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Mugabe invite ses opposants à « aller se faire pendre »

Mugabe invite ses opposants à « aller se faire pendre »

Le président zimbabwéen Robert Mugabe, déclaré réélu au terme de la présidentielle du 31 juillet dernier, a profité d'une fête organisée à Harare en l'honneur des héros de la lutte pour l'indépendance pour s'en prendre avec virulence aux opposants qui contestent sa victoire électorale.

« Ceux qui sont choqués par la défaite peuvent aller se faire pendre s'ils le souhaitent. Nous ne reviendrons jamais sur notre victoire », a dit l'homme de 89 ans lors de son discours, le premier qu'il prononçait depuis l'annonce de sa réélection.

Mugabe, qui dirige le pays d'une main de fer depuis son indépendance, en 1980, a aussi attaqué de front son adversaire à la présidentielle, Morgan Tsvangirai. Il a décrit le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) comme un « ennemi » au sein du gouvernement de coalition, au pouvoir depuis 2008.

« Nous avons jeté l'ennemi comme un déchet. Ils disent que nous avons truqué [l'élection], mais ils sont des voleurs » en raison de la corruption qui régnait sous ce gouvernement de coalition, a-t-il dit lors de son discours, diffusé à la télévision et à la radio d'État. « Nous leur disons : vous ne vous relèverez jamais ».

« Nous nous sommes battus galamment lors de cette élection, et nous avons gagné si facilement que certaines personnes ont très mal », a-t-il ajouté. « Nous avons prouvé à tous ceux qui disent que nous ne pouvons diriger nos affaires sans interférence de l'étranger qu'ils ont tort. »

M. Tsvangirai, qui conteste les résultats électoraux devant la justice, n'a pas assisté à la cérémonie de lundi pour ne pas être associé à des « voleurs d'élections ». « Tout ce que je vois », a-t-il déclaré par voie de communiqué, « c'est une nation endeuillée par l'audace de si peu de gens qui ont pu voler [l'élection] à tant d'autres ».

Robert Mugabe a été crédité de 61 % des suffrages au terme de la présidentielle, contre 34 % pour Morgan Tsvangirai. Le parti du président, le ZANU-PF, a par ailleurs remporté 158 sièges au Parlement, contre 50 pour le MDC.

M. Tsvangirai argue devant les tribunaux que 870 000 noms étaient inscrits en double sur la liste électorale, qui n'a été rendue publique qu'à la veille du scrutin, ce qui a rendu impossible toute vérification. Il plaide aussi que de nombreux électeurs n'ont pas pu voter faute de trouver leur nom sur les registres et que d'autres ne se sont pas rendus dans le bon bureau de vote.

Un organisme indépendant de contrôle du scrutin, le Zimbabwe Election Support Network, estime que plus de 750 000 électeurs étaient absents des listes électorales dans les villes, bastions de M. Tsvangirai.

Les observateurs de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) ont pour leur part affirmé que les élections avaient été « libres et pacifiques », mais sans aller jusqu'à dire qu'elles ont été « justes ». Ils ont néanmoins appelé Morgan Tsvangirai, le rival de M. Mugabe, à accepter les résultats.

Les pays occidentaux qui n'ont pu déployer leurs propres observateurs sur le terrain ont crié à la fraude, mais la Chine, l'Iran, la Russie, le Venezuela et l'Afrique du Sud, notamment, ont félicité Robert Mugabe pour sa réélection.

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