des tirs non identifiés au premier jour de leur mission, les experts, une fois sur zone, s'organisent en équipes de deux pour interroger les victimes et faire des prélèvements sanguins et d'urine dans les hôpitaux et dispensaires. D'autres collectent de la terre et des échantillons provenant de possibles munitions chimiques.

Sur le terrain où des projectiles sont tombés, ils enfilent des combinaisons de protection contre les substances chimiques, portent des masques à gaz et sont équipés de capteurs d'analyse de l'air et de bottes dont la languette change de couleur en cas de présence de toxines.

« Si des armes chimiques ont bien été utilisées, l'équipe aura, selon moi, de fortes chances d'obtenir, si ce n'est déjà fait, des preuves concluantes de cela », pense Ralf Trapp, un spécialiste des questions de désarmement qui a travaillé pour l'OIAC.

Les fragments recueillis sur le terrain peuvent être « croisés » avec la banque de données de l'OIAC, qui recense un millier d'agents chimiques et a pu déjà donner un résultat positif concernant le sarin, un gaz innervant que le régime de Damas possèderait, dit-on, en grande quantité.

Reuters

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