Le pétrole brut contenu dans les wagons du convoi qui a déraillé à Lac-Mégantic le 6 juillet dernier aurait réagi « de façon anormale » dans la foulée de l'accident, soutient Ed Belkaloul, le gestionnaire du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) responsable des enquêtes pour le Québec.
Le BST, a-t-il dit lors d'une conférence de presse organisée à Lac-Mégantic jeudi matin pour faire le point sur l'enquête en cours, a d'ailleurs commencé à analyser des échantillons de pétrole recueillis dans plusieurs wagons « pour déterminer exactement les ingrédients » qu'il contenait, afin de comprendre « pourquoi le feu a été si violent ».
Si les résultats des tests réalisés à partir des échantillons n'affectent pas l'enquête en cours, a précisé M. Belkaloul, ils seront communiqués immédiatement au public.
Le gestionnaire du BST a confirmé que l'équipe d'enquêteurs de l'organisme fédéral est sur le point de finaliser son travail au centre-ville de Lac-Mégantic et de quitter les lieux. L'organisme fédéral doit cependant encore effectuer des essais sur les freins des locomotives aux gares de Vachon et de Nantes, en Estrie.
« Dans la zone de l'acident elle-même, on s'est concentré essentiellement sur les wagons-citernes », a résumé M. Belkaloul. Des échantillons métallurgiques prélevés sur les lieux seront maintenant analysés en laboratoire « pour déterminer la résistance de l'acier utilisé et déterminer aussi le comportement des wagons lors de l'accident ».
« On a aussi examiné la voie, l'aiguillage en question, là où les wagons ont déraillé », a-t-il ajouté, après avoir précisé qu'à son avis, « l'infrastructure elle-même n'a pas joué de rôle directement » dans la catastrophe.
Début de la deuxième phase de l'enquête, qui s'annonce longue
Le BST entreprendra maintenant une « longue phase d'analyse, d'examens et de tests » qui seront effectués dans ses laboratoires d'Ottawa. Les résultats de cette enquête ne seront cependant pas connus avant plusieurs mois, a-t-il affirmé.
« Si on trouve quelque chose, comme on l'a déjà fait il y a quelques semaines, on va communiquer ça au public, à Transports Canada et à l'industrie », a soutenu M. Belkaloul, en réitérant que le BST doit « procéder avec énormément de rigueur » et « ne pas donner des conclusions trop hâtives ».
Des calculs analytiques seront notamment effectués à partir d'images numériques en trois dimensions et des simulations seront faites « pour reconstituer les évènements et être capables de voir le scénario tel qu'il s'est déroulé ».
« On va faire une analyse théorique sur les freins : [...] plus tard, on va être capable de comparer les tests qu'on fait à Vachon et à Nantes avec les analyses théoriques. C'est une manière de valider exactement les forces de freinage qui étaient appliquées sur le convoi », a encore dit M. Belkaloul.
Selon M. Belkaloul, la compagnie ferroviaire Montreal, Maine & Atlantic Railway (MMA), propriétaire du convoi accidenté, collabore bien à l'enquête. « À date, tout va bien. On obtient les résultats qu'on demande », a-t-il dit. « Dans toutes les enquêtes, il faut négocier, mais en général ça marche bien, il n'y a pas eu vraiment d'obstacles majeurs. »
Le BST continue de recueillir des renseignements auprès de MMA et de Transports Canada « afin de comprendre la relation qu'il y a entre l'agence de réglementation et la compagnie de chemin de fer, et mieux comprendre les procédures utilisées par cette compagnie. »