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Égypte : une intervention de l'armée contre les pro-Morsi fait 70 morts

Égypte : une intervention de l'armée contre les pro-Morsi fait 70 morts

Au moins 70 personnes ont été tuées lors de l'intervention des forces de sécurité égyptiennes contre les campements installés dans le nord du Caire par des partisans du président déchu Mohamed Morsi, samedi matin.

Gehad El Haddad, porte-parole des Frères musulmans dont Mohamed Morsi était le candidat lors de l'élection présidentielle en 2012, a raconté que les violences se sont

produites aux abords du sit-in que les pro-Morsi observent de manière continue depuis le 3 juillet près de la mosquée Rabaa Al-Adaouia.

L'antenne égyptienne de la chaîne de télévision Al-Jazeera a fait état de 120 tués et de plus de 4500 blessés.

Des journalistes sur place ont rapporté que des coups de feu continuaient à résonner plusieurs heures après le début de l'intervention des forces de l'ordre.

« J'ai essayé de convaincre les jeunes de se replier. En vain. Ils disent qu'ils sont prêts à payer avec leur sang et ils ne veulent pas se retirer », a déclaré Saad Al-Hosseini, membre de la confrérie.

« C'est la première tentative pour dégager (le quartier de) Rabaa Al-Adaouia », a-t-il ajouté.

Une déclaration du ministre de l'Intérieur a accentué la tension. Mohamed Ibrahim a annoncé qu'il allait faire disperser « très prochainement » les deux sites occupés depuis près d'un mois par les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi au Caire.

Condamnations

Catherine Ashton, haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, a « vivement déploré » les morts survenues lors des récentes manifestations.

Londres a également condamné « l'usage de la force contre les manifestants ». Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a appelé « les deux camps à mettre fin aux violences ».

Le ministère turc des Affaires étrangères a condamné « ces graves événements qui sont absolument inacceptables » et a appelé à un transfert du pouvoir à une « direction démocratique ».

Les Égyptiens divisés

Partisans et adversaires de Mohamed Morsi ont organisé vendredi de grands rassemblements réunissant chacun plusieurs centaines de milliers de personnes, signe d'une profonde division de la société égyptienne.

Les violences récurrentes qui endeuillent l'Égypte depuis la reprise en main menée par les soldats le 3 juillet ont fait plus de 200 morts.

Le chef de l'état-major, le général Abdel Fattah Al-Sissi, artisan de la destitution de Mohamed Morsi, a appelé les Égyptiens à se rassembler vendredi pour donner mandat aux soldats de réprimer « la violence et le terrorisme ».

Des milliers d'Égyptiens ont répondu à son appel, mais les partisans de Morsi ont répliqué en organisant des contre-manifestations exigeant le retour du premier chef de

l'État démocratiquement élu en Égypte.

El Haddad a raconté que les policiers ont procédé à des tirs de grenades lacrymogènes vers 3 h en direction des manifestants.

« Les balles ont commencé à siffler à travers la fumée des gaz [lacrymogènes], a-t-il dit. Des unités des forces spéciales de la police vêtues d'uniformes noirs ont ensuite ouvert le feu à balles réelles.

Des tireurs embusqués se trouvaient sur les toits de l'université et des immeubles ainsi que sur un pont, a-t-il encore dit.

L'agence de presse Mena, citant une source non identifiée au sein des services de sécurité, a rapporté que seules des grenades lacrymogènes ont été tirées.

Les partisans de Morsi ont répliqué en lançant des pierres tandis que devant la mosquée un responsable appelait au repli des manifestants.

« Les hommes sont restés pour se défendre car il y avait des femmes et des enfants dans le sit-in », a précisé El Haddad.

Une lutte impitoyable

C'est la deuxième fois que se produisent des violences meurtrières de masse dans ce quartier de Rabaa.

Une cinquantaine de partisans des Frères musulmans avaient été tués par des tirs des forces de sécurité le 8 juillet dernier aux abords de la caserne de la Garde républicaine, cinq jours après la destitution du chef de l'État islamiste.

« Cela a été encore plus brutal parce que la Garde républicaine menait une opération stratégique. Cette fois, il s'agissait simplement d'une agression violente », a-t-il dit.

Le ministre de l'Intérieur du gouvernement de transition, Mohamed Ibrahim, avait annoncé vendredi que le sit-in des partisans de Mohamed Morsi « devait prendre fin prochainement et de manière légale ».