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WikiLeaks : Bradley Manning connaîtra son verdict aujourd'hui

WikiLeaks : Bradley Manning connaîtra son verdict aujourd'hui

Le soldat américain à l'origine de la plus importante fuite de documents de l'histoire des États-Unis, Bradley Manning, saura aujourd'hui s'il est reconnu coupable de collusion avec l'ennemi pour avoir transmis plus de 700 000 documents gouvernementaux secrets au site WikiLeaks, qui les a mis en ligne. Il risque la prison à vie.

La juge militaire Denise Lind rendra son verdict à 13 h (HAE).

Le procès du soldat Manning, âgé de 25 ans, a commencé le 3 juin dernier à la base militaire de Fort Meade, au nord de Washington.

Les recommandations sur la peine pourraient commencer dès cette semaine s'il est reconnu coupable. M. Manning est passible de la prison à vie sans possibilité de libération.

Accusations

21 chefs d'accusation ont été déposés contre Bradley Manning. L'accusation de collusion avec l'ennemi est la plus grave d'entre elles.

Pour le reconnaître coupable de cette accusation, la juge doit être convaincue « au-delà du doute raisonnable » que Bradley Manning avait conscience que ces documents pouvaient finir entre les mains d'Al-Qaïda.

Bradley Manning est aussi accusé de huit violations de la loi fédérale sur l'espionnage, de cinq chefs de vol et de deux chefs de fraude informatique, des accusations qui sont toutes passibles de 10 ans de prison.

Il fait également face à cinq accusations en vertu des lois militaires, passibles de deux ans de prison chacune.

Bradley Manning a déjà plaidé coupable à dix accusations moins sérieuses.

Il a toutefois nié sa culpabilité pour les autres accusations, dont celle de collusion avec l'ennemi et d'avoir publié sur Internet des renseignements militaires en sachant qu'ils étaient accessibles à l'ennemi.

Informateur ou un traître?

Bradley Manning a admis en février avoir transmis à WikiLeaks plus de 470 000 rapports de terrain sur les guerres en Irak et en Afghanistan, 250 000 câbles diplomatiques du département d'État américain et plusieurs vidéos de terrain, alors qu'il travaillait comme analyste du renseignement militaire à Bagdad au début de 2010.

Le soldat affirme qu'il a transmis ces documents à WikiLeaks pour exposer des crimes de guerre et les mensonges de la diplomatie. Il se décrit comme un informateur, mais refuse le titre de « traître ».

« J'assume l'entière responsabilité de mes actions », avait-il dit lors d'une audition en février.

Dans son plaidoyer final la semaine dernière, l'avocat de la défense, David Coombs, a d'ailleurs présenté le soldat comme un dénonciateur naïf, qui n'a jamais souhaité que les documents qu'il a divulgués soient vus par l'ennemi.

Le soldat affirme avoir choisi du matériel qui ne nuirait pas aux troupes ou à la sécurité nationale.

Pendant le procès, la défense a par ailleurs tenté de démontrer que les documents révélés par Bradley Manning n'étaient pas d'ordre confidentiel. Les avocats du soldat citent en exemple le cas d'une vidéo de 2007 montrant un hélicoptère américain tuer huit civils à Bagdad, dont un photographe de Reuters et son chauffeur.

Stratégie du procureur

Pendant le procès, le procureur a fait témoigner un membre du Pentagone, qui a déclaré que cette vidéo révélait des tactiques et procédures militaires secrètes.

Le procureur a qualifié Bradley Manning de pirate anarchiste et de traître qui a divulgué des informations classifiées qu'il était chargé de protéger, en sachant qu'elles seraient vues par Al-Qaïda. Il a aussi tenté de montrer que le chef de l'organisation terroriste, Oussama ben Laden, avait obtenu des copies de certains documents publiés par WikiLeaks avant d'être tué en mai 2011.

Informations volées

Pendant le procès, l'expert du département d'État Nicholas Murphy a indiqué que, selon lui, au moins 117 des 250 000 documents révélés contenaient des informations confidentielles « volées » au gouvernement américain.

Selon lui, 96 documents portaient le sceau « confidentiel » et au moins 21 autres étaient identifiés comme « secrets » lorsque le soldat Manning les a donnés à WikiLeaks.

Le procureur tentait, avec ce témoignage, de prouver que le soldat Manning a consciemment publié des informations classées secrètes.

Liens avec WikiLeaks

Le procureur a aussi tenté de prouver que le lien entre WikiLeaks et Bradley Manning est plus fort que ce que le jeune soldat raconte et qu'il répondait directement aux demandes des dirigeants de WikiLeaks.

Bradley Manning a admis avoir livré les documents à WikiLeaks, mais a toujours déclaré l'avoir fait selon ses propres conditions.

Si des liens serrés entre le soldat américain et les têtes dirigeantes du site sont prouvés, cela pourrait aider le procureur à prouver que Bradley Manning a « aidé l'ennemi ».

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