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Égypte : Mohamed Morsi visé par une enquête criminelle

Égypte : Mohamed Morsi visé par une enquête criminelle

Une enquête pénale a été ouverte pour espionnage, incitation à la violence et destruction de l'économie à l'encontre du président Mohamed Morsi écarté du

pouvoir par l'armée il y a 10 jours en Égypte.

Le chef de l'État déposé qui est détenu depuis le 3 juillet par les militaires dans un lieu tenu secret, sans doute dans les locaux de la Garde républicaine au Caire, n'a pas été officiellement inculpé pour le moment.

Les services du procureur général ont publié samedi un communiqué affirmant avoir reçu des plaintes visant Mohamed Morsi et huit autres responsables islamistes, dont le chef de file des Frères musulmans, Mohamed Badie.

Le dépôt des plaintes est la première étape de la procédure pénale, permettant au ministère public d'entamer des investigations qui pourraient déboucher sur des inculpations.

L'annonce faite samedi par le parquet est relativement inhabituelle, car celui-ci attend d'ordinaire d'avoir procédé à des inculpations pour annoncer publiquement l'existence d'une procédure judiciaire.

Badie et plusieurs autres membres de la confrérie, qui pour la plupart ont été interpellés par la police, doivent déjà répondre d'accusations pour incitation à la violence retenues contre eux cette semaine.

Le bureau du procureur général n'a pas précisé d'où émanaient les plaintes contre Morsi et les Frères musulmans.

La confrérie a appelé samedi ses membres à une poursuite des manifestations la semaine prochaine pour exiger le rétablissement de Mohamed Morsi dans ses fonctions.

Manifestation pacifique

Plus de 90 personnes ont été tuées dans les violences qui ont fait suite à sa mise à l'écart le 3 juillet après plusieurs jours d'une contestation de grande ampleur demandant le départ du chef de l'État issu de la confrérie islamiste.

Des dizaines de milliers de partisans de l'ex-président se sont à nouveau rassemblés dans la nuit de vendredi à samedi avant de se disperser pacifiquement au lever du jour.

« Qu'il y ait lundi prochain une foule encore plus importante, si Dieu le veut, sur toutes les places d'Égypte, contre le coup d'État militaire », a déclaré Essam el Erian, l'un des responsables du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), la branche politique de la confrérie.

« L'Égypte fait ses choix dans les urnes, par les manifestations, par les grands défilés et par les sit-in pacifiques », ajoute-t-il sur le réseau Facebook. « Aucune

personne, aucun groupe d'élite ou organisation militaire n'imposera son choix au peuple ».

Les manifestations de vendredi, jour de la grande prière, se sont déroulées sans violence, contrairement à celles de la semaine précédente qui avaient fait 35 morts lors d'affrontements entre partisans et adversaires de Morsi.

Lundi, 57 personnes ont été tuées lorsque l'armée a ouvert le feu sur des manifestants rassemblés près de la caserne dans laquelle l'ancien chef de l'État serait détenu par les militaires.

Quatre soldats ont également été tués au cours de ces affrontements provoqués, selon l'armée, par des « terroristes ». Les Frères musulmans affirment au contraire avoir été attaqués alors qu'ils priaient.

Les généraux, qui nient tout coup d'État, affirment avoir répondu à l'appel des millions d'Égyptiens qui ont manifesté fin juin contre leur premier président démocratiquement élu, dont ils dénonçaient la dérive autocratique.

La transition se poursuit

La confrérie, dont plusieurs dirigeants font l'objet d'un mandat d'arrêt pour « incitation à la violence » se dit victime de la même répression que celle subie à l'époque d'Hosni Moubarak, renversé par la rue et l'armée en février 2011.

Leurs adversaires, notamment libéraux, les accusent à l'inverse d'être responsable des violences. L'absence de compassion de certains d'entre eux pour les manifestants qui sont morts traduit l'ampleur des divisions de la société égyptienne.

Le département d'État américain s'est associé vendredi à une demande allemande en vue de la remise en liberté de Mohamed Morsi.

Priée de dire si les États-Unis étaient d'accord avec la requête du ministère allemand des Affaires étrangères, Jen Psaki, porte-parole du département d'État, a répondu

positivement aux journalistes.

Parallèlement, le processus de transition politique engagé par les dirigeants intérimaires du pays poursuit son chemin.

Le premier ministre égyptien par intérim, Hazem el Beblaoui devrait annoncer en début de semaine prochaine la composition de son gouvernement. Le portefeuille des Finances pourrait revenir à Hany Kadri, qui a supervisé les négociations avec le FMI sur un plan d'aide à l'Égypte l'année dernière.

Le premier ministre par intérim a nommé vendredi au poste de vice-premier ministre Ziad Bahaa el Dine, avocat et homme politique de gauche. Membre du Parti social-démocrate égyptien, ce dernier avait été récusé la semaine dernière pour le poste de chef du gouvernement par les salafistes d'Al Nour, qui participent aux tractations.

Reuters

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