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Le peyotl, cactus hallucinogène et sacré au coeur d'un tourisme mystique

Le peyotl, cactus hallucinogène et sacré au coeur d'un tourisme mystique

Gisele Beker, une Argentine de 26 ans, a marché des heures sous le soleil pour arriver au milieu du désert de Wirikuta, dans le nord du Mexique. Elle est venue découvrir le peyotl, un cactus hallucinogène interdit que les indigènes de cette zone considèrent comme sacré.

Trois amis mexicains l'accompagnent dans cette aventure clandestine qui, chaque année, mène des centaines de jeunes, étrangers ou Mexicains, sur les terres ancestrales des Indiens Wixarika (Huichols en français). Cette zone reculée de l'État de San Luis Potosí est devenue un lieu célèbre de pèlerinage mystique dès la fin des années 1970.

Rien n'arrête les touristes. Ni les chemins peu balisés ni les panneaux métalliques rouillés qui rappellent que "l'extraction et le trafic de peyotl sont un délit fédéral", ni même les "guides" de la zone qui les assaillent à voix basse pour les accompagner.

"As-tu déjà trouvé de l'or?", crie Gisele Beker, qui s'inquiète de ne pas trouver le petit cactus verdâtre et sans épines contenant de la mescaline, un puissant hallucinogène.

Son ami César lui rappelle le dicton : "Tu ne trouves pas le peyotl, c'est lui qui te trouve". Peu après, le précieux cactus est débusqué et les rites peuvent commencer.

Ils demandent alors solennellement au désert de Wirikuta, où les Huichols pensent que l'univers a été créé, la permission de consommer le cactus, puis font une offrande à la plante et l'aspergent d'eau. Ensuite, ils mâchent ses quartiers, un acte uniquement autorisé pour les rites Huichols au Mexique.

"C'est comme un fruit, charnu, mais très amer", décrit Gisèle. Pour les Huichols, le peyotl est un produit sacré, il leur permet de communiquer avec les dieux.

Eliana mordille son peyotl: "C'est comme si tu t'enfonçais dans ton esprit, dans ton âme, c'est un moment seul à seul entre le désert et toi", révèle-t-elle. Elle marque une pause et confie, dans un sourire : "J'aime voyager dans mes pensées."

Le respect de la plante sacrée

Chris Biddle, un Sud-africain de 32 ans qui a passé la nuit dans le désert pour consommer ce cactus aux vertus "magiques" avec sa petite amie, confie qu'ils se sont tous les deux sentis "très connectés avec la nature», mais que l'expérience n'est pas pour "tout le monde".

José Luis Bustos, surnommé "le chef du désert", en sait quelque chose. Cet homme de 67 ans y accompagne les touristes depuis 20 ans déjà. "Le peyotl n'est pas une drogue", avertit-il, "c'est une plante sacrée et il faut lui montrer beaucoup de respect parce que si quelqu'un agit mal, la plante pourrait le punir et le maltraiter."

Même si les expériences varient selon les personnes, le peyotl peut provoquer des expériences hallucinogènes déstabilisantes, mais aussi des vomissements.

Et les histoires malheureuses ne sont pas rares: certains touristes ont fini en hôpital psychiatrique ou ont connu un sort plus terrible encore dans les villages semi-abandonnés du désert tels que Real de Catorce, une ancienne localité minière convertie en centre névralgique du tourisme mystique.

Don Juanito, chef d'une des dix familles de Huichols de Real de Catorce, se souvient d'une touriste américaine morte dans le désert il y a quelque temps après avoir mélangé le peyotl avec d'autres drogues. Les autorités ont accusé les indigènes d'être responsables de ce décès.

"Nous voulons que les touristes viennent nous rendre visite et qu'ils sachent l'utiliser, parce si ce n'est pas le cas, cela peut être aussi un problème pour nous", explique Don Juanito.

La croissance de ce tourisme mystique préoccupe le maire du village, Hector Moreno, qui reconnaît un manque "d'infrastructures" pour contrôler la consommation clandestine et le trafic illégal de cette plante.

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